Des fans éplorées du chanteur Kim Jong-Hyun, star de la musique pop sud-coréenne, lors de ses funérailles, le 21 décembre 2017 à Séoul
La famille et les proches du chanteur Kim Jong-Hyun, star de la musique pop sud-coréenne, lors de ses funérailles, le 21 décembre 2017 à Séoul
Décès d'une star de K-pop: un suicide révélateur de la brutalité du show-biz sud-coréen
Des fans éplorées du chanteur Kim Jong-Hyun, star de la musique pop sud-coréenne, lors de ses funérailles, le 21 décembre 2017 à Séoul
La famille et les proches du chanteur Kim Jong-Hyun, star de la musique pop sud-coréenne, lors de ses funérailles, le 21 décembre 2017 à Séoul
La mort à 27 ans de l'immense star de K-pop Kim Jong-Hyun est venue rappeler la brutalité du show-business sud-coréen, reflet d'une société hyperconcurrentielle qui présente un des taux de suicide les plus élevés au monde.
Kim Jong-Hyun, chanteur du très en vogue boys band SHINee, s'est donné la mort lundi dans une chambre d'hôtel de Séoul, laissant ses admirateurs sous le choc.
Les cinq garçons de SHINee avaient fait leurs débuts en 2008 pour devenir un moteur de la "vague coréenne" qui a déferlé en Asie et au-delà.
Mais derrière l'image glamour des "bands", il y a la concurrence impitoyable, la renonciation à toute vie privée, le harcèlement et une pression publique constante pour entretenir les apparences. "Je suis cassé de l'intérieur", a lâché le chanteur dans une note d'adieu.
Comme Kim, nombre de stars ont été repérées très jeunes par les agences, parfois au début d'une adolescence qu'ils consacrent à de très durs cours de chant ou de danse, sans aucune garantie de succès.
Pour les élus, les vacances sont rares et la vie privée un luxe inabordable car ils vivent avec les membres de leur groupe dans des appartements-dortoirs fournis par leurs agents.
Ces derniers décident d'ailleurs de tout, de leur style musical, de leur régime alimentaire, de leur utilisation des téléphones portables. Généralement, les rendez-vous amoureux sont proscrits.
Beaucoup souffrent de manque de sommeil et d'intimité. Kim Se-Jeong, une chanteuse très populaire, reconnaissait récemment qu'il lui était arrivé de ne dormir qu'une heure en quatre jours.
- Faux pas et dérapages -
"Je devais me produire sur scène, participer à une émission de télévision, tourner des publicités, tout ça en même temps", confiait-elle dans un entretien.
Kang Daniel, de Wanna One, expliquait en août que son plus grand rêve était "juste un jour de congé".
"Pendant des mois avant mes débuts, je me réveillais à quatre ou cinq heures du matin, pour répéter jusque deux ou trois heures du matin le lendemain", racontait-il dans un interview.
Le jeune homme de 21 ans n'a finalement pas tenu la route, contraint récemment d'annuler toutes ses dates pour se reposer.
Pour ces stars, la pression est aussi mentale, puisqu'on n'attend rien de moins que la perfection dans leur apparence ou leur comportement.
Ces vedettes sont en effet épiées par des clubs de fans prêts à dépenser des sommes astronomiques et à donner de leur temps pour aider leur idole à gravir les marches de la gloire, quitte à écraser les rivaux.
Mais il faut éviter tout faux pas, car le plus fervent admirateur sera demain le critique le plus sévère, s'il se sent "trahi".
Prendre des drogues, conduire en état d'ébriété est évidemment rédhibitoire. Mais il est aussi des "dérapages" moins graves, ne pas garder en permanence un sourire plaqué sur son visage, ou faire une gaffe sur les réseaux sociaux, dont on glosera à l'infini.
Beaucoup sont constamment traqués par les paparazzis et les fans armés de perches à selfies prêts à tout pour "partager" n'importe quoi de leur star sur les réseaux sociaux.
- Le tabou des problèmes psy -
"Ces +idoles+ vivent dans un aquarium et on attend d'eux qu'ils sourient et se comportent bien 24 heures sur 24, 7 jours sur 7", résume à l'AFP l'éditorialiste Kim Seong-Soo.
Cette réalité, qui existe ailleurs dans le monde, est amplifiée dans une société sud-coréenne hyper-connectée et ultracompétitive. Les problèmes psychologiques étant tabous, rares sont les stars qui osent appeler à l'aide.
Qu'une star au sommet de la vague comme Kim Jong-Hyun se donne la mort est inhabituel, mais pas inédit. En 2010, l'acteur et chanteur Park Yong-Ha, très populaire en Asie, se pendait à 32 ans sans laisser de mot.
En juin 2016, l'acteur Kim Sung-Min s'est suicidé à 43 ans après avoir vu sa carrière voler en éclats du fait de condamnations pour usage de stupéfiants.
Parfois, les drames s'enchaînent. En 2008, l'actrice Choi Jin-Sil se pendait après avoir été harcelée sur internet. Son frère, également acteur, se donnait la mort deux ans plus tôt, avant que son ancien mari, l'ex-star de baseball Cho Sung-Min ne fasse de même en 2013.
Dans sa thèse en 2009, l'actrice Park Jin-Hee, qui avait interviewé des centaines d'acteurs, avançait que 40% d'entre eux avaient pensé à mettre fin à leurs jours en raison du manque d'intimité, du harcèlement ou de revenus instables.
Pour Kim Seong-Soo, le suicide est en Corée du Sud un fléau qui dépasse largement le microcosme du show-biz.
"Le principe du +gagnant qui rafle tout+ est poussé à l'extrême dans notre pays, où ceux qui échouent peuvent difficilement refaire surface, voire survivre."
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