Wimbledon a craqué: sous la pression de l'ATP et de la WTA, les organisateurs du tournoi londonien ont annoncé vendredi accepter «sous conditions» la participation des Russes et Bélarusses cette année. Ceci malgré la poursuite de la guerre en Ukraine, appliquant ainsi la politique des autres épreuves du Grand Chelem.
«Notre intention actuelle est d'accepter la participation des joueurs russes et bélarusses à condition qu'ils concourent comme des athlètes +neutres+ et qu'ils remplissent les conditions voulues», a écrit l'All England Lawn Tennis Club (AELTC) dans un communiqué.
Les organisateurs précisent qu'il «leur sera interdit d'exprimer leur soutien à l'invasion russe de l'Ukraine» et que les joueurs «recevant des aides financières» de la Russie ou du Bélarus pour participer au tournoi ne seront pas admis sur le gazon londonien.
«Nous condamnons toujours totalement l'invasion illégale par la Russie et nous maintenons notre profond soutien au peuple d'Ukraine», a souligné le président de l'AELTC, Ian Hewitt, en assurant que la décision annoncée vendredi avait été «incroyablement difficile» à prendre.
L'an dernier, poussé par le gouvernement britannique, le Majeur sur gazon avait refusé les joueurs russes et bélarusses, provoquant la colère des instances dirigeantes des circuits professionnels masculin ATP et féminin WTA.
Ceux-ci avaient décidé de priver le tournoi londonien de points de classement ATP et WTA en insistant sur la rupture, induite par la décision de Wimbledon, du principe «fondamental» d'équité entre tous les joueurs de participer à tous les tournois «en fonction de leur mérite et sans discrimination».
«Conséquences dommageables»
Vendredi, l'AELTC a reconnu que sa décision de 2022 avait provoqué une «forte réaction de déception» de la part de «certaines instances gouvernantes du tennis» et que réitérer l'interdiction cette année aurait eu «des conséquences dommageables pour l'intérêt des joueurs, des fans, du tournoi de Wimbledon et du tennis britannique.» Aussi, les circuits de tennis ont-ils salué la décision de Wimbledon pour cette année.
«Nous sommes contents que tous les joueurs puissent participer à Wimbledon et aux autres tournois de la LTA (Fédération britannique de tennis) cet été», commentent l'ATP et la WTA dans un communiqué commun qui salue le travail accompli par toutes les parties concernées pour arriver à une solution «qui protège l'équité» du tennis. Les deux instances du tennis professionnel réitèrent également leur «condamnation sans équivoque de la guerre russe en Ukraine».
A Kiev en revanche, le ministre des Affaires étrangères a déploré une «décision immorale» et a appelé le gouvernement britannique à ne pas délivrer de visas aux joueurs russes et bélarusses.
«La décision de Wimbledon d'autoriser la participation des joueurs russes et bélarusses est immorale. La Russie a-t-elle mis fin à son agression ou à ses atrocités ?», a lancé Dmytro Kouleba via son compte Twitter.
Bannière neutre
Depuis l'invasion russe, fin février 2022, Wimbledon a été le seul des quatre tournois du Grand Chelem à refuser les joueurs russes et bélarusses. Ceux-ci ont pu participer sous bannière neutre et sans mention de leur nationalité à Roland-Garros, à l'US Open et, en début de saison, à l'Open d'Australie.
«Nous estimons qu'il est de plus en plus important dans le monde du tennis actuel que les tournois du Grand Chelem adoptent une même position», reconnaît également l'AELTC.
De son côté, la Fédération internationale (ITF) note avec une certaine résignation «l'évolution» de la position de la LTA et de l'AELTC, insistant sur le fait que pour sa part, «elle avait suspendu jusqu'à nouvel ordre» la Russie et le Bélarus de compétitions internationales sous son égide, et en particulier la Coupe Davis et la Billie Jean King Cup. «La position de l'ITF sur ce sujet est claire depuis le début et reste la même», affirme-t-elle.
Le revirement de position de Wimbledon intervient trois jours après que le Comité international olympique (CIO) a recommandé la réintégration des Russes et Bélarusses dans les compétitions sportives internationales, sous bannière neutre et «à titre individuel», à condition qu'ils n'aient pas activement soutenu la guerre en Ukraine.
La Fédération internationale d'escrime avait été la première à prendre la décision de rouvrir ses épreuves aux athlètes des deux pays. Mais cette décision a provoqué des menaces de boycott de l'Ukraine, l'annulation de tournois en Allemagne, au Danemark et en France ainsi qu'une lettre de protestation de plus de 300 escrimeurs.