Révélation de la saison, Carlos Alcaraz (no 6) fera face à un stress d'un genre nouveau dès dimanche à Roland-Garros, où il sera l'un des hommes à battre. Tenant du titre, Novak Djokovic (no 1) partage certainement volontiers un peu de cette pression. Chez les dames, Iga Swiatek (no 1) semble ne pas avoir de rivale à sa mesure.
Le tableau du simple messieurs de cette deuxième levée du Grand Chelem est ouvert comme il ne l'avait sans doute plus été depuis l'avènement du «Big Three». Hasard du tirage au sort, Novak Djokovic, Carlos Alcaraz et l'homme aux 13 titres parisiens Rafael Nadal (no 5) figurent tous dans la première moitié de ce tableau.
Nadal en plein doute
Favori «à vie» des Internationaux de France, Rafael Nadal aborde ce tournoi en plein doute après avoir souffert du pied gauche à Rome. Appelé à affronter Novak Djokovic en quart, il n'a pas conquis le moindre titre durant cette saison sur terre battue, qu'il avait pourtant abordée en pleine confiance après avoir conquis trois trophées sur dur dont son 21e Majeur à Melbourne.
«Je ne me suis pas blessé, je suis un joueur qui vit avec cette blessure. Il n'y a rien de nouveau. C'est là», avait souligné Rafael Nadal, atteint du syndrome de Muller-Weiss qui entraîne notamment une nécrose de l'os naviculaire, après sa défaite subie en 8e de finale à Rome face à Denis Shapovalov. N'empêche que le timing de cette «rechute» n'est pas idéal.
Alcaraz en pleine euphorie
Cette rechute survient alors que son successeur désigné Carlos Alcaraz – dont l'idole de jeunesse était toutefois Roger Federer – écrase tout sur son passage. Elle survient aussi au moment où Novak Djokovic, privé d'Open d'Australie après avoir été exclu du pays, retrouve son meilleur tennis après un début d'année difficile tant tennistiquement que mentalement.
Le jeune Espagnol (19 ans) a déjà conquis quatre titres en 2022, dont deux Masters 1000 (Miami sur dur, Madrid sur terre battue). Il a sagement renoncé au tournoi de Rome pour se refaire une santé avant d'aborder le premier grand rendez-vous d'une carrière qui s'annonce brillante. Mais saura-t-il résister à une pression qui ne cessera de croître au fil des tours?
Djokovic est fin prêt
La pression, Novak Djokovic la gère plutôt bien. Même si elle s'était finalement révélée trop forte lors du dernier US Open, où il avait échoué à une victoire d'un historique Grand Chelem calendaire. Après un retour à la compétition compliqué marqué par des défaites en quart de finale à Dubai et au 2e tour à Monte-Carlo, le Serbe (35 ans le 22 mai) est monté en puissance ce printemps.
Finaliste à Belgrade, demi-finaliste à Madrid où il a été stoppé par Carlos Alcaraz, Novak Djokovic a cueilli dimanche dernier à Rome son premier titre de l'année. Sans lâcher le moindre set, et en battant trois membres du top 10 dans ses trois dernières parties. Moral et tennis retrouvés, il a du quoi bomber le torse à l'heure d'entamer la défense de son titre parisien.
Derrière ce trio de choc Alcaraz/Djokovic/Nadal, Stefanos Tsitsipas (no 4) et Alexander Zverev (no 3) paraissent également capables de frapper un grand coup, eux qui visent un premier trophée majeur. Le Grec, qui avait mené deux sets à zéro face à Novak Djokovic en finale l'an dernier à Paris, a triomphé pour la deuxième fois à Monte-Carlo avant d'atteindre la finale à Rome.
Swiatek pour un deuxième sacre
Le suspense s'annonce moins haletant dans le simple dames. La faute d'une part à l'Australienne Ashleigh Barty, qui a annoncé sa retraite surprise à la fin mars soit deux mois après avoir remporté son premier Open d'Australie, alors qu'elle pointait au 1er rang mondial. La faute aussi, surtout, à l'immense Iga Swiatek, qui a assuré la succession de manière plus qu'impressionnante.
La Polonaise, qui fêtera ses 21 ans le 31 mai, renverse tout sur son passage depuis quatre mois. Invaincue depuis sa défaite subie au 2e tour à Dubai le 16 février, elle couche sur une série de 28 victoires. Déjà sacrée en 2020 à Roland-Garros (à l'automne, pour cause de pandémie), elle a conquis cinq titres de manière consécutive, le dernier à Rome dimanche passé.
Iga Swiatek a en outre ajouté la manière à l'efficacité. Cette grande admiratrice de Rafael Nadal n'a égaré que cinq sets au passage depuis le début de sa série victorieuse, dont un seul sur terre battue (à Stuttgart, face à Liudmila Samsonova). Et à Rome, elle a écrasé 6-2 6-2 en finale celle qui devrait être l'outsider no 1 à Paris, la Tunisienne Ons Jabeur (no 6).