Avec son jeu ultra-calibré, son expérience et sa soif de records, Novak Djokovic va devoir éteindre le feu du sulfureux Nick Kyrgios, dimanche en finale de Wimbledon. Le Serbe vise un septième titre sur le gazon londonien, le quatrième d'affilée.
Novak Djokovic n'a que Wimbledon cette année pour rester dans le sillage de Rafael Nadal dans la course aux titres du Grand Chelem. Il n'a en effet pu défendre son titre à l'Open d'Australie, puis a été battu en juin à Roland-Garros et risque de ne pas pouvoir se rendre aux Etats-Unis pour le dernier Majeur de l'année, étant opposé à la vaccination contre le covid.
Après deux succès en 2022, à Melbourne et Paris, Nadal compte désormais 22 Majeurs et donc deux longueurs d'avance sur le Serbe de 35 ans. «Je suis bien conscient de ce qui est en jeu. A chaque match, à chaque tournoi du Grand Chelem que je joue à ce stade de ma carrière, l'enjeu est élevé. Je ne sais pas combien je vais encore avoir de chances de remporter un tournoi du Grand Chelem. Donc je dois aborder ce match de dimanche dans une attitude positive et en confiance, avec la volonté de gagner», détaille le no 3 mondial.
En finale, sa huitième pour viser un septième titre au All England Lawn Tennis Club, ce n'est pas Nadal que Djokovic retrouvera pour un tant attendu 60e duel, mais Kyrgios, qui a bénéficié du forfait sur blessure du Majorquin avant les demi-finales. A 27 ans, et alors qu'il n'osait plus y croire, il a enfin réussi à canaliser ses nerfs pour laisser parler son génial tennis et se hisser pour la première fois en finale d'un tournoi majeur, lui qui n'avait encore jamais dépassé les quarts en Grand Chelem.
«Encaisser les coups»
«En Grand Chelem, il faut surfer la vague, encaisser les coups... J'ai battu Paul Jubb (ndlr: ATP 219) 7-5 dans le cinquième set au premier tour et maintenant je suis en finale de Wimbledon», s'extasie-t-il.
Entre les deux matches, il a créé le chaos au troisième tour pour totalement déstabiliser Stefanos Tsitsipas, avant de s'assagir pour les deux tours suivants et de bénéficier du forfait de Nadal en demi-finale. Mais il a pu constater que, surtout pour lui qui découvre ces ultimes étapes d'un Majeur, un jour de repos imposé n'était pas forcément une bonne chose.
Sortir d'une routine qui s'installe avec un match un jour sur deux, «pour l'organisme, c'est un choc (...) En Grand Chelem, on a besoin de jouer ces matches pour avoir l'adrénaline. Mais il faudra que je joue la finale sans avoir eu l'expérience de la demie», explique l'Australien.
Peut-être plus compliqué pour lui sera de gérer la pression de l'événement. Kyrgios a déjà avoué n'avoir dormi qu'une heure dans la nuit de jeudi à vendredi, après avoir appris qu'il était qualifié pour la finale. «J'étais déjà tellement nerveux, alors que d'habitude je ne le suis pas...», reconnait-il.
«Grands rendez-vous»
Néanmoins, Djokovic rappelle que Kyrgios est «un joueur de grands rendez-vous». «Son meilleur tennis, il l'a toujours sorti contre les meilleurs joueurs. C'est pour ça que nous le respectons tous, nous savons de quoi il est capable», insiste le Serbe.
Jusque-là, Kyrgios n'a jamais réussi à imposer son jeu jusqu'au terme d'un grand tournoi en raison de ses fêlures psychologiques et d'un comportement erratique sur le court. Au point d'être controversé même parmi ses illustres prédécesseurs. «Je ne reçois aucun soutien d'aucun autre ancien champion australien. C'est étrange, ils ont comme une obsession malsaine à vouloir me rabaisser», regrette Kyrgios.
Mais Djokovic perçoit une nouvelle «maturité» chez l'enfant terrible du tennis, ce qui le rend d'autant plus dangereux qu'il s'appuie sur un service dévastateur. «Pour finir, ça se jouera dans la tête, à celui qui restera le plus fort et le plus calme dans les moments décisifs», prédit Djokovic.
A ce jeu, avec 20 titres du Grand Chelem dont six à Wimbledon, où il a remporté ses 27 derniers matchs avec trois titres au passage, son avantage est incommensurable. Sur le papier.