Placido Domingo au Forum St Gellert de Szeged, en Hongrie, le 28 août 2019
Placido Domingo a demandé pardon fin février aux femmes l'ayant accusé, avant de préciser deux jours plus tard qu'il rejetait toujours cependant les accusations de harcèlement qui le visent
Harcèlement: les accusations contre Placido Domingo jugées crédibles à Los Angeles
Placido Domingo au Forum St Gellert de Szeged, en Hongrie, le 28 août 2019
Placido Domingo a demandé pardon fin février aux femmes l'ayant accusé, avant de préciser deux jours plus tard qu'il rejetait toujours cependant les accusations de harcèlement qui le visent
Les femmes qui accusaient le chanteur Placido Domingo de «comportement inapproprié» sont crédibles, selon une enquête commanditée par l'Opéra de Los Angeles sur son ancien directeur général, qui n'a toutefois trouvé aucune preuve qu'il ait abusé de son pouvoir.
Placido Domingo, qui fut aussi directeur artistique puis général de l'Opéra national de Washington, est accusé de harcèlement sexuel par une vingtaine de femmes aux Etats-Unis, pour des faits remontant jusqu'aux années 1980: attouchements, baisers forcés et remarques déplacées.
Certaines victimes présumées disent que le chanteur lyrique, surnommé «roi de l'opéra», aurait cherché à nuire à leur carrière en cas de refus.
Devant le scandale, et dans la foulée du mouvement #MeToo, l'Opéra de Los Angeles avait loué les services d'enquêteurs privés indépendants pour examiner les plaintes portées contre Placido Domingo. Ce dernier a renoncé l'automne dernier à son poste de directeur général de l'institution californienne qu'il occupait depuis 2003.
Les enquêteurs ont conclu que «le niveau de gêne exprimé par les femmes était variable» mais que tous les témoignages convergeaient, les plus sérieux faisant état de «traumatismes importants» même si certaines disaient ne pas avoir éprouvé de malaise.
Au total, les enquêteurs du cabinet juridique Gibson, Dunn & Crutcher ont entendu 44 personnes, dont dix victimes présumées, la direction de l'Opéra et Placido Domingo lui-même.
Les faits reprochés au chanteur, âgé aujourd'hui de 79 ans, sont compris entre 1986, date de sa nomination en tant que conseiller artistique, et son départ de l'institution en octobre 2019.
Crainte de représailles
«Certaines personnes ont affirmé qu'elles avaient renoncé à signaler les comportements de M. Domingo en raison de son importance et de son influence», écrivent les enquêteurs dans leur résumé d'enquête publié mardi.
Les juristes affirment toutefois n'avoir trouvé aucune preuve que le chanteur «ait exercé une forme de chantage ou des représailles contre une femme en lui refusant une audition ou un engagement à l'Opéra de LA».
Les enquêteurs du cabinet soulignent que M. Domingo a coopéré avec eux et a témoigné de son plein gré. Il a continué à démentir tout attouchement ou agression, assurant que toutes ses relations avec les femmes avaient été consensuelles.
«Gibson Dunn l'a souvent trouvé sincère dans ses protestations mais certaines d'entre elles ont été jugées moins crédibles ou peu éclairées», écrivent-ils dans leur résumé d'enquête.
Sollicités par l'AFP, les représentants de Placido Domingo n'ont pas souhaité réagir à ce stade.
Une autre enquête indépendante – commanditée par le syndicat américain des artistes d'opéra – avait déjà conclu que le ténor, devenu baryton avec l'âge, avait eu par le passé «un comportement inapproprié, allant du flirt aux avances sexuelles, sur son lieu de travail et à l'extérieur».
«De nombreux témoins ont cité leurs craintes de représailles au sein de la profession comme raison pour ne pas s'être signalés plus tôt», insistait le syndicat.
Placido Domingo a demandé pardon fin février aux femmes l'ayant accusé, avant de préciser deux jours plus tard qu'il rejetait toujours cependant les accusations de harcèlement qui le visent.
Le cabinet Gibson Dunn estime que l'Opéra de Los Angeles a pris au sérieux les plaintes pour harcèlement dont il avait eu connaissance mais que ses politiques et procédures en la matière ont été parfois défaillantes.
«Sur un plan personnel, je suis troublé, et je regrette que des individus impliqués dans l'Opéra aient pu se sentir démunis, vulnérables ou ignorés de quelque manière que ce soit», a écrit le directeur de l'institution, Christopher Koelsch, dans un courrier électronique envoyé aux employés et obtenu par l'AFP.
«Nous avons appris qu'il y a dans la profession des réticences largement répandues en ce qui concerne la dénonciation du harcèlement, et il est crucial pour notre avenir que nous instaurions la confiance mutuelle et la transparence», poursuit-il.
Désormais déchu aux Etats-Unis, Placido Domingo a également renoncé récemment à chanter au Royal Opera House de Londres et en Espagne, son pays natal.
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