Actu people Céline Sciamma dénonce la « forte culture patriarcale » en France

Céline Sciamma a déclaré au Guardian qu’il y avait, en France, « beaucoup de sexisme ». La réalisatrice de Portrait de la jeune fille en feu dénonce aussi l’esprit « bourgeois » de l’industrie du film.

Céline Sciamma a impressionné la critique internationale avec son dernier film, Portrait de la jeune film en feu, qui met en scène Adèle Haenel. Un enthousiasme que la réalisatrice ne retrouve pas vraiment en France.

« En France, ils ne trouvent pas que le film est sexy. (Ils pensent) qu’il manque de chair, que ce n’est pas érotique. Il semble qu’il y ait des choses qu’ils ne peuvent pas percevoir », a-t-elle déclaré au Guardian.

La cinéaste ajoute que cette vision est due à « une industrie très bourgeoise », ce qui provoque une « résistance au radicalisme ». « Un film peut-il être féministe ? Ils ne connaissent pas ce concept. Ils ne savent même pas que le ‘’male gaze’’ existe », précise Céline Sciamma. Le ‘’male gaze’’ est le fait de voir les femmes à travers un regard masculin, ce qui en fait des objets de désir dans les films et les arts en général. Un concept mis en avant par Laura Mulvey, critique britannique, en 1973.

Ces critiques de Céline Sciamma arrivent à quelques jours des César, qui seront remis le 28 février (20). La cérémonie de remise de prix est secouée par plusieurs polémiques : les 12 nominations de J’accuse, le dernier film de Roman Polanski (réalisateur condamné pour agression sexuelle sur une mineure de 13 ans et accusé par plusieurs femmes de viol) ; le manque de diversité et de démocratie au sein de l’Académie des César. Plusieurs centaines de personnalités du cinéma français ont signé une lettre ouverte publiée par Le Monde demandant un changement radical à l’Académie, qui a poussé la totalité des dirigeants à démissionner collectivement pour montrer qu’ils sont prêts à se moderniser.

Outre l’industrie du film, il s’agit d’une situation générale à la France selon Céline Sciamma. « On peut dire que c’est un pays où il y a beaucoup de sexisme, et une forte culture patriarcale », ajoute la réalisatrice de Bande de filles.