L'embellie aura été de courte durée pour l'aéroport de Lugano-Agno. Moins d'une semaine après l'annonce de la reprise fin octobre de la liaison vers Genève par la compagnie bernoise SkyWork Airlines, cette dernière a annoncé la cessation de ses activités avec effet immédiat, en raison de "l'échec des négociations avec un partenaire potentiel".
"Cela nous laisse un goût amer en bouche", a confié jeudi à AWP le directeur général (CEO) de la société d'exploitation Lugano Airport, Maurizio Merlo. Il ne cache pas sa déception face à la manière de faire "peu élégante" de son désormais ex-partenaire. "Pas même un appel, nous avons appris la chose par le communiqué d'hier soir", déplore l'ancien patron de Darwin.
L'annonce est d'autant plus surprenante pour la direction de l'aéroport que les négociations en vue de la reprise des opérations Lugano-Genève se sont déroulées "en toute transparence pendant des mois".
Pas un centime pour SkyWork
M. Merlo s'est toutefois dit soulagé par le fait que l'annonce soit intervenue maintenant et pas plus tard. Maigre consolation, la direction de l'aéroport n'aura pas à gérer des passagers laissées en rade comme lors du grounding de Darwin. Il a également assuré que "Lugano n'a pas versé un centime dans les caisses de SkyWork".
L'escale tessinoise, qui panse encore ses plaies suite à la faillite du transporteur local Darwin Airline, avait replongé dans le rouge en 2017, après seulement deux exercices positifs.
Dans son rapport annuel publié la veille, elle avait cependant laissé entendre que l'année 2018 se terminerait sur une perte, en raison du manque à gagner de la desserte de Genève, orpheline depuis la mise à pied de Darwin et maintenant celle de SkyWork.
Swiss comme planche de salut?
Les dirigeants de Lugano Airport vont tenir aujourd'hui une réunion de crise afin de décider de la suite des opérations. Le CEO place beaucoup d'espoir dans la compagnie Swiss, rappelant qu'en 2015, la filiale du géant allemand Lufthansa avait concurrencé Darwin (opérant alors sous les couleurs de Etihad Regional) sur la ligne Lugano-Genève.
A l'époque, la politique commerciale agressive de l'ex-Swissair s'était traduite en quelques mois par un doublement du nombre de passagers sur ce segment, rappelle M. Merlo. En novembre dernier, Jürg Christen, directeur des ventes de la compagnie à croix blanche avait pourtant déclaré sur la RSI ne pas voir "d'autres vols (que Zurich) au départ de Lugano qui pourraient être économiquement viables".
Regrets à Genève
A Genève, on regrette que la liaison pour Lugano ne se réalise pas. "Une reprise de ce projet dépendra de l'intérêt d'un opérateur national; en ce moment, il n'y a pas d'alternative", selon Taline Abdel Nour, porte-parole de l'Aéroport de Genève. "Nous allons relancer d'éventuelles discussions".
"Pour notre aéroport, cette liaison domestique joue un rôle important, notamment pour la communauté d'affaires, pour le tourisme et pour les liens confédéraux", ajoute Mme Abdel Nour. Il n'y a plus de vols entre Genève et Lugano depuis novembre 2017.
L'année dernière, le nombre de passagers avait plongé de 18,5% repassant sous la barre des 150'000, malgré une légère augmentation de ceux à destination de Zurich (+1,9% à 93'900). A l'apogée de ses activités dans les années 1990, l'aéroport avait accueilli jusqu'à 400'000 voyageurs par année.
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