Interview Jean-Marc Richard: «Il y a eu une erreur de casting dans tous les sens»

d'Aurélia Brégnac/AllTheContent

3.7.2019 - 15:06

Cet été, Jean-Marc Richard sera aux commandes de l’émission du 1er août consacrée à la «Fête des Vignerons». Un été musical, placé sous le signe du partage des traditions, avant une rentrée qui s’annonce toute aussi festive avec «l’Eurovision des Chœurs» et la «Fête fédérale de la musique populaire». L’animateur se confie à Bluewin sur ce programme bien chargé, et nous dévoile ses passions, ses valeurs, les causes qui lui tiennent à cœur.

Cet été, de nombreux rendez-vous TV sont programmés dans le cadre de «La Fête des Vignerons». Vous concernant, c’est en direct de Vevey que vous animerez une soirée spéciale pour célébrer le 1er août. Pouvez-vous nous donner quelques détails sur cette émission qui sera placée sous le signe du terroir?

L’émission du 1er août aura pour thème «un autre rapport à la terre». Toutes les chaînes de la SSR sont en fait mobilisées autour de cette «Fête des Vignerons». Pour ma part, c’est une région que je connais bien, dont je suis originaire. Je connais aussi les vignerons qui font quelque chose d’un peu différent, le bio et la biodynamie. Et dans le Lavaux, en fait, il n’y a que sept vignerons sur 200 qui font cela. C’est très peu. Du coup, on s’est dit qu’on pourrait faire quelque chose autour d’un rapport différent à la terre, en général. Pas seulement se focaliser sur la vigne et les vignerons, puisqu’on a choisi, dans chaque région (alémanique, tessinoise, etc.), de visiter des gens qui ont un autre rapport à la terre. Il y aura, par exemple, un sujet sur des sœurs qui cultivent des herbes pour faire des thés, un sujet sur la culture d’olives, un autre sur les nouveaux jardins urbains qui accueillent des réfugiés pour les cultiver, un reportage sur un cultivateur de 150 sortes de fruits différentes... Le vin ne représentera qu’un sujet. On voulait vraiment un autre regard, c’est très diversifié. Au début et à la fin de l’émission, on sera en direct de la place du Rivage, à Vevey. Pendant la diffusion des sujets, il y aura une fête sur la place... C’est l’une des rares émissions qui sera diffusée sur les quatre chaînes nationales simultanément.

Et, pour l'occasion, l’émission «Kiosque à musiques» sera-t-elle aussi particulière?

Oui, le 20 juillet, l’émission sera consacrée à Fribourg. Car la «Fête des Vignerons» est très rattachée à cette ville. Il y aura notamment le chœur qui a été sélectionné à l’émission «Chorus» pour représenter la Suisse à la prochaine Eurovision des chœurs, qui se tiendra le 3 août prochain à Göteborg, en Suède.

«Quand des mamans sont placées dans des foyers d’urgence, c’est compliqué au moment de rentrer à la maison»

Cela fait de très nombreuses années que vous êtes engagé bénévolement en faveur de la «Chaîne du Bonheur», qui est mise en lumière dans l’émission «Cœur à Cœur». Quels étaient, cette année, les projets consacrés à la protection de l’enfance que vous avez sélectionnés?

Il y a trois projets assez représentatifs. D’abord, celui du foyer «Arabelle» à Genève. On constate que quand des mamans sont placées dans des foyers d’urgence, c’est compliqué au moment de rentrer à la maison. La «Chaîne du Bonheur», grâce à l’argent récolté par «Cœur à Cœur», a donc pu financer la mise en place d’un ambulatoire de suivi de ces mères quand elles rentrent chez elles. C’est un soutien psycho-social, juridique, et parfois de dons de nourriture. Dans le canton de Vaud, il y a aussi une structure, «La Rambarde», qui accueille les enfants placés en urgence. Grâce à un suivi et un regard professionnel, elle propose de réunir parents et enfants, ces derniers ayant souvent été victimes de négligence ou de maltraitance. Pour récréer un lien parental, la présence d’un tiers, un professionnel, est donc nécessaire. Dernier exemple, beaucoup plus anecdotique peut-être, mais très intéressant. La «Fondation Jeunesse et Familles», et son projet de jardin de permaculture afin de récréer, là aussi, un lien entre parents et enfants. C’est en cultivant le jardin qu’ils vont pouvoir renouer le contact. Je trouve que l’image est très forte, très belle...

«Ce sont les droits de l’enfant où il y a le plus de travail»

Quelles sommes ont pu être récoltées cette année grâce à la «Chaîne du Bonheur» pour financer ces 13 projets sélectionnés?

 Cette année, 1,5 million ont pu être récoltés. Cela permet de soutenir des projets allant de 50 000 à 150 000 francs par projet. Chaque budget dépend évidemment du projet, mais c’est une aide qui est apportée sur plusieurs années. Les sommes ont été allouées très récemment et l’on suit ces projets sur le long terme. Ce n’est pas juste ponctuel. A Sion prochainement, pour la prochaine récolte de fonds, on repart sur la même thématique de l’enfance en souffrance.

Justement, ces droits de l’enfant semblent une cause à laquelle vous semblez personnellement très attaché. Vous soutenez aussi l’association «Terre des Hommes», qui vous tient particulièrement à cœur... Pourquoi cette cause plus qu’une autre?

Oui, c’est vrai. Au départ, je viens de la «Chaîne du Bonheur». Alors, dans les nombreux voyages que j’ai pu faire sur le terrain depuis 25 ans, j’ai constaté que ce sont les droits de l’enfant où il y a le plus de travail. Il y a beaucoup à faire dans la protection de l’enfance... y compris chez nous. Offrir un avenir aux enfants et à leurs familles. C’est pour cela que je me suis engagé plus particulièrement comme ambassadeur. Cette dernière intègre d’ailleurs le droit de la mère, la fragilisation des mamans... Cela touche tous les droits de l’Homme en général. On a trop souvent l’habitude de compartimenter. Mais l’environnement, les droits de l’Homme, c’est un ensemble. Pour moi, une société qui fonctionne, c’est une société qui soutient le plus fragile, et non qui le rejette.

Sur un sujet plus léger, vous avez commenté pour la 27e fois en mai dernier le suivi en direct l’Eurovision. Comment analysez-vous le succès du candidat national, Luca Hänni, arrivé en quatrième position. Qu’en avez-vous pensé?

C’était une édition intéressante car il y avait vraiment une recherche d’autres formes de chansons, et pas seulement sur le thème de la discrimination. Pendant longtemps, on a eu ce sujet qui a culminé avec Conchita Wurst, ou encore Netta... Là, on retravaille avec les compositeurs, plus qu’avec les interprètes. Il y avait un gros travail de composition des chansons cette année. On revient à l’essentiel de l’Eurovision, qui est la fusion de la création d’un titre et de son interprétation.

«La chanson était moyenne, et son interprète n’était pas vraiment un chanteur...»

Autrement dit, moins de spectaculaire?

Non, par forcément: il peut y avoir du spectaculaire dans la mise en scène. Mais on a vu un contre-exemple cette année. L’échec de la France, qui est arrivé au seizième rang, alors que ça partait d’une bonne idée, de la lutte contre les discriminations. Sauf que cela a déjà été fait. Ce sujet a déjà été mis en avant. Et puis, la chanson était moyenne, et son interprète n’était pas vraiment un chanteur... La mise en scène a essayé de rattraper la prestation, mais ce n’était pas ça. Il y a eu une erreur de casting dans tous les sens. Ce n’est pas parce que vous faites un buzz dans votre pays, que vous allez faire un buzz dans le monde entier... Conchita Wurst avait une bonne chanson et la qualité d’interprète. Le candidat suisse de cette année était consensuel, mais consensuel de qualité, ça pouvait toucher tout le monde. Il y avait un sens, un travail d’écriture. Chacun pouvait s’y reconnaître.

En tant que spécialiste, comment pensez-vous que l’Eurovision va continuer d’évoluer?

La course au plus gros spectacle est finie. Ça va revenir à une forme de simplicité, même s’il y a encore du show. Ce ne va plus être la priorité. La chanson d’abord, comme cette année.

«Je profite de l’Eurovision des chœurs qui aura lieu en Suède pour visiter.»

Quels seront vos projets TV à la rentrée?

Il y aura un immense projet populaire, qui est la «Fête fédérale de musique populaire», à la fois folklorique et traditionnelle, et qui réunira entre 80 000 et 100 000 personnes à Crans-Montana, du 19 au 22 septembre prochain. A cette occasion, il y aura aussi la finale «Top Junior Musique», diffusée en live sur les quatre chaînes avec vote du public. C’est un concours qui réunit les musiciens de toute la musique populaire, de moins de 25 ans. Des fanfares, des chœurs, des accordéons... toutes sortes de groupes qui se sont qualifiés et qui se mesureront le 21 septembre à 15h.

Avec ce programme estival chargé, vous partirez quand même en vacances?

Je vais prendre une semaine et demie. Je profite de l’Eurovision des chœurs qui aura lieu en Suède pour visiter. C’est un pays que je connais assez bien et je vais en profiter avec ma famille.

A venir:

- Le «Kiosque à Musiques» le 20 juillet en direct de Vevey, diffusée sur La Première

- La Fête nationale du 1er août, diffusée à 20h10 sur RTS Un, en direct de Vevey

- «Chœur Eurovision», le 3 août à 20h30 sur RTS Un

- «Fête fédérale de musique populaire» et finale «Top Junior Musique», diffusée en direct sur RTS, le 21 septembre à 15h

- «Cœur à Cœur», prochaine édition en décembre 2019

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