CriseLes hôtels urbains suisses vidés par le coronavirus
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14.2.2021 - 12:27
Il y a un an, les hôtels suisses voyaient l'avenir d'un oeil optimiste, après une année 2019 record. Puis la crise du coronavirus a éclaté, mettant particulièrement à mal les établissements urbains, délaissés par la clientèle d'affaires et les touristes étrangers. Plusieurs fermetures ont été recensées dans les grandes villes du pays.
«On s'aperçoit que l'année 2021 ressemble comme deux gouttes d'eau à 2020, voire même pire. Car au moins il y avait eu les bons mois de janvier et février l'an dernier», a déploré auprès d'AWP Thierry Lavalley, directeur du cinq étoiles Fairmont de Genève. En janvier, cet hôtel de luxe situé au bord du lac Léman tournait avec 5% d'occupation et 10% de ses 200 employés.
En janvier et février 2020, le nombre de nuitées hôtelières augmentaient encore de plus de 6% en Suisse, avant de s'effondrer avec le confinement instauré pour lutter contre la pandémie de coronavirus. Pendant la saison estivale, leur nombre s'est écroulé à Genève (-78%), dans la région zurichoise (-73%) et bâloise (-63%).
Rien qu'en novembre dernier, les hôtels genevois ont perdu plus de 130'000 nuitées par rapport au même mois de 2019 (-81%). Un plongeon de la même ampleur a été visible à Lausanne (-55'000) mais aussi à Zurich, où plus de 200'000 nuitées ont manqué ou encore à Bâle (-92'000).
«Cela commence et va sans doute continuer»
Du manque à gagner qui a pesé sur les finances. Les déboires de l'Atrium Airport Hôtel à Genève, qui a dû fermer et licencier son personnel, ont été médiatisés. Il risque de ne pas être le seul dans ce cas, prévient Jean-Jacques Gauer, président de l'Association romande des hôteliers (ARH).
«J'ai connaissance de plusieurs hôtels en cessation de paiement à Genève et à Lausanne, plutôt dans le moyen de gamme. Cela commence et va sans doute continuer, car il n'y a pas de chiffre d'affaires. Ils n'arrivent pas à faire face à leurs obligations. Il y a une aide du canton pour le loyer, mais il y a aussi le chauffage, l'électicité, etc, à payer», a-t-il expliqué à AWP.
Il estime également qu'il y a des surcapacités. «Regardez le nombre d'hôtels quatre étoiles autour des aéroports. Combien y a-t-il de centres de congrès dans ce pays, alors qu'il n'y a pas le marché?», a-t-il ajouté, en précisant qu'il y a eu «le même optimisme outre-Sarine».
Des ouvertures à venir à Genève
Adrien Genier, directeur de la Fondation Genève Tourisme & Congrès, note qu'"il y a eu des reprises comme le Beau Rivage par un groupe familial ou le Starling par Hilton, qui est un grand groupe qui a dû faire ses calculs. Investir dans l'hôtellerie est toujours intéressant à moyen terme, au-delà de la spéculation immobilière». Il assure également qu'"avant la pandémie, il n'y a jamais eu de problème de rendement pour les 122 hôtels que compte Genève, avec un taux d'occupation de plus de 65% en moyenne annuelle, comme Zurich. Actuellement, il y a des problèmes de trésorerie.»
A Bâle, les manifestations d'envergure comme Art Basel ou Baselworld ont été annulées, entraînant aussi des manques à gagner. Cet automne, le quatre étoiles Swissôtel Le Plaza, une marque du groupe français Accor, s'est retrouvé en cessation de paiement.
Idem pour le Swissôtel de Zurich, situé tout près de l'aéroport. Dans cette ville, d'autres fermetures ont eu lieu comme du X-Tra, à proximité de la gare. Le groupe Giardino, implanté au Tessin et dans les Grisons, a dû fermer l'hôtel Atlantis, au pied de l'Uetliberg, après sept ans d'exploitation. Les clients et le personnel «n'ont rien pu faire contre les défis mondiaux que l'année 2020» a suscités, est-il écrit sur le site internet.
Fin octobre, le quatre étoiles zurichois Ascot a aussi dû fermer ses portes, licenciant 40 personnes. La poursuite de l'exploitation d'un établissement de 74 chambres, avec 70% de clients en moins n'était plus possible, a expliqué son directeur dans une interview à 20minuten.ch.
Mais le marasme ne touche pas tout le secteur. Le groupe berlinois Meininger Hotels veut ouvrir deux établissements au début de l'été à Zurich et Genève. La Cité de Calvin qui compte déjà 17 hôtels cinq étoiles en comptera un de plus ce printemps, avec l'ouverture de The Woodward, du groupe allemand Oetker Collection. Adrien Genier l'assure, ce type d'établissement disposera «toujours» d'une «clientèle d'affaires, de diplomates, de loisirs, internationale et très diversifiée.»