En 2025Instabilité politique en France, Trump... : l’économie suisse mise à l'épreuve
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13.12.2024 - 10:06
L'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, des élections législatives en Allemagne en février et l'instabilité politique en France sont quelques-uns des facteurs qui vont peser sur la croissance suisse en 2025, avertissent les économistes, qui voient dans l'industrie traditionnelle un maillon faible risquant de pâtir de l'instabilité mondiale.
Donald Trump «érigera probablement de nouvelles barrières commerciales».
ats
Keystone-SDA, al
13.12.2024, 10:06
ATS
«Les tensions géopolitiques pèsent sur la croissance économique mondiale et donc sur l'économie suisse tournée vers l'exportation», avertit le chef économiste d'Economiesuisse, Rudolf Minsch. Le commerce extérieur de la Confédération – dont les premiers clients sont l'Union européenne et les Etats-Unis – représentent en effet deux tiers du produit intérieur brut (PIB) du pays.
Le PIB mondial devrait croître de 3,2% cette année et de 3,3% en 2025 et 2026, soit un peu en dessous de la moyenne entre 2013 et 2019 (3,4%), selon les projections de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
Dans l'UE, l'Allemagne représente environ 20% des échanges commerciaux avec la Suisse, suivie par l'Italie (9%) et la France (6%), selon les données du Département fédéral des Affaires étrangères. Alors que d'importants scrutins sont prévus l'année prochaine en France et en Allemagne, l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche n'arrangera pas les affaires des exportateurs suisses.
Le futur président des Etats-Unis «érigera probablement de nouvelles barrières commerciales, auxquelles d'autres pays réagiront avec des mesures de rétorsion», a souligné M. Minsch. En novembre, M. Trump avait annoncé imposer des droits de douane de 25% sur les produits en provenance du Mexique et du Canada, ainsi que des taxes supplémentaires de 10% sur les produits chinois. Il n'a pas encore fait de déclaration sur la Suisse, mais cette dernière pourrait souffrir d'une guerre commerciale tous azimuts lancée par Washington.
L'arrivée du bouillant milliardaire à la Maison Blanche «risque de provoquer d'importantes secousses dans le commerce mondial», a abondé Claude Maurer, économiste en chef de l'institut BAK Economics. Les guerres en Ukraine et au Proche-Orient peuvent quant à elles susciter une pression inflationniste sur les matières premières. Dernier événement en date, le renversement du président syrien Bachar al-Assad pourrait redistribuer les cartes dans la région et provoquer une volatilité accrue.
S'ajoute à cela la faible demande qui pénalise actuellement l'industrie des machines et de l'horlogerie, des secteurs tournés vers la Chine et l'Allemagne qui souffrent actuellement d'un ralentissement économique, a poursuivi l'expert de la faîtière des entreprises suisses.
Solide consommation des ménages
«L'industrie traditionnelle souffre du potentiel de croissance limité en Europe, surtout en Allemagne», a abondé M. Maurer. Et il ne faut pas oublier la vigueur du franc qui renchérit le coût des produits helvétiques à l'étranger. La monnaie suisse, après s'être affaiblie fin mai face à l'euro, a quasiment retrouvé son niveau de fin 2023, s'échangeant autour de 0,9342 EUR/CHF. Par rapport au dollar, le franc s'est par contre quelque peu relâché à actuellement 0,8932 USD/CHF.
Pour Fredy Hasenmaile, chef économiste de Raiffeisen, «l'industrie reste le talon d'Achille de la conjoncture», à l'exemple des difficultés des aciéristes Swiss Steel et Stahl Gerlafingen qui sont pénalisés par la faible demande dans le secteur automobile mondial. «Aucune amélioration des carnets de commandes ne semble se dessiner», a-t-il souligné, ajoutant que «les projets d'investissement dans l'industrie pour l'année prochaine restent donc modérés».
Le commerce extérieur devrait tout de même sauver la mise grâce à la solide performance de l'industrie chimique et pharmaceutique, en tête des exportations suisses grâce essentiellement aux ventes des géants Roche et Novartis, a ajouté M. Hasenmaile. Les médicaments sont par ailleurs largement exemptés des droits de douane aux Etats-Unis, ce qui devrait leur éviter de subir les hausses de taxes voulues par Donald Trump.
La Confédération devrait aussi s'en sortir grâce à une solide consommation intérieure. «Les ménages profitent des hausses de salaires (...) et du faible taux de chômage», alors que «l'Etat consomme également de manière soutenue», a détaillé Rudolf Minsch. Economiesuisse table en effet sur une accélération de la consommation privée de 1,6% en 2025, après 1,5% cette année.
L'expert de Raiffeisen a également constaté que les perspectives en matière de consommation se sont améliorées, portées par la croissance de l'emploi. Un faible taux d'inflation devrait ainsi renforcer le pouvoir d'achat des ménages suisses.