Plus grande manifestation sportive annuelle organisée en Suisse, les Swiss Indoors ont frappé leurs trois coups lundi après une très longue parenthèse de deux ans en raison du Covid-19. Avec une double interrogation qui hante les nuits de son directeur Roger Brennwald: le tournoi peut-il «survivre» sans Roger Federer, et son avenir s'écrira-t-il toujours à Bâle?
L'annonce le mois de dernier de la retraite de Roger Federer fut, bien sûr, un coup dur pour le tournoi. D'autant plus que le Bâlois a décliné la proposition des organisateurs d'une dernière célébration devant «son» public. Roger Federer ne s'estimait pas «prêt» pour de tels adieux.
Roger Brennwald avoue que la retraite de Roger Federer a pris le tournoi «à contre-pied». Mais le directeur prend grand soin dans le choix de ses mots de ne pas entretenir la moindre polémique avec «le» joueur qui a assuré le succès des Swiss Indoors pendant presque un quart de siècle.
Des bénéfices de 5 millions par an
Victorieux à dix reprises du tournoi dont cinq des six dernières éditions, Roger Federer a assuré à lui seul le succès populaire des Swiss Indoors. Pendant de nombreuses années, Roger Brennwald n'a pas eu besoin d'attirer avec des garanties imposantes d'autres joueurs de premier plan.
Avec le seul Roger Federer qui assurait une affluence à guichets fermés, les Swiss Indoors pouvaient réaliser des bénéfices de 5 millions de francs par édition. Ces chiffres doivent toutefois être tempérés par le déficit de quatre millions de francs creusé par les annulations de 2020 et de 2021.
Les Swiss Indoors doivent donc se réinventer. Retrouver la magie qui avait accompagné les parcours à la Halle St-Jacques de Björn Borg dans les années septante, puis plus tard ceux de John McEnroe, de Boris Becker, d'Andre Agassi, de Stefan Edberg, de Pete Sampras et de Yannick Noah. Cette année, Roger Brennwald a cassé sa tirelire pour attirer le no 1 mondial Carlos Alcaraz.
Le Champion de l'US Open est la tête d'affiche d'un tableau qui comprend également le no 3 mondial Casper Ruud, mais qui a toutefois perdu beaucoup de son sel avec le forfait de Nick Kyrgios. L'Australien a renoncé à s'aligner cette semaine à Bâle et la prochaine à Paris-Bercy en raison d'une blessure au genou alors qu'il est annoncé le 9 novembre à Mexico pour une exhibition face à Gaël Monfils...
A la difficulté d'attirer toujours les meilleurs joueurs du monde s'ajoute une autre équation pour Roger Brennwald: celle de la location du tournoi. Le contrat qui lie les Swiss Indoors à la Halle St-Jacques court jusqu'au 31 décembre 2023. Le tournoi loue la salle 700'000 francs par année. Il doit, par ailleurs, investir près de 2 millions de francs pour la configurer. On précisera que la décision des autorités cantonales de réduire la capacité de la salle de 480 places pour une question de sécurité n'a pas soulevé l'enthousiasme des organisateurs.
Palexpo contacté
Les relations que l'on croit tendues avec les autorités ont incité les Swiss Indoors à envisager une solution de repli. Des contacts ont été établis avec les responsables de la patinoire de Zoug. Les Swiss Indoors ont également soumis une offre au Palexpo de Genève qui a organisé des rencontres de Coupe Davis et la Laver Cup en 2019.
«Oui, c'est vrai, nous avons été contactés par les Swiss Indoors, confirme un responsable du Palexpo à Keystone-ATS. Mais rien n'a été acté. Nous savons qu'un tournoi ATP se déroule déjà à Genève.» Patron du Geneva Open qu'il organise depuis 2015, Gérard Tsobanian ne pense pas que l'ATP acceptera un tel transfert. «Il était possible par le passé d'organiser deux tournois dans une même ville, comme à Stuttgart avant les années 2000, précise-t-il. Mais aujourd'hui, je ne pense pas que cela soit à nouveau réalisable.»
La divulgation de ces démarches doit toutefois être interprétée comme un moyen de mettre la pression sur les autorités bâloises. «Nous ferons tout pour maintenir le tournoi à Bâle, a rappelé Roger Brennwald dans les colonnes de la Basler Zeitung. Nous voulons aussi qu'il conserve toujours le même attrait.»