Internet L'UE ouvre une enquête sur Meta et TikTok pour désinformation

ATS

19.10.2023 - 14:19

La Commission a demandé à Meta et TikTok d'expliquer précisément "les mesures prises pour respecter (leurs) obligations en matière d'évaluation et de réduction des risques" (archives).
La Commission a demandé à Meta et TikTok d'expliquer précisément "les mesures prises pour respecter (leurs) obligations en matière d'évaluation et de réduction des risques" (archives).
ATS

L'UE a annoncé jeudi l'ouverture d'une enquête visant les réseaux sociaux Meta et TikTok. Elle réclame des précisions sur les mesures mises en oeuvre contre la diffusion de «fausses informations» et de «contenus illégaux», après les attaques du Hamas contre Israël.

Keystone-SDA

La Commission européenne a expliqué avoir adressé une demande formelle d'informations à ces deux plateformes, une semaine après le lancement d'une procédure similaire visant X (ex-Twitter) dans le cadre de la nouvelle législation européenne sur les services numériques (DSA).

L'exécutif bruxellois poursuit un tour de vis entamé la semaine dernière par des lettres de mise en garde du commissaire au Numérique Thierry Breton envoyées aux dirigeants de quatre grands services en ligne: X, Meta, TikTok et Youtube (Alphabet).

La demande d'informations envoyée aux trois premiers – Youtube étant épargné pour l'instant – ne représente pas pour l'instant une mise en cause.

Une première étape

Mais elle constitue la première étape dans une procédure qui peut conduire à de lourdes sanctions financières en cas d'infractions avérées et prolongées à la réglementation. Dans des cas extrêmes, les amendes peuvent atteindre 6% du chiffre d'affaires mondial du groupe.

La Commission a demandé à Meta et TikTok d'expliquer précisément «les mesures prises pour respecter (leurs) obligations en matière d'évaluation et de réduction des risques». Elles ont jusqu'au 25 octobre pour fournir des réponses réclamées d'urgence dans le contexte du conflit Israël-Hamas.

Ce conflit, qui a fait de très nombreuses victimes civiles, suscite une immense émotion à travers le monde, et est propice aux tentatives de manipulation de l'opinion.

Vidéos humiliantes d'otages, corps décapités, assassinats filmés... Les réseaux sociaux ont été inondés d'images violentes mais aussi de tentatives de désinformation, un défi pour toutes les plateformes.

«Déstabilisation des démocraties»

«La diffusion généralisée de contenus illicites et de désinformation liés à ces événements entraîne un risque clair de stigmatisation de certaines communautés, de déstabilisation de nos structures démocratiques, sans parler de l'exposition de nos enfants à des contenus violents», a mis en garde mercredi soir Thierry Breton, dans un discours au Parlement européen à Strasbourg.

Les attaques terroristes perpétrées à Arras, en France, le 13 octobre, et à Bruxelles lundi, «sonnent comme un sombre rappel que la menace est réelle et présente sur notre sol», a-t-il souligné.

Des règles plus strictes s'imposent à 19 très grands acteurs de l'internet, dont X, Facebook, Instagram et TikTok, depuis fin août, notamment en matière de modération et de retrait de contenus.

Un porte-parole de Meta avait expliqué la semaine dernière que le groupe avait «rapidement mis en place un centre d'opérations spéciales composé d'experts, dont des personnes parlant couramment l'hébreu et l'arabe».

Réponse de X

Le réseau X avait publié de son côté une réponse détaillée à la première lettre d'avertissement de la Commission, expliquant avoir «supprimé ou signalé des dizaines de milliers de messages» liés à l'attaque du Hamas.

«Il n'y a pas de place sur X pour des organisations terroristes ou des groupes extrémistes violents et nous continuons à supprimer de tels comptes en temps réel», s'est défendue la plate-forme, précisant avoir mis en place «un groupe de travail pour prendre soin de la situation».

Le réseau social du milliardaire Elon Musk est pourtant particulièrement scruté par les experts de la Commission européenne. Bruxelles s'était inquiété fin septembre du taux élevé de désinformation sur X, épinglant ses mauvais résultats lors de tests effectués sur plusieurs plateformes.

Après avoir racheté Twitter l'an dernier, Elon Musk a procédé à une vague massive de licenciements qui a décimé les équipes de modération des contenus. Il réaffirme régulièrement sa vision de la liberté d'expression, refusant toute «censure», même s'il assure respecter les lois de chaque pays.