Interview Gwendoline Hamon: «Je suis un peu suisse sur les bords»

Samuel Bartholin / AllTheContent

26.2.2018

Gwendoline Hamon, à la tête du commissariat d'Annecy, dans Cassandre.
Gwendoline Hamon, à la tête du commissariat d'Annecy, dans Cassandre.
AllTheContent / France 3

Gwendoline Hamon, comédienne rompue à la scène et au théâtre, s’est distinguée récemment dans le rôle de Cassandre, une femme commissaire sur les terres de Haute-Savoie, dans la série éponyme qui a fait les beaux soirs d’audience de France 3 et RTS Un. La petite-fille du célèbre dramaturge Jean Anouilh se confie longuement ici sur son rôle, son parcours, sa famille, sa relation à la montagne ainsi qu’à la Suisse, et nous livre ainsi un pan de son jardin secret.

Pouvez-vous présenter Florence Cassandre, brillante commissaire qui passe du quai des Orfèvres à la Haute-Savoie?

C’est une Parisienne qui, au tout début du premier épisode, est nommée directrice du quai des Orfèvres (célèbre siège de la police judiciaire parisienne, NDLR), on subodore qu’elle a une carrière assez brillante - mais on comprend vite que cette carrière a pris le pas sur son rôle de mère, et que son fils adolescent de 16-17 ans donne des signes de dérive. Elle comprend, elle qui élève seule son enfant, qu’elle a raté le coche et donne alors sa démission, pour aller diriger un commissariat à Annecy, en Haute-Savoie, là où un juge a envoyé son fils dans une sorte de pensionnat de redressement. Et là, elle rencontre cette équipe du commissariat qui ne l’attend pas du tout les bras ouverts… Mais petit à petit, tous vont apprendre à se respecter, s’aimer, et travailler ensemble: un lien fort va se créer. On va découvrir que, sous ses abords assez autoritaires et froids – Cassandre est obligée, de par sa position – se cache une femme comme les autres, avec plein de névroses (rire), de solitude, de questionnements. C’est une anti-héroïne! Les nouveaux héros se doivent maintenant de ressembler aux gens ordinaires, ce qui est plus normal.

Et c’est un succès: en France, près de 4 millions de téléspectateurs, pour chaque épisode…

Non seulement, il y a 4 millions de personnes, mais on m’a donné les résultats des replay des deux premiers épisodes diffusés cette année: le premier a fait 640’000 replay et le second 840’000. Et je suis la première surprise et enchantée! Je ne maîtrise pas bien tout ca… C’est un drôle de truc le petit écran: on est chez les gens tout à coup, ils vous réceptionnent ou pas, ils vous aiment ou pas! Je pense que ça tient à un ensemble: l’équipe est bien faite, il y a de très bons acteurs, c’est bien foutu. Je pense que les gens se sont attachés à Émilie Gavois-Kahn, qui joue la major, à Dominique Pinon, à Alexandre Varga, à moi, à tout le monde… Ce petit monde fonctionne bien: ce n’est ni de la fiction «cul-cul», idiote, ni de la fiction réaliste, «trash», violente, comme on peut le voir sur des chaînes d’abonnés ou sur le câble. Ça, ce n’était pas la volonté de France 3, qui a son cahier des charges, et un public qui n’a pas envie de voir ça: c’est donc du polar familial, un vrai divertissement, avec aussi des petits moments de rigolade, de l’émotion. Et puis cette femme, au début assez glaçante, et finalement très humaine, à laquelle on s’attache…

«Quand on m’a dit que la série allait être face à The Voice, début février, j’ai cru que j’allais m’évanouir!»

Pourtant la chaîne y est allée d’abord prudemment…

Il y a eu d’abord un pilote, et la chaîne a diffusé le numéro deux, je ne sais pas – six mois après le pilote! Puis elle en a diffusé deux à la suite fin février, je crois, il y a un an. C’est vrai que ça avait été diffusé bizarrement: je n’y comprends pas grand chose, mais je pensais que les gens n’allaient même pas se souvenir que ce personnage existait… Et puis si! Et là, les quatre ont été diffusés à la suite, ce qui est une bonne idée – pour fidéliser, pour comprendre le personnage, et s’attacher à l’histoire. Tout ça est très joyeux, parce que quand on m’a dit que la série allait être face à The Voice, début février, j’ai cru que j’allais m’évanouir! Pardon, mais comment on va faire? C’est un des programmes les plus puissants… Et je ne suis pas Sophie Marceau, ni Isabelle Adjani! On n’avait pas une énorme promo, pas de couverture presse… J’ai paniqué, je me suis dit qu’on allait se faire écraser! Eh bien, pas complètement… Je n’ai plus qu’à dire merci, aux gens qui se sont délassés et divertis. Car on fait ça pour ça, et moi, je prends mon travail très au sérieux!

Du coup, le tournage d’une nouvelle saison est mis sur les rails.

Pour l’instant, je pars en tournage le 26 février, on va tourner trois épisodes jusqu’à fin juin, en gros, avec un arrêt au milieu. Et je pense qu’en septembre-octobre, on va en tourner un quatrième… Parce que ça prend du temps, ce sont des 90 minutes. Ça dépend des épisodes, mais il y a parfois des cascades: une cascade en bateau, ça dure 3 minutes à l’écran, mais on y met deux jours! Et en même temps, c’est de la télé: pour 1h30, on a vingt, vingt-deux jours de tournage, alors qu’au cinéma, on aurait deux, voire trois fois plus de temps. On ne le dit jamais assez: à la télé, on a très peu de temps, les acteurs comme les techniciens, compte tenu des scènes, des décors, quand il faut parfois se déplacer «au cul du loup» car le décor est à 1h30 de la ville où on est logé. Du coup, c’est une petite famille qui se construit pendant un mois et qui est très soudée, parce qu’il faut faire vite et bien! On se parle beaucoup, on partage… moi, je viens du théâtre, j’aime la troupe, et j’essaie d’instaurer un esprit de troupe. Je suis la patronne à l’écran, mais pas dans la vie, j’ai toujours eu un problème avec la hiérarchie, ça me met mal à l’aise. La série c’est «Cassandre», mais sur le tournage, on va dans les mêmes hôtels, on prend les mêmes bagnoles, on fait tout ensemble.

La série prend du coup de plus en place dans votre vie?

Oui, parce qu’au départ, c’était trois épisodes, et puis on n’était pas du tout sûrs que ça continue. Bon, c’est toujours le cas d’ailleurs, on ne sait pas ce qui peut se passer… Mais oui, ça prend du temps, ça prend de la place, j’ai aussi très envie de rejouer au théâtre et faire d’autres choses. Là, j’ai fait Un meurtre à…, une autre série policière de France 3, en Haute-Savoie aussi, ne me demandez pas pourquoi, c’est le hasard total! (rire) Mais c’était très différent de Cassandre, et ça m’a fait du bien de sortir de mon personnage. Les acteurs, on fait ce métier pour ça, pour jouer des personnages différents! Même si j’adore Cassandre: je suis très attachée à elle, on s’est beaucoup rapproché l’une de l’autre, alors qu’on était des étrangères au début. J’y ai mis de moi, c’est un personnage qui m’émeut maintenant, que je connais bien, et qui est comme une amie. Je ne suis pas toujours d’accord avec elle, je n’ai pas la même autorité – je suis probablement beaucoup plus spontanée, rigolote et hystérique dans la vie. Mais elle a beaucoup de moi, et je finis par avoir d’elle!

C’est vrai que son activité de policière nécessite parfois d’être endurcie, et que vous n’avez pas forcément cette sensibilité-là…

J’ai une sensibilité totalement exacerbée, et je serais totalement en vrac devant toute cette misère et cette violence… Moi, je peux pleurer devant un monsieur qui est assis par terre dans la rue. En même temps, j’ai compris quelque chose: comme tous les gens qui font ces métiers-là, les grands chirurgiens, les procureurs, les juges, il faut une distance qui est prise comme une froideur, mais qui est juste du recul, sinon tu ne peux pas faire ton travail. Et puis, c’est une femme, il ne faut pas l’oublier: on est malgré tout encore dans un monde d’hommes plus que de femmes, en tout cas dans la police. Et il faut faire sa place! Si tu commences à amuser la galerie, on ne te respecte pas. En tout cas, c’est comme ça que j’ai voulu le jouer: une froideur due aux responsabilités qu’elle doit assumer, et au fait que si elle laisse une porte trop ouverte à l’amitié, à la complicité, ça peut partir en sucette.

La montagne joue aussi un rôle important dans la série. Un environnement que vous connaissiez bien?

Je m’y rendais deux-trois fois par an, pour les vacances. Je m’y sens très bien, je dis souvent: j’aimerais mourir dans un chalet à la montagne. Ça me rassure! Je ne peux pas vous dire pourquoi, il y a des gens que ça étouffe: moi, la montagne me fait respirer, et me rassure. Il y a quelque chose de l’ordre du cocon! Est-ce que c’est le cliché du feu de cheminée, de la famille, d’Heidi? Je n’en sais rien, je pense que c’est lié à mon enfance… Mais c’est vrai que c’est un personnage important, on ne peut pas filmer, tourner de la même façon à Montreuil qu’à Annecy. D’abord, c’est très beau à filmer, c’est majestueux, et puis il y a quelque chose d’irrationnel, comme si Cassandre était toute petite au milieu de tout ça. On peut filmer un peu comme dans un western… A Paris, ce serait très urbain, ça n’aurait rien à voir!

Cela pose des difficultés particulières pour la mise en scène?

Ça ne pose pas de complexité particulière, la seule chose que je pourrais vous dire, c’est que de temps en temps, il fait froid. Et quand il fait froid à la montagne, il fait très froid! Même si on est couverts, quand on fait des extérieurs, on peut passer toute la journée dans le froid. Une, deux, trois heures, ça va… Mais quand vous arrivez à 7 heures du matin, et que vous repartez à 17 heures, vous passez la journée un peu tétanisée, et le soir vous êtes plus fatiguée qu’après une journée à température normale. Mais bon, maintenant, je me suis habituée! Je mets des trucs dans mes chaussures, dans les poches… C’est comme le très chaud! Au début, on se dit: «je vais étouffer», et puis on s’habitue, le corps s’habitue.

«Ma mère est née à Lausanne, parce que mes grand-parents avaient acheté un chalet à Villars-sur-Ollon...»

Votre paysage de prédilection ressemble à quoi? La ville, la montagne, la mer ou les tropiques, comme au Sénégal où vivait votre père?

Un peu de tout ça. Ma petite enfance était au Sénégal, donc c’est un pays auquel je suis très profondément attachée. C’est la construction de soi, les premières images… Je me souviens, quand nous sommes arrivés en France avec ma sœur, il y avait plein de trucs qu’on n’avait pas le droit de faire, alors qu’au Sénégal, on avait le droit! Plus d’espace, plus de liberté, et on n’est jamais seul! En tout cas, c’était notre cas, quand nous étions petites. Il y avait toujours des gens, les enfants sont très protégés là-bas: on n’avait pas peur de la même façon qu’en France. J’adore les Sénégalais, ce sont des gens admirablement gentils. J’essaie d’aller là-bas le plus souvent possible, j’y suis encore allée en juillet dernier: oui, il y a beaucoup d’Afrique en moi, même dans la façon de vivre! J’aime le clan, recevoir 25 personnes chez moi, être en panique pour leur faire à manger, j’adore la communauté, le monde, partir en vacances ensemble.

Vous avez aussi des attaches en Suisse…

Je suis un peu Suisse sur les bords. Ma mère est née à Lausanne, parce que mes grand-parents avaient acheté un chalet à Villars-sur-Ollon, à l’époque où ce n’était pas encore du tout la mode, dans un petit coin, à Chesières… Donc, j’ai aussi beaucoup passé de temps là-bas quand j’étais enfant, j’ai un oncle et une tante qui habitent encore en Suisse, et mon grand-père, Jean Anouilh, est enterré à Pully. Donc c’est un pays que je connais très bien, et que j’aime beaucoup. Villars, quand j’y vais, je pousse ma larme: c’est lié à la nostalgie, ce sont des madeleines de Proust.

Vous êtes enfant d’un couple divorcé; comme Cassandre, vous élevez votre fils que vous avez eu avec l’acteur Frédéric Diefenthal, dont vous êtes séparée… Se sert-on aussi de sa propre histoire pour interpréter un personnage?

Indirectement, oui. Je ne me suis jamais dit: «Tiens, je vais prendre ce souvenir avec Gabriel (son fils, NDLR)…», mais de facon indirecte, puisque ce sont des situations qui se ressemblent par moments. Dans une scène avec Jules Houplain, qui joue mon fils dans la série et apprend à conduire, très spontanément, je lui ai parlé exactement de la façon dont j’aurais parlé à mon fils. Ma personnalité prend parfois le pas sur la fiction, si les situations se ressemblent! On se sert de ce qu’on a au fin fond de soi. Je ne fais pas pour autant les choses à l’américaine, où pour jouer un marathonien, on va se mettre à courir pendant trois mois avant! Mais au fond, peu importe comment on fait prendre la mayonnaise, ce qui compte, c’est le résultat. Il faut y croire, croire à ce qu’on est en train de dire, le lieu où on est, avec son partenaire: il faut habiter le personnage, le plus sincèrement possible.

Jouer, ça participe aussi de la recherche du bonheur?

Je ne sais pas, j’ai choisi de faire ce métier tellement jeune, vous savez… A l’époque, la marraine de ma maman était une grande actrice de théâtre qui s’appelait Suzanne Flon, que je connaissais très bien. Je voulais devenir Suzanne Flon! Je voulais jouer le répertoire du théâtre français, étranger. Je n’étais pas spécialement dans un «trip» classique, mais… La scène, les grands rôles, la difficulté, le challenge: j’étais dans cette ambiance très théâtrale, dans laquelle j’avais grandi. Et le cinéma, la télé, ça me parlait beaucoup moins. C’est venu petit à petit, et encore, j’ai commencé à tourner régulièrement tard! J’ai commencé au théâtre, j’avais 19 ans, mais j’avais près de 30 ans quand j’ai tourné vraiment régulièrement. J’ai fait ce métier parce que je voulais jouer des personnages, je voulais plaire à ma grand-mère, Nicole Anouilh qui ne parlait que de théâtre, et je me disais que ça allait nous rapprocher encore plus. Ça a été le cas! Et puis, j’étais une enfant de divorcée, avec des parents qui m’avaient eu extrêmement jeunes, à 18 et 19 ans, et qui n’étaient pas très responsables, qui étaient encore eux-mêmes des enfants. Avec ma sœur, on était donc des enfants aimées, mais pas très suivies: on ne nous demandait pas de faire nos devoirs, on nous emmenait au théâtre, on partait à la campagne, on manquait parfois l’école. Sans le vouloir, nos parents ne nous ont pas tellement protégées, on était plongées au milieu de leurs histoires. Ça nous a donné une maturité, mais dans le même temps ça nous a fragilisées. Je suis allée jusqu’au bac, mais je me disais, au fond de moi, de toute façon, tu n’es bonne qu’à être comédienne, comme si être comédienne, ça n’était pas vraiment glorieux.

«Les gens disaient toujours: «Ah, tu savais pas? Gwendoline, c’est la petite fille de Jean Anouilh». Et plus tard, d’ailleurs, ça a été: «Gwendoline, c’est la femme de Frédéric Diefenthal». C’est marrant, hein?»

C’était peut-être un moyen de se donner des repères, en portant le flambeau familial?

C’est ça, même si à l’époque, je me sentais bien incapable de porter le flambeau, parce que quand on a un grand-père comme Jean Anouilh, pour lui arriver à l’auriculaire, on est mal barré! Aujourd’hui, je me dis que c’est un héritage formidable, parce que depuis que ma maman est décédée, il y a neuf ans, j’ai eu besoin de connaître mieux mon grand-père. Il fallait mieux comprendre mon histoire, mes racines, j’ai lu beaucoup de choses. A la maison, on a ses lettres, beaucoup de brouillons de lettres… Plus jeune, je n’avais pas honte d’être la petite-fille de Anouilh, mais je n’aimais pas en faire cas. Parce que ça me réduisait! Les gens disaient toujours: «Ah, tu savais pas? Gwendoline, c’est la petite fille de Jean Anouilh». Et plus tard, d’ailleurs, ça a été: «Gwendoline, c’est la femme de Frédéric Diefenthal». C’est marrant, hein? Ça a été comme le bonbon, le double effet «Kiss Cool». C’était compliqué de trouver ma place! On me regardait parce que j’étais «la femme de» ou «la petite-fille de». Et puis tout à coup, ça s’est ouvert! Je me suis laissé être ce que je suis plus profondément avec tout le monde. Est-ce que ça a correspondu aussi à un moment où les rôles sont arrivés plus qu’avant? Je ne sais pas… C’est une évolution, au cours de la vie, on avance. Maintenant, je me dis: mon histoire, c’est celle-là, alors qu’avant, je trouvais une lourdeur à cette histoire, tout le monde pensait que j’étais la petite fille extraordinairement gâtée et qui n’a besoin de rien, je sentais qu’on portait ce regard sur moi. Alors que ça n’était vraiment pas ça! J’avais une maman géniale, mais compliquée, qui n’était pas vraiment une maman, des grand-parents géniaux, mais compliqués aussi, le papa qui était loin, en Afrique… Mais maintenant, toutes ces petites souffrances, ce n’est pas que je m’en fous, mais j’ai compris qu’on ne pouvait pas être aimée de tout le monde. Je ne suis pas encore tout à fait en paix, mais j’espère qu’au moment de rencontrer le divin, je le serai! (rire)

Et l’écriture? Vous avez publié ce livre sur votre mère, «Les Dieux sont vaches». Aujourd’hui, vous travaillez sur un spectacle?

J’ai un besoin viscéral d’écrire, surtout depuis que le livre est paru. Ça a été une très grosse surprise pour moi, je n’ai pas vraiment fait grand chose pour: j’ai écrit ce livre pour moi, et c’est mon père et une de mes amies qui m’ont poussée à l’envoyer à des éditeurs. Moi, je n’étais au départ pas du tout dans cette idée. Et comme ça a marché, et que j’ai eu de très belles critiques… Ça m’a donné une confiance incroyable, qu’on accepte que je puisse avoir cette corde-là à mon arc. Même si ça n’est pas un roman, et que je ne suis pas Alexandre Dumas! J’écris beaucoup, des petits trucs, notamment sur Instagram, mon réseau social préféré. Quelque fois, sous une photo, je mets un roman (rire)! Parce que c’est exactement l’opposé de mon métier: tout à coup, moi qui adore le monde, l’écriture, c’est ma petite solitude. Je ne dépends pas des autres, je ne suis pas obligée de sourire, ni d’attendre un coup de fil, c’est une indépendance incroyable. Depuis que j’ai goûté à l’écriture, je ne veux pas m’arrêter là. Maintenant, je suis lente, parce que ma vie fait que, entre les tournages, mon fils dont je veux m’occuper le mieux possible, les amis, les rendez-vous, etc. c’est long. Mais mon spectacle, je l’écris, ça viendra!

Vous avez en fait goûté à pas mal de choses différentes, car vous avez aussi fait de la télévision, aux cotés de Laurent Ruquier…

Oui, parce que je suis très curieuse de ce que je ne connais pas. D’abord, j’étais très flattée qu’il m’ait proposé ça, je me suis dit qu’il devait croire en moi. Après, ça n’est pas mon métier véritable, mais ça m’amusait de connaître ce monde! Maintenant, je ne cherche pas du tout à devenir animatrice de télé. Mais j’ai fait des trucs, j’avais fait sur Téva une émission il y a quinze ans, ca s’appelait «Gwendoline, assistante de stars», très amusant, où j’interviewais Karembeu, Muriel Robin, Samuel Le Bihan… Je passais la journée avec eux, et sous prétexte d’être leur assistante pour rigoler, je leur posais des questions un peu spontanées. Il y a de ça vingt ou vingt-cinq ans, j’avais fait aussi une émission avec Arthur, où on présentait des records - c’était à la mode dans les années 1990. Je me souviens de l’audience, 10 millions de téléspectateurs. Et à l’époque, c’était une audience normale! C’est fou, cela a beaucoup changé, notamment avec l’apparition de la TNT.

D’autres choses encore en vue?

Je travaille jusqu’à fin juin pour Cassandre, donc de toute façon, les projets n’arrivent pas un an à l’avance! J’espère que je vais pouvoir faire plein de choses différentes, j’ai très envie de rejouer au théâtre. On me propose des choses, mais dont je n’ai pas forcément toujours envie. C’est très sacerdotal, le théâtre, j’en ai beaucoup fait, je connais par cœur, et il faut un texte qui vous illumine, qui vous enrichit. C’est très important! Parce qu’on joue les week-ends, on joue les jours de fête, on n’a que son lundi de libre, ça prend du temps, on n’est pas beaucoup payé, on ne couche pas ses enfants parce qu’on part à 18 heures et qu’on revient à minuit… C’est un choix! Si c’est pour jouer un grand texte ou une pièce que j’adore, c’est une de mes plus grandes joies, car je n’ai jamais autant pris mon pied qu’au théâtre, mais sinon, ça peut être un cauchemar, si on ne s’entend pas avec les gens. Mais j’espère qu’il y aura plein de choses! J’ai fait un peu de radio, aussi, et j’ai adoré ça, je trouve que c’est un média extraordinaire! Peut-être, dans l’avenir, je ferai ça.

Cassandre, dans la mythologie grecque, est un personnage qui entrevoit l’avenir avec pessimisme. Et vous? Êtes-vous de nature plutôt optimiste ou pessimiste?

J’étais, autrefois, complètement mélancolique et passéiste, plutôt une jeune femme anxieuse. Je ne le suis plus, parce que j’ai fait un vrai travail sur moi, en lisant, en discutant, en allant voir des thérapeutes… Ça venait de ma construction, j’étais vite angoissée, j’avais peur de tout, j’étais beaucoup dans la nostalgie… et aujourd’hui je m’efforce vraiment d’être dans le présent. Je pense dans le présent, et je vois les choses avec positivité: il faut y croire pour que les choses se fassent, on est notre propre projectionniste. J’ai toujours des petits problèmes de confiance, mais je ne connais pas beaucoup de comédiens qui n’ont pas ce problème! Ou alors, ce ne sont pas des bons (rire). Mais j’ai beaucoup moins cette anxiété - elle est là, mais je lui parle, je lui dis: «Écoute, là ça n’est pas la peine de venir car tu ne t’imposeras pas».

En savoir plus

«Les Dieux sont vaches», de Gwendoline Hamon, chez JC Lattès (2014)

Gwendoline Hamon est Cassandre dans la série du même nom.
Gwendoline Hamon est Cassandre dans la série du même nom.
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