«Royally Incorrect» Le prince Philip, spécialiste des blagues de mauvais goût

Sibylle Peine, dpa

8.4.2018

Ses dérapages linguistiques et ses commentaires mordants sont légendaires. Aujourd’hui, un livre rassemble les plus grandes bourdes du prince Philip.

L’été dernier, le prince Philip a pris sa retraite. Une décision compréhensible et respectable à 96 ans. Mais sa disparition de la scène publique va laisser un vide, et pas seulement auprès des fans de la famille royale. S’étant autoproclamé «expert mondial en inauguration de plaques», l’époux de la reine d’Angleterre était par ailleurs l’un des commentateurs les plus virulents de la scène internationale. Les paroles parfois déplacées du prince font désormais partie de la légende. Qu’il s’agisse de présidents ou de chefs d’Etat d’autres pays, des habitants de l’ancien Empire britannique ou de vedettes et starlettes du show-business, ils sont nombreux à en avoir pris pour leur grade durant les longues années de règne du prince.

Ceux qui regrettent le départ officiel du prince peuvent aujourd’hui se souvenir de lui grâce au livre «Royally Incorrect». Non seulement il réunit les propos les plus marquants du prince Philip, mais il tente aussi, au moins dans une certaine mesure, de faire la lumière sur le contexte du comportement politiquement incorrect du duc d’Edimbourg. Si certaines des phrases énumérées dans cet ouvrage ont été citées à maintes reprises et sont présentes dans presque tous les esprits, d’autres dérapages non moins délicieux du prince consort sont encore à découvrir.

L'origine de sa grossièreté

On a souvent tendance à oublier que l’enfance et l’adolescence du prince Philip n’ont pas toujours été une partie de plaisir. Fils du prince André de Grèce et de Danemark et de son épouse Alice de Battenberg, il connaît l’exil dès son plus jeune âge. Après la séparation de ses parents, sa mère est diagnostiquée schizophrène. Pendant plusieurs années, il vit alors chez différents proches, puis en internat. Dans cette jeunesse difficile, selon l’auteur Rory Scarfe, le prince Philip apprend à construire un mur autour de lui pour se protéger et éviter la souffrance.

Cette situation l’a conduit à une certaine brutalité, que le jeune prince admet lui-même un jour de 1942 dans une lettre à un proche: «Rétrospectivement, je me rends compte que je suis grossier et méchant, et que je fais beaucoup de remarques inappropriées qui blessent les gens. J’en suis désolé et j’essaie de rectifier la situation.» Dans ce contexte, on comprend qu’il a été difficile pour le prince Philip de se soumettre aux règles de la cour après son mariage.

Le lieutenant Philip Mountbatten avant son mariage avec la princesse Elizabeth. Photo datée du 31 juillet 1947.
Le lieutenant Philip Mountbatten avant son mariage avec la princesse Elizabeth. Photo datée du 31 juillet 1947.
Getty Images

«Vous vous battez toujours à coups de lances?»

En tant qu’ambassadeur du Royaume-Uni, il a toujours manqué de finesse diplomatique, même s’il a plus de 600 voyages à travers le monde à son actif. Parmi ses blagues politiquement incorrectes, certaines sont entrées dans la légende, comme la petite phrase lancée en 2003 au président nigérian, vêtu d’une tenue brodée traditionnelle pour le recevoir: «On dirait que vous êtes prêt pour aller au lit!» En 2002, en visite dans le Queensland en Australie, il a salué un Aborigène avec ces mots aujourd’hui devenus cultes: «Vous vous battez toujours à coups de lances?».

Si le duc d’Edimbourg ne s’est pas fait que des «amis» à l’étranger, il a également fait usage de ses dérapages en Grande-Bretagne. Un jour, en Ecosse, il a demandé à un moniteur d’auto-école: « Mais comment faites-vous pour convaincre les gens du coin d'arrêter de boire le temps de passer leur permis?».

La propre famille du prince Philip fait aussi régulièrement les frais de son humour grinçant. Ainsi, il n’a pas hésité à parler en ces mots peu flatteurs de sa fille Anne, cavalière avertie: «Si ça ne pète pas et ne mange pas de foin, cela ne l’intéresse pas.» Il n’avait pas plus de considération pour le logement de son fils Andrew, qui selon lui, dormait dans la «chambre d’une pute». Le prince consort affuble par ailleurs son épouse, la reine Elizabeth, de petits noms peu protocolaires comme «mon petit chou-fleur» ou «ma petite saucisse». Des surnoms qui n’ont rien de charmant, mais n’en débordent pas moins d’amour. Comme le faisait un jour remarquer le prince Philip, la reine a de la «tolérance en abondance», et c’est une bonne chose. On ne peut pas imaginer plus beau compliment de la part d’un tel blasphémateur.

Royal-flash

Retour à la page d'accueil