Vincent Ducrot a pris mercredi les rênes des CFF. Le Fribourgeois, dont la première tâche sera de guider l'ex-régie fédérale à travers la crise du coronavirus, se dit «très bien préparé».
«Une période difficile s'ouvre. Nous ne savons pas combien de temps elle durera. C'est un défi. Mais c'est aussi la possibilité de voir la force d'une entreprise», a déclaré Vincent Ducrot, 57 ans, lors d'une téléconférence. Le Fribourgeois s'est également réjoui face aux nouveautés de la situation, comme le télétravail auquel 40% des collaborateurs des CFF sont astreints.
«Un engagement de tous les instants est nécessaire», a-t-il poursuivi. Et de se dire «très bien préparé». Toute une structure a été mise en place. Il s'agit dans un premier temps de stabiliser la situation, avant de redémarrer la machine lorsque les autorités le décideront.
Une affaire qui ne sera pas simple. Pour faire face à la crise du coronavirus, les CFF ont réduit leur offre d'environ 25% en trois étapes. L'opération sera bouclée le 2 avril avec une quatrième et dernière étape. Ces réductions resteront en vigueur au moins jusqu'au 26 avril.
Le nombre de voyageurs a chuté jusqu'à 90% en Suisse. Le trafic de fret national a été moins touché avec une baisse de 15% seulement. Le trafic de marchandise vers l'Allemagne a subi une diminution équivalente. La situation est en revanche bien plus difficile vers l'Italie. Seuls les produits de premières nécessités y sont acheminés, ce qui correspond à une baisse de 90% du traffic.
Pas d'agumentation des tarifs
Pour retrouver une situation normale, deux à trois phases seront nécessaires. Il faudra notamment planifier la composition des trains et reconstituer les équipes, mais aussi relancer les chantiers à l'arrêt faute de pouvoir respecter les mesures d'hygiène.
Vincent Ducrot a toutefois noté qu'il n'était pas question de vouloir absolument rattraper les retards au dépend de la ponctualité. Le changement d'horaire de fin d'année n'est, à ses yeux, pas en danger. Mais la situation dépendra beaucoup du chantier sur le tunnel de base du Ceneri.
«Les pertes financières ne peuvent pas encore être chiffrées. C'est trop tôt», a indiqué le Fribourgeois. Mais l'entreprise est touchée. Elle a déposé une demande de chômage partiel qui doit être examinée. L'évaluation des coûts dépendra aussi des solutions trouvées pour dédommager les détenteurs d'abonnement général qui représentent une grosse partie des recettes de l'ex-régie fédérale.
Pour l'instant, l'augmentation des tarifs n'est pas une option sur la table pour palier aux pertes financières. «Les clients ne doivent pas être pénalisés pour la crise», a affirmé le nouveau chef des CFF.
Interrogé sur les futures habitudes des voyageurs, Vincent Ducrot estime que deux scenarios sont possible: soit les Suisses se seront habitués au télétravail, soit ils auront envie de voyager après des semaines de semi-confinement. Lui-même penche plutôt pour la deuxième option. Il note toutefois que si la crise permet de mieux répartir les voyageurs tout au long de la journée, c'est une chance.
Bien connu des CFF
Vincent Ducrot succède à Andreas Meyer, 58 ans, en poste depuis 2007. C'est le premier Romand depuis près de 50 ans à la tête des CFF, la plus grande entreprise de transports en Suisse, employant environ 32'300 collaborateurs.
Le Fribourgeois est tout sauf un inconnu dans le monde des transports. Avant de devenir le patron des Transports publics fribourgeois en juillet 2011, il occupait depuis 1999 le poste de directeur Grandes lignes au CFF.
Ingénieur électricien diplômé de l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne, il est entré aux CFF en 1993. Responsable de la conduite de nombreux projets, il a notamment été la cheville ouvrière du concept de transport public dans le cadre de l'exposition nationale Expo.02. Depuis 2017, Vincent Ducrot, veuf et père de six enfants, est également vice-président de l'Union des transports publics.
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