Une épouse en première ligne Carole Ghosn, une épouse en première ligne

AFP

7.1.2020 - 11:56

Carole Ghosn, habituée autrefois à poser tout sourire au bras de son époux Carlos, est montée en première ligne pour défendre avec opiniâtreté le magnat déchu de l'industrie automobile.

Après la rocambolesque fuite de l'ancien grand patron de Renault et Nissan du Japon pour le Liban, plusieurs médias l'ont présentée comme le cerveau de cette exfiltration.

La justice japonaise a émis mardi un mandat d'arrêt contre la seconde épouse de M. Ghosn, soupçonnée de fausses déclarations en avril 2019, quand elle avait été interrogée sur ses éventuelles rencontres avec une personne dont le nom n'a pas été cité.

Celle qui a passé une grande partie de sa vie aux Etats-Unis, a finalement retrouvé le 30 décembre son époux au Liban, son pays d'origine, après plusieurs mois de séparation.

Mme Ghosn n'était pas à bord du jet privé dans lequel son époux avait été arrêté le 19 novembre 2018, et le choc n'en a été que plus rude quand elle a appris la nouvelle, à des milliers de kilomètres de là.

Sans contact avec lui pendant près de deux mois de garde à vue (ni téléphone, ni droit de visite), Carole Ghosn, 53 ans, a d'abord limité ses prises de parole publiques avant de prendre ouvertement la défense de son mari, multipliant les interventions à Tokyo, New York ou Paris.

Plaidant sa cause auprès de l'ONG Human Rights Watch, des Nations unies et même du président américain Donald Trump, elle a frappé à toutes les portes.

«Je me suis sentie humiliée»

En France, elle lance un appel à l'aide au président Emmanuel Macron, dénonçant le silence «assourdissant» de l'Élysée dans un entretien avec le Journal du Dimanche en octobre.

Si elle n'a pu lui rendre visite en prison, l'élégante femme aux longs cheveux blonds était là quand l'homme d'affaires est libéré sous caution, une première fois début mars.

«Ils ont essayé de vivre à peu près normalement, de se promener, de prendre de bons repas», raconte sous couvert d'anonymat une de ses relations au Japon.

Mais le répit fut de courte durée. L'ex-PDG est de nouveau été arrêté le 4 avril. Des procureurs débarquent chez eux à Tokyo, à l'aube.

«On m'a fouillée plusieurs fois (...) Une femme m'a suivie jusque dans ma douche, jusqu'aux toilettes. Je me suis sentie humiliée», confie-t-elle à la presse française.

«C'est une épreuve immense, parmi les pires moments de sa vie, mais elle fait face avec beaucoup de droiture et de dignité», commente l'avocat français de la famille, François Zimeray.

Fin avril, M. Ghosn est libéré sous caution, une deuxième fois. Assigné à résidence à Tokyo, il n'est autorisé ni à voir ni à contacter sa femme.

Le couple a pu se parler par vidéoconférence en novembre. Une conversation d'une heure maximum, qui ne pouvait pas aborder des sujets non-autorisés par un juge japonais, et dont les éléments devaient être transmis à ce dernier et aux procureurs.

Mariage à Versailles

Née en 1966 à Beyrouth, Carole Nahas détient la nationalité américaine et ses trois enfants, d'un premier mariage, ont grandi aux Etats-Unis.

Détentrice d'un diplôme en sciences politiques, elle crée à la fin des années 2000 sous son nom d'alors, Carole Marshi, une marque de caftans de luxe.

Cette influente mais discrète figure de la mode à New York est aussi impliquée dans des projets culturels et philanthropiques, comme l'association SEAL fondée par des membres de la diaspora libanaise aux Etats-Unis.

En 2013, elle commence à s'afficher avec Carlos Ghosn qu'elle épousera en grande pompe en octobre 2016, au Grand Trianon du château de Versailles.

Aujourd'hui, leur mode de vie fastueux, du festival de Cannes au carnaval de Rio, est passé au crible. Les conditions d'organisation de leur mariage ont fait l'objet de soupçons en France.

Son nom apparaît aussi dans le dernier volet de l'affaire, des détournements présumés de fonds de Nissan, dont une partie a été utilisée pour l'achat d'un yacht, selon des sources proches du dossier.

Carole Ghosn a été entendue à ce sujet par la justice japonaise en tant que dirigeante de la compagnie «Beauty Yachts», enregistrée dans les Iles vierges britanniques, qui a acquis le navire. Elle n'est pas mise en cause à ce stade.

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