Interview Roseanne Barr, fan de Trump: «J'espère que la série servira de trait d'union»

Marlène von Arx, chroniqueuse à Hollywood

31.3.2018

La série «Roseanne» est de retour et avec elle, son personnage principal Roseanne Barr. Lors d'une interview accordée à «Bluewin», l'actrice de 65 ans a évoqué son admiration pour Donald Trump et ses disputes incessantes avec ses enfants.

Dans les sitcoms des années 80, tout était chic et beau. Puis est arrivée la série «Roseanne», qui a révolutionné la télévision en suivant la vie d'une famille d'ouvriers. Roseanne Barr (65 ans) surfe désormais sur la tendance des reboots et relance sa sitcom à succès, avec le casting de l'époque. L'humoriste nous parle de sa nouvelle douceur, de son admiration pour Donald Trump, de sa ferme à Hawaï et de ses disputes incessantes avec ses filles.

«Bluewin»: «Roseanne» revient après 21 ans d'absence. Qu'est-ce qui a changé?

Roseanne Barr: J'ai pris de l'âge et j'ai surmonté la ménopause. Pour moi, cette période a été aussi déterminante que la puberté. Je pense que je suis devenue plus aimable, plus mesurée et moins capricieuse.

Est-ce bon pour la série?

Je ne sais pas. En tout cas, ça l'a été pour ceux qui travaillent à sa réalisation. La Roseanne de la série est encore plus aimable que la vraie Roseanne.

Qu'est-ce que ça vous a fait de retourner dans l'ancien salon de la famille Conner?

J'étais plus qu'heureuse de retravailler avec mes amis. Mon décor préféré, c'est le canapé. Il est toujours aussi confortable qu'avant.

Portez-vous encore des vêtements de l'époque?

Bien sûr, le sweat poule est de retour! Ça signifie beaucoup pour nous — tant devant que derrière la caméra. À l'époque, ni la chaîne ni les producteurs ne le trouvaient à leur goût. Comme ils le trouvaient horrible, nous prenions un malin plaisir à le porter, encore et encore. Si nous l'aimions autant, c'est parce qu'il était affreux.

À quelle condition avez-vous accepté de faire ressusciter Roseanne Conner et sa famille?

J'ai demandé quelques garanties. Tout d'abord, je voulais pouvoir concrétiser mes idées et ne plus avoir à me battre comme avant. Au préalable, j'ai dit à Sara Gilbert, qui joue ma fille Darlene et produit désormais la série, que c'est elle qui se chargerait de discuter avec les gros bonnets. Je ne veux faire que ce que je fais le mieux: écrire — avec des auteurs qui me respectent et respectent les autres femmes. Ces derniers temps, vous avez certainement dû découvrir que ce n'était pas toujours le cas.

Il n'y a donc pas eu de dispute cette fois-ci?

Non, au contraire, je me suis sentie respectée et protégée. Beaucoup d'humoristes pensent que d'une certaine manière, ils doivent souffrir pour être drôles. C'est pourquoi beaucoup d'entre eux mènent une vie plutôt triste. Mais ce n'est pas comme ça que ça marche. Mon travail n'a jamais été aussi agréable. Je dis des choses qui sont évidentes, mais ignorées. Parfois, je me sens comme une extraterrestre quand je vois ce qui touche les gens aujourd'hui.

Contrairement à beaucoup de vos collègues à Hollywood, vous avez voté pour Trump. Quel est le degré d'engagement politique de la nouvelle série «Roseanne»?

Tout ce qui touche les travailleurs est politique. Nous abordons des sujets comme le système de santé et tous les autres problèmes actuels. Beaucoup de mes amis ont dû reprendre leurs parents, leurs enfants ou leurs petits-enfants à la maison, car ils ne pouvaient plus assumer leur maison. Des thèmes qui concernent les gens normaux et qu'on n'aborde pas assez dans le monde du divertissement. Je veux aider les gens à se sortir de leur détresse en leur montrant qu'on peut également rire de la misère.

Voyez-vous la série «Roseanne» comme un trait d'union dans une Amérique profondément divisée?

Oui, c'est ce que j'espère. Nous sommes trop divisés. Même dans ma famille. J'ai trois filles d'une quarantaine d'années et elles n'ont pas du tout la même façon de penser que moi. Nous nous sommes disputées et nous disputons toujours au sujet des élections. Je trouve ça triste. Pourquoi n'essaie-t-on pas de comprendre comment se sentent les gens et pourquoi ils ont fait ce choix? Il faut faire preuve de compassion envers les autres si on ne veut pas que notre existence tourne au cauchemar. Mais mes filles n'en ont que faire.

Manifestement, vous voyez en Donald Trump quelque chose que beaucoup ne voient pas…

Parce que leur point de vue est trop restrictif. Ils ne voient que ce qu'ils savent déjà. D'après moi, c'est une bonne chose que la Corée du Nord et bientôt l'Iran envisagent de réduire leurs programmes nucléaires respectifs. Je vois également d'un très bon œil le fait que Donald Trump cherche à se lier d'amitié avec Vladimir Poutine plutôt que de se livrer à une guerre nucléaire avec la Russie. Je pense que Trump veut la paix dans le monde. Nous verrons bien s'il atteindra son objectif. Je parie qu'il y arrivera.

Trouvez-vous ses tweets adaptés à son statut de président?

Je trouve qu'ils sont souvent drôles et je pense qu'il les écrit également dans ce sens. Il a un excellent sens de l'humour. C'est également un provocateur — je le comprends. Je l'ai rencontré il y a quelques années — il a été très gentil avec moi. Il a également fait une apparition dans une de mes émissions. C'est un penseur progressiste, alors attendons encore deux petites années et nous verrons si j'avais tort.

Revenons aux Conner: Johnny Galecki, qui jouait David, le petit ami de Darlene, et a connu la consécration grâce à la série «The Big Bang Theory», est lui aussi de la partie. Il a aujourd'hui presque plus d'expérience que vous en matière de sitcoms. Ça vous gêne?

Non, je considère Johnny comme mon propre enfant. Il a énormément de talent. Je suis vraiment impressionnée par les talents d'acteur de tous mes enfants télévisuels. C'était vraiment chouette de les revoir et je suis heureuse de savoir qu'ils ont tous réussi.

Êtes-vous restée en contact avec eux pendant toutes ces années?

Oui, car j'adore mettre mon nez dans les affaires des autres.

George Clooney a incarné le petit ami de Jackie avant de devenir une star…

Oui, il adorait en faire des tonnes, mais c'était si drôle. Un jour, il avait mis de la peau de poulet dans sa bouche en cachette et fait semblant de vomir des restes de poulet dans la poubelle. C'est tout lui.

Comment ça se passe en cuisine lors des réunions de famille?

À part moi, personne ne bouge le petit doigt! Je demande parfois aux enfants de m'aider ou d'éplucher les légumes, mais rien n'y fait. Ils restent scotchés devant leurs jeux vidéo. Chaque vendredi, je fais la cuisine pour dix personnes, mais ça me plaît. Quand je suis en cuisine, je préfère que personne ne s'en mêle. Une fois que tout le monde est assis à table, j'ai droit à cinq minutes de répit avant qu'une nouvelle dispute n'éclate. Je me mets alors en colère, leur demande de débarrasser — et je vais me coucher.

Avez-vous hérité votre style de conduite de votre mère?

Disons que je viens d'un milieu dans lequel les femmes sont à la tête du foyer, font tomber des murs avec leur humour et disent la vérité, même si elle est parfois difficile à entendre. Les maris sont moins impliqués. Ma mère a 84 ans et est la femme la plus remarquable que je connaisse. J'ai grandi à Salt Lake City, dans un des États les plus conservateurs des États-Unis. Ma mère a deux enfants homosexuels et s'est associée à mon frère pour mettre en place un projet de lutte contre le SIDA dans l'Utah, où l'homophobie était encore particulièrement forte à l'époque. Elle a beaucoup de courage et n'a cessé de me montrer qu'il fallait continuer à se battre, jour après jour. Comme ma grand-mère, elle a également un côté doux et très religieux. Ce sont des femmes de leur génération, fortes et fragiles à la fois. Et c'est ce que je suis.

Qu'avez-vous transmis à vos filles?

À leur adolescence, je me suis rendu compte que j'en avais fait des personnes beaucoup trop agressives, ce qui n'était pas bon du tout. J'ai dû les envoyer dans des centres éducatifs pour qu'elles apprennent à travailler en équipe. Cependant, la formation ayant fini par être supprimée, elles n'ont pas réussi à changer, et ça m'agace. Car je trouve qu'elles devraient m'obéir et elles ne le font pas, même si au bout du compte, j'ai toujours raison [rires]. Elles font toujours le contraire de ce que je dis — sauf lorsqu'elles l'entendent à la TV, de la bouche du journaliste CNN Anderson Cooper. Mais au moins, ce sont de bonnes mères.

Vous n'êtes pas du genre à abandonner, pas vrai?

Les acteurs abandonnent, mais je ne suis pas une actrice — je suis une humoriste et les humoristes n'abandonnent pas. Nous restons fidèles à ce que nous sommes, c'est pourquoi je dois avoir la peau dure. En vérité, j'ai une peau relativement fine, mais heureusement j'en ai beaucoup.

Cela fait plus de 15 ans que vous êtes en couple avec votre compagnon actuel, que vous avez rencontré sur Internet. Le fait que ces dernières années, vous vous soyez éloignée des feux des projecteurs vous a-t-il aidée dans votre relation?

Oui, probablement. Il s'agit en tout cas de ma relation la plus longue. Ce qui est sûr également, c'est que j'ai enfin trouvé la bonne personne. Il me secoue: il m'énerve, il m'inquiète — il a tout du compagnon de vie idéal.

Vous vivez dans une ferme de Big Island, à Hawaï. Pouvez-vous nous la décrire?

Nous avons 3000 noyers du Queensland, des champs de pommes de terre, une plantation d'ananas et des chèvres. Nous fabriquons du fromage de chèvre. J'ai plus de 18 hectares de terres et elles sont toutes cultivées, car j'ai des attaques de panique en ce qui concerne la nourriture: ainsi, si jamais je me perds au sein du domaine, j'aurai toujours bien une pomme de terre ou une papaye à manger en cas d'urgence. Mes petits-enfants et leurs parents travaillent pour moi et nous avons environ cinq employés. Tous m'appellent «tante» ou «mamie» — c'est super de faire partie d'un clan.

La nouvelle version de la série «Roseanne»

La série «Roseanne» a initialement été diffusée entre 1988 et 1997. Vingt ans plus tard, la matriarche Roseanne et son mari Dan Conner (John Goodman), qui est théoriquement revenu d'entre les morts, vivent toujours dans la même maison. Tout comme leur fille Darlene (Sara Gilbert), mère célibataire de deux enfants, dont un garçon qui adore porter des vêtements de fille. Leur fils D.J. (Michael Fishman) est un soldat dont la femme sert en Afghanistan pendant qu'il s'occupe de leurs filles (noires). Leur fille Becky (première interprète, Alicia Goranson) est fauchée et joue les mères porteuses pour Andrea (deuxième interprète de Becky, Sarah Chalke). Et tante Jackie (Laurie Metcalf), désormais coach de vie, se lance sans cesse dans des débats politiques avec sa sœur Roseanne, qui soutient Donald Trump.

Aux États-Unis, la série «Roseanne» sera diffusée sur la chaîne ABC chaque mardi à partir du 27 mars. On ne sait pas encore quand et sur quelle chaîne sera diffusée la série chez nous.

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