Russie Le «bad boy» du ballet russe joue Raspoutine

ATS

24.5.2019 - 02:26

Le «bad boy» du ballet russe Sergei Polounine parle de sa performance «Raspoutine» lors d'une conférence de presse à Moscou mercredi. Binational, le danseur s'est fait tatouer les emblèmes nationaux russe et ukrainien sur les mains.
Le «bad boy» du ballet russe Sergei Polounine parle de sa performance «Raspoutine» lors d'une conférence de presse à Moscou mercredi. Binational, le danseur s'est fait tatouer les emblèmes nationaux russe et ukrainien sur les mains.
Source: KEYSTONE/AP/ALEXANDER ZEMLIANICHENKO

Un danseur sulfureux dans la peau de Raspoutine : Sergueï Polounine, star du ballet russe, explore «la face sombre» du célèbre et mystérieux homme d'Eglise dans un spectacle présenté jeudi près de Moscou.

D'origine ukrainienne, l'artiste de 29 ans s'est attiré depuis longtemps le surnom de «mauvais garçon du ballet», autant pour ses performances passionnées que ses déclarations polémiques. Avec «Raspoutine», Sergueï Polounine, qui possède depuis un an la nationalité russe, s'attaque justement à une figure controversée de l'histoire de la Russie.

«Je pense qu'il (Raspoutine) voulait bien agir et qu'il avait une bonne intention», a-t-il affirmé avant la première de ce ballet chorégraphié par le Japonais Yuka Oishi. «Mais il avait une face sombre qui l'éloignait parfois de cette direction».

Au crépuscule du tsarisme, ce pèlerin mystique avait gagné la confiance du dernier tsar Nicolas II et de la tsarine Alexandra en leur promettant de soigner leur fils atteint d'hémophilie. Honni par le peuple, Grigori Raspoutine avait finalement été assassiné peu avant le début de la révolution russe par un groupe d'aristocrates qui dénonçait son emprise «maléfique» sur la famille royale.

«Je ne pense pas que l'on puisse vaincre ses démons. Il est possible, je ne sais pas, de s'approcher de la lumière. Mais je ne sais pas comment faire disparaître complètement sa part d'ombre», a avoué Sergueï Polounine.

«Bonne intention»

Le danseur a notamment fait l'objet d'une controverse pour ses opinions farouchement pro-Poutine – dont il a un tatouage – et pour des publications appelant à gifler les personnes en surpoids ou critiquant les danseurs gays, qu'il juge trop efféminés.

Parfois comparé aux légendes Mikhaïl Barychnikov et Vaslav Nijinski, le jeune danseur avait perdu un rôle dans le Lac des Cygnes à l'Opéra de Paris, en raison de ses propos controversés. La directrice artistique de la troupe, Aurélie Dupont, avait estimé qu'ils allaient à l'encontre des valeurs de l'établissement.

Il a depuis supprimé ces publications, mais des groupes LGBT s'opposent à une autre de ses performances. Une agence britannique a par ailleurs refusé de vendre des billets pour une représentation de «Raspoutine» à Londres. «J'ai toujours une bonne intention», a-t-il assuré.

Sergueï Polounine a donné plus de détails mercredi sur une nouvelle école de ballet dont il sera le directeur artistique à Sebastopol, dans la péninsule ukrainienne de Crimée annexée par la Russie. Selon lui, la sélection des danseurs commencera en septembre.

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