RetardsLa chaîne du vélo électrique en Suisse est grippée
ck
25.6.2021 - 10:12
La pénurie mondiale de semi-conducteurs, nécessaires aux batteries, mais aussi d'autres composants plus classiques pour les vélos électriques, touche le marché suisse, alors que la demande pour ce mode de transport ne se dément pas.
Keystone-SDA, ck
25.06.2021, 10:12
25.06.2021, 10:33
ATS
«Les pénuries sont globales et les délais se sont allongés avec la pandémie», a résumé auprès d'AWP Ivan Steimer, membre de la direction du fabricant de vélos électriques Watts à Genève. Même son de cloche du côté de Swiss E-Mobility Group (SEMG), qui détient une trentaine de magasins M-way spécialisés dans la vente de ce type de deux-roues.
«La demande est en hausse par rapport à 2020, qui avait déjà connu un essor. Dans le même temps, les interruptions dans les chaînes internationales de production et d'approvisionnement posent toujours problème», a expliqué Reto Waeffler, son directeur général.
Selon lui «cela concerne aussi la pénurie dans le domaine des semi-conducteurs», nécessaires aux batteries électriques. Si les fournisseurs de la chaîne de magasins sont concernés en première ligne, le groupe subit «des retards de livraison et une hausse des prix d'achat et de logistique.»
SEMG développe des modèles sous les marques Cilo, Allegro, Simpel et Zenith en Suisse, qui sont fabriqués par des partenaires en Europe et en Asie. «Nous bénéficions de plusieurs livraisons par semaine», assure son patron, qui met aussi en avant «le développement interne et la flexibilité pour compenser la pénurie des composants». Pour autant, si un client «veut être sûr d'avoir un e-bike au printemps prochain, il devrait commencer à réfléchir à son achat dès maintenant».
Le vélo, un concentré de mondialisation
Au bout du lac Léman, Watts produit entre 1000 et 1500 vélos électriques par an, «un peu moins en 2020 et sans doute en 2021, car les fournisseurs sont bloqués, notamment dans tout ce qui est mécanique, que ce soit la chaîne, le dérailleur, les pédales, les pneus mais aussi les composants», a expliqué M. Steimer.
L'entreprise achète les pièces, les batteries, les moteurs avec un an d'avance, puis les stocke. «Nous fonctionnons sur un cycle de six mois pour les commandes. Les dernières ont été passées quand cela allait encore, mais ce sera peut-être différent pour les prochaines. On essaye d'anticiper pour éviter les ruptures d'approvisionnements mais on sait que pour les connecteurs, qui servent à brancher les batteries, les délais sont passés de 6-8 semaines à 22 semaines».
Le produit en lui-même implique des risques dans la chaîne d'approvisionnement, car le vélo compte beaucoup de composants, «que ce soit l'aluminium des cadres, le caoutchouc des pneus ou les vitesses qui viennent d'entreprises qui ont des quasi-monopoles comme Shimano.»
Watts fait fabriquer des cartes électroniques en Suisse, la tôlerie en France ou encore les câbles en Italie et s'emploie à chercher d'autres fournisseurs ou d'autres composants en cas de difficultés. «Mais on ne peut pas changer de connecteurs, il faudra attendre.»
Engouement en plein essor
L'engouement suscité par les deux-roues à assistance électrique n'est pas près de se tarir. Bosch Suisse, filiale du groupe allemand qui équipe de nombreux vélos avec ses batteries, estime que la «croissance du marché en Suisse et en Europe est durable et va continuer à évoluer positivement dans les prochaines années», selon une porte-parole. Un vélo vendu sur deux dans les marchés clés devrait même être électrique.
En 2020, Bosch Suisse a vu ses résultats progresser, notamment grâce à la croissance de sa division Mobilité, assurée par les systèmes d'entraînement et d'assistance à la conduite pour les vélos électriques.
Pour répondre à la demande en micro-puces électriques, que ce soit pour l'automobile ou les outils électroniques, la maison-mère allemande a inauguré début juin une usine à Dresde, pour un investissement d'un milliard d'euros.
Reto Waeffler s'attend aussi à une forte demande en e-bikes d'ici 2022 et au-delà. «C'est pourquoi une grande partie des quantités à livrer ont déjà été commandées chez les fournisseurs pour 2023».