Roland-Garros L'élève de la Rafa Academy face au maître des lieux

ATS

4.6.2022 - 14:53

Rafael Nadal, invaincu en finale de Roland-Garros, n'est plus qu'à un petit match d'un stratosphérique 14e titre sur la terre battue parisienne.

Le gaucher majorquin affrontera dimanche Casper Ruud, opposé à son idole pour sa première finale majeure.

Pour le jeune Norvégien, se mesurer à Rafael Nadal, c'est «le plus grand défi de l'histoire du sport». L'Espagnol «a 13 victoires pour 0 défaite en finale (réd: à Paris), donc ma tâche peut sembler impossible. Mais je ferai tout mon possible... comme ont fait les treize autres avant moi», a reconnu Casper Ruud, 8e mondial à 23 ans.

«Je vais rêver (la nuit avant la finale) que je fais de grands coups gagnants et des longs échanges incroyables parce que c'est à ce prix que j'aurai une chance et il faudra que je joue le meilleur tennis de ma vie. Mais je dois y croire», a résumé le joueur aux huit titres ATP, dont sept sur terre battue (et trois en Suisse).

Casper Ruud s'entraîne à l'académie de son adversaire aux Baléares, et les deux hommes ne se sont jamais affrontés sur le circuit. Mais ils ont déjà joué des sets à l'entraînement. «Il m'a toujours battu, mais c'est parce que c'est son académie et que je voulais être gentil», a plaisanté le Norvégien.

«Le plus grand»

Spécialiste de l'ocre, Casper Ruud aura dimanche face à lui le maître de cette surface (472 victoires pour 46 défaites soit 91% de réussite et même 111 victoires pour 3 défaites à Roland-Garros soit 97% de réussite), le «plus grand joueur de l'histoire» selon Ruud, le détenteur du record de titres en Grand Chelem (21), le joueur au mental à nul autre pareil qui, contre toute attente, a remporté le premier Majeur de l'année à l'Open d'Australie.

Sauf que Rafael Nadal se présentera cette fois avec – en plus de ses 36 ans – un talon d'Achille bien identifié: ce pied gauche qui le fait souffrir de manière chronique et dont l'intensité de la douleur peut ruiner ses ambitions. Comme à Rome en 8es de finale où il a été battu par Shapovalov après avoir serré les dents pour ne pas abandonner.

«Après ça, je n'étais pas très optimiste en ce qui concerne mon pied, tout en étant positif sur le fait que je serais en mesure de jouer ici (à Roland-Garros). Et me voilà. J'ai joué, je me suis battu j'ai fait tout mon possible pour me donner au moins une chance de jouer la finale», a expliqué le Majorquin après sa demi-finale vendredi.

«Et tous les sacrifices que j'ai dû faire, tous les moments que j'ai traversés pour essayer de continuer à jouer, tout ça fait sens quand on vit des moments comme ceux que je vis dans ce tournoi», a-t-il ajouté, sans dévoiler le traitement prescrit par son médecin pour supporter la douleur à Paris.

«Un peu chanceux»

Mais justement en demi-finale, après avoir enchaîné des matches extrêmement éprouvants contre Auger-Aliassime en 8es et Djokovic en quarts, il est apparu physiquement moins incisif. Il n'a peut-être dû son salut qu'à la terrible blessure subie par son adversaire Alexander Zverev à la fin du deuxième set – alors que le match avait commencé depuis plus de trois heures.

«Je pense qu'il est un peu chanceux que le match se soit terminé avant les cinq ou six heures de jeu (qui semblaient s'être engagées) parce qu'il est apparu usé physiquement, aussi en raison du jeu et de la tactique de Sacha (Zverev)», a estimé l'ancien no 1 mondial Mats Wilander, titré trois fois à Roland-Garros.

Chris Evert, qui a soulevé sept fois la coupe Suzanne-Lenglen, est sur la même longueur d'ondes: «J'ai la sensation qu'il était un cran plus lent que normalement (à cause de l'âpreté de ses matches précédents) et je me demande quel Rafa va se présenter dimanche», a déclaré l'Américaine sur Eurosport.

Wawrinka, le seul

Elle écarte en tout cas un écueil pour l'Espagnol, la pression d'un nouvel exploit hors du commun: «Il va chercher son 14e titre mais je ne pense pas que la pression aura un quelconque impact sur lui, il est habitué».

D'autant qu'en neuf finales de Grand Chelem contre un joueur qui s'y hissait pour la première fois, Nadal n'a été battu qu'une seule fois, par Stan Wawrinka à l'Open d'Australie 2014.