Accident de canyoning 20 ans après le drame du Saxetbach

ATS

27.7.2019 - 06:04

Les souvenirs sont encore vivaces vingt ans après le drame du Saxetbach à Wilderswil (BE).
Les souvenirs sont encore vivaces vingt ans après le drame du Saxetbach à Wilderswil (BE).
Source: KEYSTONE/MARTIN RUETSCHI

La soirée du 27 juillet 1999 est gravée dans l'esprit d'un rédacteur «Berner Oberländer». Un de ces collègues lui apprend que des corps sont emportés dans une rivière vers le lac de Brienz. Ce sont les victimes de l'accident de canyoning dans les gorges du Saxetbach.

Le journaliste arrive peu après 18h00 à Bönigen, près d'Interlaken. «Il n'y avait encore que quelques policiers sur place. Des secouristes étaient en train de récupérer des corps dans le 'delta de la Lütschine' depuis un canot pneumatique», se souvient Alex Karlen dans un entretien avec Keystone-ATS.

«L'ambiance était très oppressante. Personne ne savait combien de personnes se trouvaient encore dans le torrent du Saxetbach, plus en haut».

Rapidement, policiers et secouristes reçoivent de nombreux renforts. Les journalistes affluent aussi sur les rives du lac de Brienz. La tombée de la nuit donne au tableau un aspect irréel, selon le rédacteur du journal local.

En fin de soirée, le bilan terrible est communiqué: 21 personnes originaires d'Australie, de Nouvelle Zélande, d'Angleterre, d'Afrique du Sud et de Suisse se sont noyées en raison d'une brusque montée d'eau. Elles étaient âgées de 19 à 32 ans.

Vague d'eau, de pierres et de branches

La crue subite est due à un violent orage qui avait éclaté vers 16h30 au-dessus du bassin versant en forme d'entonnoir qui alimente le Saxetbach. En peu de temps, le torrent grossit fortement. Quatre groupes d'un organisateur de tours de canyoning se trouvent à ce moment-là sur le cours d'eau, avec au total 45 touristes. Les deux groupes du milieu ainsi qu'une personne du premier groupe sont emportés par la vague constituée d'eau, de pierres et de branches.

Les guides avaient contrôlé la météo avant le départ et jugé que l'excursion était possible. Depuis l'endroit où ils avaient pénétré dans les gorges, ils ne pouvaient cependant pas voir qu'un orage se préparait au-dessus du bassin versant.

Lorsque la crue s'est déchaînée, ils ont essayé de sauver autant de touristes que possible. Deux d'entre eux ont payé cet acte de bravoure de leur vie.

La question des responsabilités

Après l'accident, la question des responsabilités suscite une vaste controverse. Deux ans et demi après la catastrophe, un procès s'ouvre à l'encontre des responsables.

Alors que les deux guides sortis indemnes sont acquittés, les six personnes à la tête de l'entreprise Adventure World sont condamnées pour homicide par négligence par le tribunal d'Interlaken. Ils écopent de trois à cinq mois de prison avec sursis et d'amendes de 4000 à 7500 francs. Le juge leur reproche un «concept de sécurité insuffisant».

A l'époque, le marché des sports à risques était en plein essor dans la région. Les acteurs de la branche étaient saisis d'une véritable fièvre. Et il n'y avait pas véritablement de règles pour encadrer ces activités «outdoor».

Les enseignements

Les choses ont évolué après le drame. La formation des guides a été améliorée et les entreprises actives dans le domaine sont soumises depuis 2014 à une nouvelle loi sur les guides de montagne et des organisateurs d'autres activités à risque.

Ce texte a même été durci depuis début mai dernier. Les organisateurs d'activités comme le saut à l'élastique, les randonnées alpines, le rafting ou le canyoning, qui perçoivent ne serait-ce qu'un franc dans le cadre de leurs activités, devront désormais être en possession d'une autorisation cantonale. Auparavant, une limite de 2300 francs était fixée.

Le marché

Les activités outdoor génèrent aujourd'hui une part importante des recettes touristiques du canton de Berne. La région d'Interlaken en particulier attire des adeptes des sensations fortes du monde entier. La topographie idéale et la bonne accessibilité en font un «haut lieu des activités de l'extrême en Europe», a écrit l'institut de recherche BAK dans un rapport sur le tourisme dans le canton de Berne.

Domicilié à Interlaken, Alex Karlen le confirme: de nombreuses auberges de jeunesse ont vu le jour pour accueillir en priorité une clientèle jeune et internationale.

Le souvenir

A l'écart de cette frénésie, dans un endroit calme de la région, une pierre commémore le drame. Les noms des 21 victimes du 27 juillet 1999 y sont gravés. Encore aujourd'hui, des centaines de messages y sont apportés par des visiteurs voulant être en pensée avec celles et ceux qui ont perdu la vie en assouvissant leur goût de l'aventure.

Le corps de l'une des victimes, une jeune avocate australienne qui était en voyage de noces avec son mari, n'a toujours pas été retrouvé.

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