Casper Ruud n'est pas un joueur comme les autres. D'une part, il vient de Norvège, un pays où le tennis ne déchaîne traditionnellement pas les passions. D'autre part, il est entraîné par son père. Et le duo s'entend à merveille.
Sur le circuit féminin, Casper Ruud ne se distinguerait guère. Son tennis n'est pas plus spectaculaire que son attitude. Et le fait qu'une joueuse soit entraînée par son propre père est monnaie courante. Mais parmi les hommes, le natif d'Oslo se fait surtout remarquer par sa normalité.
La Norvège vibre surtout aux exploits de ses skieurs de fond, skieurs alpins, biathlètes ou athlètes, et désormais à ceux du footballeur de classe mondiale Erling Haaland. Le pays scandinave n'est pas connu – contrairement à son voisin suédois – pour ses joueurs de tennis de haut niveau.
Lorsque, dans les années 1990, un certain Christian Ruud est devenu 39e mondial, a atteint les 8es de finale de l'Open d'Australie et a remporté 12 titres Challenger – mais aucun sur l'ATP Tour -, c'était le summum de l'émotion. Mais face à des géants comme Lasse Kjus, Björn Dählie ou Ole Einar Björndalen, il n'y avait rien à faire.
Six mois de terre battue, six mois de dur
Puis est arrivé un certain Casper Ruud, le fils de Christian, qui a placé la Norvège sur la carte du tennis mondial en partant quasiment de rien. Bien connu en Suisse pour avoir remporté deux fois le tournoi de Gstaad et deux fois celui de Genève, il s'apprête désormais à conquérir le sommet du classement ATP.
Cinq joueurs avaient la possibilité de devenir no 1 mondial au début de l'US Open, et deux sont encore en lice au stade des demi-finales. Casper Ruud sera le premier en scène vendredi face à Karen Khachanov. Un succès du Norvégien mettrait la pression sur Carlos Alcaraz, qui serait alors contraint de cueillir le titre pour se hisser sur le trône du tennis masculin.
L'ascension fulgurante du Norvégien a de quoi surprendre. En 2021, il avait remporté cinq (petits) tournois, mais avait déçu en Grand Chelem. Les tournois majeurs sont donc devenus son principal objectif pour la saison 2022. Privé sur blessure de l'Open d'Australie, il a signé son premier grand exploit en se hissant en finale sur la terre battue de Roland-Garros.
Mais c'est bien sur surface dure que ses progrès ont été les plus spectaculaires, comme l'a montré sa qualification pour la finale du Masters 1000 de Miami ce printemps. Des progrès qui ne surprennent toutefois pas le Norvégien: «En Norvège, nous jouons six mois sur terre battue en été. Mais les hivers sont longs, et nous jouons alors six mois en salle sur des terrains en dur».
Tennis et golf comme intérêts communs
Ces longs hivers, Casper Ruud les a tous passés aux côtés de son père et entraîneur Christian (50 ans). Le duo est inséparable. Mais le père n'a jamais mis son fils sous pression. «Mon père était encore très jeune quand je suis né, et nous aimions jouer ensemble. L'essentiel était de jouer au ballon, au tennis, au football, au golf», explique Casper Ruud.
C'est à l'âge de douze ans que l'actuel no 7 mondial s'est décidé pour le tennis. Il a dès lors adopté l'attitude d'un professionnel. Casper Ruud a la réputation d'être extrêmement discipliné et assidu. Là aussi, son père l'a aidé. «Je connais la vie d'un sportif professionnel par expérience, et j'ai pu transmettre beaucoup de choses à Casper», raconte Christian Ruud.
Lorsque Casper avait 16 ans, les Ruud ont engagé Pedro Rico comme entraîneur. Lorsque, deux ans et demi plus tard, l'Espagnol n'était plus en mesure d'être présent sur tous les tournois, il a fallu trouver une nouvelle solution. «C'était le bon moment pour prendre un peu de recul dans mon rôle de père», se souvient Christian Ruud.
«Mais lorsque je me suis mis à la recherche d'un nouveau coach, Casper m'a dit qu'il aimerait que je reprenne mon poste», poursuit-il. Depuis, les deux hommes forment un duo qui fonctionne parfaitement et qui est sur le point de conquérir l'Olympe du tennis. Les frictions sont rares, et les deux partagent les mêmes passions: le tennis et le golf. Le succès leur donne raison.
ck, ats