Au lendemain de la disparition d'Alain Delon, qui a donné lieu à une pluie d'hommages au-delà des frontières, de l'Italie au Japon, la France prépare ses adieux à une des icônes du cinéma français dans le monde.
"Iconique": Les gens réagissent au décès d'Alain Delon
Icône du cinéma mondial, acteur instinctif à la beauté incandescente mais aussi réac assumé à l'ego énorme, Alain Delon s'est éteint dimanche à l'âge de 88 ans. Réactions de cinéphiles dans les rues de Paris.
19.08.2024
Anthony, Anouchka et Alain-Fabien Delon, ses trois enfants, vont devoir piloter les obsèques de la légende du 7e art.
Un hommage sera-t-il organisé ou les obsèques se tiendront-elles dans la stricte intimité, avec les proches ou les gens du métier?
Delon souhaitait être enterré chez lui, près de ses chiens, dans sa propriété de Douchy (Loiret), où il s'est éteint. Il avait engagé des démarches en ce sens et la préfecture a donné un accord de principe.
Une cérémonie à Douchy est envisageable si c'est la «volonté» des trois enfants de la star, a estimé lundi le maire de la ville, Abel Martin. Mais «c'est une petite église et ce serait compliqué de laisser des gens à l'extérieur», a t-il déclaré à l'AFP. «Si c'est leur décision, on le fera».
Devant le domaine où la légende du 7e art s'est éteinte, des anonymes continuaient de déposer des fleurs lundi même si l'effervescence a quelque peu diminué.
«C'était mon idole», a confié Nadine Delavaud, lunettes de soleil sur le visage, venue tôt lundi d'un village à 4 kilomètres pour déposer une rose. «Maintenant, c'était sa demande qu'il soit enterré ici et ce serait bien que ce soit respecté et que ses enfants acceptent tous ce souhait-là».
«Rugueux»
Acteur du «Guépard» et du «Samouraï» qui faisait la quasi-unanimité, mais aussi personnalité qui divisait par ses positions réactionnaires, son ego ou son machisme, Delon fascinait et divisait à la fois.
«Cet homme était rugueux, c'est le moins qu'on puisse dire, mais malgré tout, j'avais beaucoup d'affection, sincèrement, pour lui», a confié lundi sur RTL Patrice Leconte qui l'avait fait tourner avec Jean-Paul Belmondo dans «Une chance sur deux» (1998).
Nathalie Baye qui a été sa partenaire dans «Notre histoire» (1984), film qui avait valu à Delon son unique César, a salué sur franceinfo «quelqu'un de très attachant et de très secret. Ce n'était pas l'homme le plus rigolo» qui soit, mais il était «très attachant».
Avec sa mort, c'est une époque qui prend fin, une page de l'histoire du cinéma français des années 1960-1980, tout puissant et envié à l'international, qui se tourne.
Delon est parti après la plupart de ceux qu'il a aimés ou avec qui il a travaillé, Jean Gabin, Lino Ventura, Romy Schneider, les réalisateurs italiens Luchino Visconti ou Michelangelo Antonioni.
Après la mort de son ami, l'immensément populaire Jean-Paul Belmondo en 2021 et celle de Delon, la dernière légende vivante de cette époque reste Brigitte Bardot, 89 ans, retirée depuis des décennies du métier.
Delon laisse «un vide abyssal que rien, ni personne, ne pourra combler», a-t-elle écrit dans un message adressé à l'AFP.
Presse mondiale
Signe que son aura continuait de dépasser largement les frontières, la presse internationale a dédié une large place à son décès.
Aux Etats-Unis, le New York Times, le Washington Post ou encore le New York Post lui ont consacré des nécrologies.
«Beau et hypnotique, Alain Delon était l'une des stars les plus mystérieuses du cinéma», a résumé le critique du Guardian Peter Bradshaw.
Pour le Spiegel allemand, qui garde de Delon une photo avec Romy Schneider, l'une de ses grandes histoires d'amour, il était «le James Dean européen».
Son autre pays de coeur, l'Italie, où il a mené toute une partie du début de sa carrière, lui consacrait également les gros titres.
Au Royaume-Uni, la BBC loue un acteur qui «faisait battre le coeur des fans dans n'importe quel rôle, de celui d'un assassin à celui d'un charismatique escroc».
L'acteur espagnol Antonio Banderas, installé à Hollywood, a été un des premiers à lui dire «au revoir». Le cinéaste indépendant américain Jim Jarmusch a salué sur Instagram «le gangster à la gueule d'ange».
Et son influence ne s'arrête pas là. «Il était idolâtré au Japon pour son charme et sa gestuelle dans ses films», rappelle le diffuseur japonais NHK sur son site.
En France, tous les quotidiens nationaux lui consacrent leur Une. Le Figaro, comme Le Parisien saluent «le dernier samouraï», Libération a titré «Plein sommeil» sur une photo noir et blanc de l'acteur, clope au bec.