Le 31 mars 1997, une jeune fille de 16 ans et 6 mois est devenue la patronne du Circuit de la WTA. L'accession de Martina Hingis à la place de no 1 mondiale devait revêtir un caractère historique.
La Saint-Galloise fut, en effet, la première athlète suisse de l'histoire à dominer un sport planétaire. Cette ascension est devenue très vite inéluctable en raison, d'une part, des blessures en cascade de Steffi Graf et d'autre part de l'état de grâce que traversait depuis le 1er janvier Martina Hingis.
Sixième mondiale en début d'année, Martina Hingis devait cueillir les titres à Sydney, à Melbourne, à Tokyo et à Paris-Coubertin pour s'offrir une première chance de s'emparer du trône de Steffi Graf à l'occasion du tournoi de Miami. A Key Biscayne, où elle devait croiser pour la première fois la route de Venus Williams dans un seizième de finale enlevé 6-4 6-2 et perturbé par l'apparition d'un... rat sur le court, Martina Hingis ne devait laisser aucune chance à Monica Seles dans une finale qui a très vite tourné à la démonstration: 6-2 6-1.
Une maturité remarquable
A l'heure du sacre, Martina Hingis a témoigné d'une maturité remarquable pour une jeune fille de son âge. Elle n'hésitait ainsi pas à mettre un «vent» magistral à un envoyé spécial d'une télévision qui avait eu le tort quelques semaines plus tôt d'aller enquêter en Slovaquie sur la situation de son père.
«Cette place de no 1 ne va pas changer grand chose, disait-elle alors à l'envoyé spécial de Sportinformation. Chez les juniors, j'étais déjà la joueuse à battre. Mais il est vrai que je n'aurais jamais pensé devenir aussi vite la no 1 du classement de la WTA. Mais j'ai travaillé très dur pour y parvenir. Avoir atteint cet objectif me rendra plus forte !»
En ce printemps 1997, Martina Hingis semblait, il est vrai, invulnérable. «Je vais peut-être gagner 50 matches de suite...», s'amusait-elle. Sur la lancée de sa victoire à Key Biscayne, elle remportait un nouveau titre sur la terre battue de Charleston.
Seulement, une chute de cheval à son retour des Etats-Unis devait la conduire à se présenter à Roland-Garros sans avoir disputé un seul tournoi de préparation. Malgré un état de forme incertain, la Saint-Galloise se hissait en finale. Mais elle se prenait les pieds dans le tapis face à Iva Majoli. L'impossible s'était produit. Invaincue depuis... 41 rencontres, elle s'inclinait 6-4 6-2 devant la Croate. Son rêve de réussir le Grand Chelem – elle allait remporter ensuite Wimbledon et l'US Open – était passé.
209 semaines au sommet
Martina Hingis aura, au final, occupé durant 209 semaines cette place de no 1 mondiale. Seules quatre joueuses ont connu un règne plus long: Steffi Graf (377), Martina Navratilova (332), Serena Williams (319) et Chris Evert (260). Ce simple rappel souligne que la carrière de Martina Hingis demeure exceptionnelle malgré l'infériorité qu'elle pouvait accuser sur le plan athlétique face à la majorité de ses rivales.
Roger Federer n'a, d'ailleurs, cessé de rendre hommage à celle qui n'est son aînée que pour 9 mois et 8 jours. Ce 31 mars 1997, la Saint-Galloise a fait éclater une première barrière dans l'histoire du sport suisse. Elle a balayé de la plus belle des manières ce complexe d'infériorité que pouvaient nourrir les sportifs suisses devant les défis ultimes. Elle a incontestablement su inspirer celui qui allait devenir le plus grand joueur de tous les temps. Elle est là peut-être sa plus belle victoire.