Interview Margot Robbie, héroïne de «Moi, Tonya»: «J’ai sous-estimé le patinage artistique»

Marlène von Arx, à Hollywood

25.2.2018

La patineuse artistique Tonya Harding a-t-elle été affublée à tort du surnom de sorcière? C’est à cette question que Margot Robbie tente de répondre dans le film «Moi, Tonya». Elle a elle-même produit cette comédie noire, trois fois nommée aux Oscars.

«Bluewin»: Margot Robbie, que vous inspirent les Jeux olympiques?

Margot Robbie: En tant qu’Australienne, je me suis plutôt concentrée sur les Jeux d’été jusqu’à présent. Je me souviens très bien lorsque l’Australie a organisé les jeux en 2000 et que Cathy Freeman a remporté l’or au 400 m. C’est mon souvenir le plus cool. J’ai également toujours trouvé le saut à la perche fascinant. Aujourd’hui, naturellement, je regarde aussi le patinage artistique aux Jeux olympiques d’hiver.

Dans votre nouveau film, «Moi, Tonya», vous jouez le rôle de la patineuse controversée Tonya Harding, qui a attiré l’attention de tous en son temps. Comment vous débrouillez-vous sur la glace?

J’ai indiscutablement sous-estimé le patinage artistique. Enfant, j’ai patiné une poignée de fois, mais quand je suis partie vivre à Los Angeles, j’ai intégré une équipe de hockey sur glace, même si je ne savais pas vraiment patiner – j’étais bien rembourrée lorsque je tombais. Bien sûr, c’était différent en patinage artistique. Aujourd’hui, je pense davantage aux conséquences que lorsque j’étais gamine - par exemple que je peux me casser quelque chose. Lorsqu’on est petit, on tombe de moins haut que lorsqu’on est adulte!

Est-ce que vous vous êtes fait mal?

Oui, je me suis fait mal plusieurs fois, sans même essayer de sauter. [Rire] Quel sport de dingue! J’ai regardé des patineurs répéter leurs doubles ou leurs triples axels et heurter violemment la glace. Je ne sais pas comment ils arrivent à se relever et à recommencer. Et le lendemain, c’est reparti pour un tour! Quand ils réussissaient un saut, j’étais tellement contente pour eux que j’en avais les larmes aux yeux. C’est si difficile un triple axel. Même les cascadeurs n’y arrivent pas. Je crois que depuis Tonya, seules six femmes ont réussi cet exploit en compétition.

Après une attaque orchestrée par un ami visant à blesser au genou sa principale rivale aux JO, Nancy Kerrigan, le «Spiegel» a surnommé Tonya Harding la «sorcière de glace». Que saviez-vous de ce crêpage de chignon remontant à 1994?

Rien. J’avais à peine quatre ans lorsque le scandale a éclaté. Quand j’ai lu le scénario, j’ai cru que c’était une pure fiction. J’ai donc pu aborder l’histoire sans aucun préjugé. Car pour moi, Tonya n’est pas un monstre, elle est juste comme tout un chacun victime des circonstances qui l’entourent.

Le film est davantage axé sur la relation de Harding avec sa mère et son mari Jeff que sur la rivalité sportive. Ils la battaient tous les deux. Comment peut-on faire une comédie sur le thème de la maltraitance?

Nous en avons beaucoup parlé en amont et nous avons décidé de laisser les protagonistes s’exprimer directement devant la caméra. Cela donne l’impression que Tonya prend de la distance sur le plan émotionnel dans ces moments. C’est également probablement ce qu’elle a fait dans la réalité, sinon, elle ne serait pas restée si longtemps prisonnière de ce cycle de violence. Et elle ne se présente pas vraiment comme une victime non plus. Elle n’a pas hésité à riposter.

Vous avez coproduit le film avec votre mari Tom Ackerley. Y a-t-il eu des conflits?

Heureusement, notre relation ne ressemble pas du tout à celle de Tonya et Jeff, et même ce film n’a pas réussi à nous opposer. Généralement, on ne se dispute jamais. Cela peut sembler étrange, mais nous n’avons pas besoin de nous crier dessus pour savoir que nous nous aimons.

Il faut dire que vous n’êtes mariés que depuis un an. En quoi cela a-t-il changé votre vie?

Je suis très heureuse. Même si avoir un chien a changé ma vie bien plus que tout le reste.

Dans quelle mesure?

Je suppose que c’est comme avoir un enfant: on est responsable d’un être vivant et on devient moins égoïste. On sort beaucoup moins maintenant. Si des amis veulent sortir boire un verre, on leur dit que ce n’est pas possible parce que nous devons rester à la maison pour nourrir le chien. Mais il faut aussi voir le côté positif de ce changement. Je suis sûre que c’est bon pour Tom et moi de nous coucher plus tôt.

Vous aimiez faire la fête?

Non, mais parfois, les gens pensent que lorsqu’on fait du cinéma, on passe ses journées sur un yacht et ses soirées dans des réceptions chic. Tourner un film n’est pas si glamour qu’on le pense. La plupart du temps, on est accroupi dans un coin sur un parking et il n’y a que des toilettes mobiles.

Pour finir, ce film «peu glamour» est nommé trois fois aux Oscars, dans les catégories «meilleure actrice», «meilleur second rôle féminin» et «meilleur montage». Comment Tonya Harding a-t-elle réagi au film?

Elle n’a pas eu de droit de regard sur le film et d’ailleurs, elle n’était pas présente sur le tournage, mais je pense qu’elle était contente qu’on montre l’histoire sous un autre angle. Dans notre film, elle n’est ni victime, ni héroïne. Cependant, elle n’est certainement pas d’accord avec la façon dont Jeff décrit sa vision des choses.

La façon dont se conduit LaVona «Sandy» Golden, mère et entraîneuse de Tonya, jouée par Allison Janney, donne également la chair de poule …

Allison est géniale, n’est-ce-pas?! Je lui ai même demandé de me tabasser [Rire]. Tonya et sa mère n’ont plus aucun contact depuis dix ans. Tonya ne savait même pas si elle était encore en vie. Mais entre-temps, nous avons appris qu’elle était toujours vivante. Je crois que Tonya veut avant tout être une bonne mère, c’est-à-dire à l’opposé de la sienne. Pour autant que je sache, elle aime son fils et elle est fière de ne pas être devenue comme sa mère.

Vous étiez également une enfant ambitieuse. Aviez-vous aussi une mère ambitieuse?

Ma mère n’est pas du tout comme la mère de Tonya dans le film, et elle ne s’est jamais impliquée quand j’ai débuté ma carrière d’actrice. Elle était seule à nous élever et devait travailler beaucoup pour subvenir à nos besoins. Quand on allait au cinéma, on emmenait notre pop-corn de la maison pour faire des économies. Ma famille pensait que jouer la comédie était un passe-temps et qu’il faudrait que je cherche un jour ou l’autre un vrai travail. Ils ont commencé à me prendre au sérieux et à penser que je pourrais vivre de mon métier lorsqu’ils m’ont vue sur une immense affiche à Times Square. Mais je suis contente de ne pas avoir grandi dans le monde du cinéma. Cela me permet aujourd’hui de bien faire la part des choses entre vie professionnelle et vie familiale.

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