Interview Roland Vouilloz: «Il n’y a pas de clichés suisses dans cette série»

Aurélia Brégnac / AllTheContent

7.11.2019

C’est l’une des séries les plus attendues de cette fin d’année. «Helvetica», une fiction en six épisodes diffusés à partir de ce jeudi 7 novembre sur RTS Un, propose une immersion dans les plus hautes sphères du pouvoir helvétique. Un thriller réalisé par Romain Graf, qui s’invite dans les coulisses du Palais fédéral, au cœur d’une affaire d’espionnage d’ampleur internationale.

Roland Vouilloz incarne dans la série le personnage de Rainald Mann, un flic atypique qui assiste aux premières loges à ce scandale d’Etat. L’acteur de 55 ans explique à «Bluewin.ch» en quoi cette fiction se révèle être un pari audacieux. Il en profite aussi pour nous confier ses projets tous azimuts, entre comédie, théâtre, télé, musique et cinéma…



Ce jeudi 7 novembre seront diffusés sur RTS Un les deux premiers épisodes de la série «Helvetica». Il est question d’un thriller dans les hautes sphères du pouvoir helvétique. Pouvez-vous nous en dire plus? Quel personnage incarnez-vous?
J’incarne Rainald Mann, un inspecteur de la police fédérale, de la FedPol, un chef de la section antiterrorisme. C’est un flic atypique, un franc-tireur; un peu un flic de la vieille école, qui est hyper efficace, d’une grande franchise, et qui fait fi de la hiérarchie parfois pour arriver à ses fins. Ça lui joue des tours. Ce qui fait la richesse de ce personnage, c’est aussi qu’on découvre son passé au fil des épisodes. On comprend rétroactivement son comportement dans les premières parties de l’histoire.

Au niveau du scénario, c’est un thriller d’espionnage. Mais ce qui fait la particularité de la série, c’est aussi la drame familial. Le personnage central est une femme de ménage d’origine albanaise, du Kosovo, qui travaille au Palais fédéral et qui va se retrouver dans une histoire impossible. Elle est mariée à un Suisse et a deux enfants. Donc on suit ce personnage dans le thriller mais aussi dans sa vie, son histoire familiale. Ce sont ces deux histoires en parallèle et imbriquées qui font l’originalité de la fiction.

«Là, c’est plutôt un thriller d’espionnage.»

On associe déjà la série à des productions américaines telles «House of Cards» ou la série danoise «Borgen». Pensez-vous que cette comparaison soit justifiée?
Non, ça n’a rien à voir avec ça. Ce n’est pas un thriller politique comme ces deux séries. Là, c’est plutôt un thriller d’espionnage. Ça se démarque.

En quoi est-ce novateur sinon?
Il n’y a pas de clichés suisses dans cette série. Normalement, on est très pudique en Suisse… Là, on suit une femme qui utilise des moyens un peu étranges. Elle joue un jeu dangereux dans la série. Et on montre aussi un pouvoir qui est désinhibé. Les scénaristes se sont d’ailleurs beaucoup penchés sur la plausibilité de tout ce qui se joue.

«Ici, en Suisse, on ne sait rien de la vie intime des gens de pouvoir.»

De quels clichés parlez-vous?
Ici, en Suisse, on ne sait rien de la vie intime des gens de pouvoir. Là, on la voit de manière assez crue parfois. Je trouve ça intéressant, par exemple, la façon dont est incarnée la présidente de la Confédération dénommée Kathy Kunz, qui est interprétée par Ursina Lardi.

Savez-vous comment les politiques suisses pourraient accueillir cette fiction, qui est tout de même une vision très pessimiste des coulisses du pouvoir?
C’est la grande surprise! On a fait une projection à Berne au mois de septembre pour les gens du Parlement. Il y en a eu quelques uns qui sont venus, mais ils étaient tous très occupés par les votations fédérales. Mais il y a eu du public, c’était intéressant de confronter leurs visions, même s’ils n’ont pu voir que le premier épisode. Sinon, il n’y a pas encore vraiment de retours. Mais bientôt.

«On sait que la Suisse produit beaucoup d’armes… Mais je ne vais pas spoiler la série.»

Selon vous, de telles zones d’ombres au sommet du pays concernent-elles aussi la Suisse? Un scandale d’Etat, comme dans la série, pourrait-il vraiment arriver?
Oui, je crois. Romain Graf, qui est le scénariste et réalisateur, est très attaché à la crédibilité. Il est pointu là-dessus. Il a rencontré des politiques au sommet du pouvoir pour leur demander, comme à des experts, si des événements comme ça seraient possibles. Le cœur de la situation dans «Helvetica» touche a beaucoup de choses. On sait que la Suisse produit beaucoup d’armes… Mais je ne vais pas spoiler la série. Il y a des choses en jeu qui sont énormes. C’est de la fiction mais qui pourrait être possible, dans le réel.

La série a reçu le Prix de la «Meilleure fiction francophone étrangère» au Festival de la Fiction de la Rochelle. Comment avez-vous accueilli cette récompense?
Nous sommes très heureux, évidemment! Il y a tellement de monde qui a travaillé sur le projet… C’est trois ans de boulot, il y a 100 personnes à la production et postproduction, 65 acteurs et plus de 200 figurants à l’écran. Donc c’est une grosse, grosse entreprise. Il y a aussi cela de particulier qu’au-delà du fait que ça se passe sous la Coupole fédérale, c’est aussi une des premières séries nationales. La moitié de l’équipe est suisse-allemande, il y a des acteurs suisses-allemands, ça parle plusieurs langues… D’ailleurs, elle sort maintenant en Suisse romande, puis en janvier-février, en Suisse alémanique, et dans la foulée, également au Tessin.

«La force de «Helvetica», c’est que tous les rôles, mêmes les petits rôles, sont crédibles.»

Pouvez-vous nous retracer votre parcours en tant que comédien?
C’est ma cinquième série en tant que comédien. Je trouve qu’il y a une progression qualitative énorme de ce côté-là en Suisse romande. La RTS a mis en place une politique de développement de projets autour des séries qui est vraiment très intéressante. La force de «Helvetica», c’est que tous les rôles, mêmes les petits rôles, sont crédibles. C’est aussi ce qui fait la force d’une série. C’est un soin tout particulier qu’a apporté Romain Graf, le réalisateur, pour réunir une fantastique équipe. Moi, je suis très, très heureux de la série, très curieux et excité de voir comment le public va suivre cette histoire!

Quels seraient les rôles qui vous intéresseraient pour la suite?
J’ai toujours fait des rôles très différents les uns des autres. Là, c’est un rôle particulier. Et en même temps, les scénaristes (Romain Graf, Thomas Eggel et Léo Maillard, ndlr) ont écrit le rôle en pensant à moi, parce qu’ils me connaissaient très bien. C’est un atout. C’est formidable la confiance que l’on me fait quand on me propose des rôles comme celui-là. C’est toujours un peu l’inconnu. Mais je me suis, comme à chaque fois, lancé à corps perdu dans le projet. Et j’étais vraiment passionné par mon personnage, par le tournage, et la rencontre d’acteurs que je ne connaissais pas – comme, par exemple, Flonja Kodheli, qui tient le rôle de la femme de ménage. On a été à fond dans le projet.

«J’étais fasciné par Leonardo DiCaprio. C’est un acteur à montrer dans toutes les écoles d’acteurs.»

Quels acteurs vous inspirent?
Il y en a beaucoup… J’ai de la peine à dire. J’aime les acteurs et les actrices. Je fais ça depuis 30 ans maintenant, je connais ce métier. Et je suis toujours admiratif de ceux qui font le choix de se lancer là-dedans et d’accepter de se donner, et de perdre un peu du contrôle – car le cinéma et la télévision, c’est un peu ça. On accepte de se donner. Maintenant, si je devais citer des noms… il y en a tellement! La liste serait longue. Je suis fasciné par les gens qui jouent, qui incarnent d’autres tout en étant eux-mêmes. Je suis un grand passionné des acteurs.

Quel récent film avez-vous particulièrement aimé?
Le dernier Tarantino («Once Upon a Time in Hollywood», ndlr). J’étais fasciné par Leonardo DiCaprio. C’est un acteur à montrer dans toutes les écoles d’acteurs. Il a une telle intelligence de l’image.

Vous avez déjà d’autres projets en cours?
Il y a la deuxième saison de «Helvetica», et puis plusieurs spectacles en route. Je fais aussi de la musique, c’est très important dans ma vie. Je chante, je fais du violon, du piano, du violoncelle et des percussions. J’aime l’art vivant en général. Pour moi, c’est un tout. J’ai aussi d’autres désirs… j’aimerais qu’on me propose un rôle au cinéma.

Quels types de film vous intéresseraient?
Je n’ai pas de genre en particulier. Cabaret, stand-up, rôles de tragédie ou de comédie… tous les genres m’intéressent. Là, je viens de jouer dans une comédie au cinéma, «Tambour battant». Je crois que je ne suis pas vraiment catalogable. Il y a encore beaucoup de choses que j’ai envie d’explorer… Je ne suis pas encore au bout de ma curiosité. J’ai plein de projets: un monologue au théâtre, le quatrième que je fais… J’ai envie d’explorer mes multiples facettes. J’espère qu’on me donnera encore l’occasion d’en découvrir et d’en montrer beaucoup.

Les deux premiers épisodes de la série «Helvetica» sont à voir dès ce jeudi 7 novembre, à 21h10 sur la RTS Un. Avec Swisscom TV Air, vous profitez gratuitement de Swisscom TV sur votre ordinateur, votre tablette et votre Smartphone. Ainsi, vous pouvez regarder Swisscom TV, vos enregistrements inclus, où que vous soyez.

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