Trois ans après sa mort Des mémoires éclairent la personnalité du grand Prince

AFP

31.10.2019 - 07:33

Maître du funk, génie musical, visionnaire: tous ces descriptifs viennent à la bouche en parlant de Prince, mais selon le co-auteur de ses mémoires, aucun mot ne permet de cerner vraiment cet artiste hors norme.

«Prince pourrait en inventer un. Je regrette vraiment qu'il ne soit pas là pour m'aider à raconter quel effet ça faisait de le rencontrer», dit en riant Dan Piepenbring.

Quelques mois avant sa mort brutale d'une overdose de médicaments opiacés, en avril 2016, Prince avait demandé à Dan Piepenbring, alors 29 ans, de l'aider à rédiger ses mémoires censées «casser le moule des mémoires».

«Si je voulais que ce livre soit vraiment dominé par un thème, c'est la liberté. Et la liberté de créér de façon autonome», écrit Prince dans cet ouvrage, «The Beautiful Ones», sorti cette semaine aux Etats-Unis et jeudi en France.

«Je veux dire aux gens d'inventer. Commencez simplement par inventer votre journée. Puis inventez votre vie».

La mort choc de Prince, à 57 ans, a retardé la sortie de ses mémoires, visant à éclairer une personnalité forgée par près de 40 ans de carrière, durant laquelle le chanteur réimagina plusieurs fois l'avenir de la pop.

«Il avait l'impression que beaucoup de choses (dites sur lui) étaient fausses ou malencontreuses», a indiqué M. Piepenbring à l'AFP, et le livre entendait «rectifier les choses».

Mais «il s'est vite rendu compte que le livre pouvait être beaucoup plus que ça, que ce n'était pas juste un correctif, qu'il y avait un potentiel énorme dans ce médium», susceptible d'être «un prolongement de ses chansons».

Premier baiser

Le livre inclut d'émouvantes réflexions de M. Piepenbring sur sa collaboration avec Prince, des photos et des pages des premiers cahiers du chanteur, ainsi qu'un synopsis pour son film culte, «Purple Rain.»

Mais ce sont des pages manuscrites rédigées par l'artiste qui forment le coeur de l'ouvrage.

Utilisant un vocabulaire unique, où chiffres et lettres isolées remplacent les mots (Prince adopta très tôt l'écriture abrégée omniprésente aujourd'hui sur les réseaux sociaux et les smartphones) la star évoque de façon poétique son enfance à Minneapolis, dans le Midwest, et revient sur l'influence de ses parents sur sa personnalité.

Sa prose, drôle et sincère à la fois, décrit son expérience de l'épilepsie, de la puberté, ses premiers films interdits aux moins de 18 ans, ou encore son premier baiser, enfant encore, avec son amie Laura «qui ressemblait à Elizabeth Taylor, mais toute petite.»

M. Piepenbring et d'autres dans l'entourage de Prince ont pensé que ces pages avaient leur place dans le souvenir collectif de Prince.

«Il racontait les histoires de façon si drôle, si vivante», «combien il était enthousiaste d'écrire ce livre», décrit-il.

«Des longueurs d'avance»

Travailler avec un artiste aussi vénéré, mais aussi connu pour ses excentricités, n'était pas toujours simple.

«Parfois tout d'un coup il parlait d'un truc et je me disais, +Oulà, je l'ai pas vu venir, celle-là+. Tout d'un coup il me parle d'une obélisque aperçue à travers la vitre d'un taxi à Paris».

«Mais il était toujours très lucide, et il y avait toujours une raison pour laquelle il partait sur autre chose. Son esprit était toujours en mouvement, il semblait toujours avoir une dizaine de longueurs d'avance sur les autres.»

Il se souvient de leur dernière conversation, tard au téléphone, quatre jours avant la mort de Prince. «Il semblait avoir tant de vie encore à vivre», dit Dan Piepenbring. «Il faisait très attention à ce que les autres ne voient pas qu'il souffrait.»

«Il était extraordinairement grâcieux, avec une musicalité perceptible même dans la conversation, dans ses mouvements. On imagine tellement de célébrités constamment préoccupées», Prince avait lui «une sorte de paix qui se dégageait de lui. Avec lui, vous aviez l'impression de pouvoir faire des choses impossibles».

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