Alimentation Nestlé France mis en examen dans l'affaire des pizzas contaminées

ck

5.7.2024 - 13:52

Nestlé France et sa filiale Société des Produits Alimentaires de Caudry (SPAC) ont été mis en examen en France suite au scandale des pizzas surgelées Buitoni Fraîch'Up, contaminées par la bactérie E. coli, ce qui aurait entraîné la mort de deux enfants et l'intoxication de dizaines d'autres en 2022.

Nestlé France et sa filiale Société des Produits Alimentaires de Caudry (SPAC) ont été mis en examen en France suite au scandale des pizzas surgelées Buitoni Fraîch'Up, contaminées par la bactérie E. coli, ce qui aurait entraîné la mort de deux enfants et l'intoxication de dizaines d'autres en 2022. (image d'illustration)
Nestlé France et sa filiale Société des Produits Alimentaires de Caudry (SPAC) ont été mis en examen en France suite au scandale des pizzas surgelées Buitoni Fraîch'Up, contaminées par la bactérie E. coli, ce qui aurait entraîné la mort de deux enfants et l'intoxication de dizaines d'autres en 2022. (image d'illustration)
IMAGO/PanoramiC

Keystone-SDA, ck

Deux chefs de mises en examen ont été retenus, «homicides et blessures involontaires et tromperie», a indiqué une porte-parole de Nestlé auprès de l'agence AWP vendredi. Contacté, le parquet de Paris n'a pas répondu dans l'immédiat.

«A la suite des événements tragiques survenus en France il y a deux ans, les juges d'instruction en charge du dossier ont mis en examen la Société des Produits Alimentaires de Caudry (SPAC), filiale de Nestlé France, et Nestlé France, respectivement les 2 et 4 juillet derniers», selon un communiqué transmis par Nestlé. «A ce stade, cette instruction pénale se poursuit et aucun jugement n'a donc été rendu», précise le groupe.

Dans le droit français, une personne soupçonnée d'infraction et contre laquelle il existe des indices graves ou concordants peut être mise en examen après avoir été présentée devant un juge d'instruction.

Attente des familles

Me Pierre Debuisson, qui défend les parents des deux enfants décédés et une trentaine de familles touchées, a expliqué auprès d'AWP qu'"il va encore y avoir des auditions, des investigations, pour déterminer qui a fait quoi».

«Il n'y aura pas de procès avant plusieurs années», a-t-il souligné. La mise en examen de Nestlé France et de sa filiale «dans la foulée des interrogatoires des dirigeants» est «une étape cruciale dans la compréhension» de l'affaire. Les familles «attendaient cela avec beaucoup d'impatience», selon l'avocat qui espère que cela «incitera les grands groupes agroalimentaires à renforcer leurs contrôles internes» afin de «garantir la sécurité alimentaire des consommateurs».

L'ONG Foodwatch France, qui avait porté plainte contre Nestlé en mai 2022, a souligné qu'il s'agit «d'un premier pas». Camille Dorioz, directeur des campagnes de l'organisation, a toutefois rappelé qu'"il faut être patient dans ce genre de cas». «Dans cette démarche, le but est de casser ce sentiment d'impunité des industriels, qui font ce qu'ils veulent, même si c'est à l'encontre de la santé des consommateurs», a-t-il complété.

La filiale hexagonale du géant alimentaire veveysan a ajouté dans son communiqué qu'elle «entend assumer pleinement ses responsabilités dans le cadre de cette affaire». De plus, «la SPAC et Nestlé France continueront de coopérer pleinement avec les juges d'instruction dans le cadre de la procédure en cours».

Me Debuisson a également assuré que dans le cadre de «l'accord inédit, équivalent à une 'class action' aux Etats-Unis» conclu avec Nestlé France au printemps 2023, «tous les versements ont été faits récemment» aux familles des victimes. Le montant n'a pas été divulgué.

Par ailleurs, l'avocat se pose «la question de savoir dans quelle mesure les distributeurs, qui sont aussi soumis à des contrôles sanitaires, peuvent voir leur responsabilité engagée». Me Debuisson a affirmé qu'il «envisage de lancer une action» contre «les grandes enseignes qui ont vendu des pizzas dans toute la France».

Enquête ouverte début 2022

Début mars 2022, les autorités sanitaires française ont fait savoir que des analyses avaient «confirmé un lien entre plusieurs cas de et la consommation de pizzas surgelées de la gamme Fraîch'Up de la marque Buitoni contaminées par des bactéries Escherichia coli», alors qu'un rappel massif de ces pizzas était déjà engagé depuis deux semaines.

Le même mois, le pôle de santé publique (PSP) du parquet de Paris avait ouvert une enquête pour «homicides involontaires», «tromperie» et «mise en danger d'autrui», après plusieurs cas graves de contamination par la bactérie Escherichia coli possiblement liés à la consommation de pizzas surgelées Buitoni. Des dizaines d'enfants français sont tombés malades, parfois gravement, et deux sont morts.

Un mois plus tard, le préfet du Nord avait interdit la production de pizzas au sein de l'usine Buitoni de Nestlé à Caudry. Celle-ci n'est désormais plus aux mains du géant romand. Début 2024, l'italien Italpizza a racheté l'usine de Caudry à Nestlé, qui avait justifié cette cession par la chute des ventes.

Peu avant 12h, l'action Nestlé grappillait 0,2% à 93,12 francs à la Bourse suisse, dans un indice vedette SMI en hausse de 0,3%.