Viticulture Neuchâtel champion des vins bio

ATS

14.7.2019 - 09:06

Parmi les gros cantons viticoles de Suisse, Neuchâtel est leader dans la vigne bio en pourcentage de surfaces et d'exploitations. Des vignes mécanisables, une part de viticulteurs professionnels élevée et une clientèle locale ont permis cette évolution.

«Contrairement à certaines croyances, le bio ne veut pas dire laisser la nature faire. Dans la vigne, qui est sensible à de nombreuses maladies, travailler en bio nécessite plus d'entretien et davantage de mécanisation car les traitements opérés sont moins efficaces que la chimie», a déclaré à Keystone-ATS Johannes Rösti, directeur de la station viticole neuchâteloise.

«Le grand défi du bio est la gestion des mauvaises herbes sous les ceps. On fait des essais pour trouver des techniques ou des produits efficaces», a expliqué l'expert.

Confusion sexuelle

Au niveau des insecticides, la Suisse n'en utilise déjà presque plus, aussi bien dans les exploitations bio que dans les conventionnelles. Un diffuseur de phéromones entraîne la confusion sexuelle du papillon – qui pond des vers de grappes – et celui-ci ne peut plus s'accoupler. Il en faut toutefois plus de 250 par hectare.

Dans son passage au bio, un des avantages de Neuchâtel, 6e canton viticole de Suisse, est d'avoir une majorité de vignes mécanisables et pas en terrasses ou en gobelets comme dans Le Lavaux et en Valais. «La mécanisation permet de maîtriser les coûts car se transformer en exploitation bio génère un surcoût», a ajouté l'expert.

Le canton de Neuchâtel a aussi une part de viticulteurs professionnels plus élevée que dans d'autres cantons. Cela a permis d'avoir l'assise financière suffisante pour faire les investissements nécessaires. Ainsi sur 54 exploitations, 17 sont en bio, soit un pourcentage de 31%. En termes de surface, près de 25% des 600 hectares de vignes neuchâteloises sont bio.

Vin cher, un avantage

La professionnalisation de la branche a joué un rôle favorable car «le bio nécessite du temps et de la précision et donc un niveau de formation élevé». Autre élément, les vignerons neuchâtelois exportent très peu hors du canton. «Il est plus facile d'expliquer sa démarche à une clientèle locale», a expliqué le directeur de la station viticole.

La cherté des prix des vins neuchâtelois a peut-être aussi joué en faveur du bio. «Un léger surcoût peut être absorbé», a précisé Johannes Rösti. «Quand on vend un chasselas à moins de 10 francs la bouteille, ça peut vous sortir du marché, si vous passez en bio et que votre prix augmente d'un coup de 30%«.

Et autre facteur favorable: le quota de production dans le canton est un des plus modestes de Suisse et se situe entre 800 et 900g par m2. «Cela permet plus de flexibilité car on cherche un rendement qualitatif. Et une vigne plus maîtrisée est aussi moins sensible aux maladies», a ajouté l'expert.

L'avenir du bio et même de la vigne en général est peut-être les cépages résistants qui ne nécessitent plus de traitements contre les maladies. «Car même dans le bio, on utilise du cuivre et du soufre pour traiter la vigne», a précisé Johannes Rösti.

Le Divico est un de ces nouveaux cépages résistants qui séduit de plus en plus. «En abandonnant un cépage au profit d'un autre, il faut toutefois recréer un univers marketing. Et changer de cépage est un investissement à long terme car il faut attendre cinq ans avant de pouvoir cueillir à nouveau quand on remplace des ceps de vigne par d'autres».

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