45 morts par an Le côté obscur du boom de la randonnée

Gil Bieler

26.10.2019

Des centaines de missions de secours et des dizaines de morts par an: beaucoup de Suisses sous-estiment les dangers de la randonnée. Pourtant, ces risques peuvent être minimisés.

Il faut relativement peu d’équipement et il n’est pas nécessaire d’avoir un porte-monnaie bien rempli pour partir en pleine nature et pouvoir prendre de superbes photos pour son compte Facebook ou Instagram.

La randonnée en Suisse est en plein essor depuis plusieurs années pour de nombreuses bonnes raisons. Si les conditions météorologiques sont favorables, les sentiers locaux sont très fréquentés – tout comme l’espace aérien qui les surplombe.

Chaque année, les hélicoptères de la Rega sauvent 600 à 1100 randonneurs en situation de détresse. La plupart des interventions sont dues à un accident, comme l’explique le porte-parole de la Rega Mathias Gehrig, interrogé à ce sujet. Et cela ne concerne pas seulement les montagnes: l’an dernier, près du tiers des randonneurs secourus se trouvaient sur le Plateau suisse.

Les chiffres pour l’année en cours ne sont pas encore disponibles. Néanmoins, le Club alpin suisse (CAS) publie chaque année un rapport sur les urgences en montagne, qui regroupe les données de diverses organisations de secours.

Au cours de l’année écoulée, 1445 urgences concernant des randonneurs en montagne ont été comptabilisées, soit plus de 200 de plus que lors des deux années précédentes. Cependant, en 2018, les conditions météorologiques étaient particulièrement propices aux randonnées en été et en automne.

Attention à la neige et au gel au sol

Que peuvent faire les randonneurs pour rentrer chez eux sans accident? Une bonne préparation est essentielle, estime Bruno Hasler, chef du secteur Formation et sécurité au CAS.

Il convient notamment de s’informer des conditions sur l’itinéraire de randonnée prévu: y a-t-il eu des précipitations récemment? Et y a-t-il des endroits où il pourrait déjà y avoir de la neige? «C’est l’un des principaux problèmes, surtout en cette période de l’année», affirme Bruno Hasler. Dans la matinée, le sol est encore partiellement gelé, ce qui peut rapidement déséquilibrer les randonneurs, explique-t-il.

Cela peut avoir des conséquences fatales: ainsi, en moyenne sur le long terme, 45 accidents mortels sont survenus chaque année lors de randonnées en montagne. C’est ce que montrent les chiffres du CAS pour la période de 1984 à 2018. L’an dernier, 57 personnes ont péri au cours de randonnées en montagne.

Des sentiers de randonnée en montagne sont reconnaissables à leur balisage blanc-rouge-blanc.
Des sentiers de randonnée en montagne sont reconnaissables à leur balisage blanc-rouge-blanc.
Keystone

Pour clarifier les choses, les sentiers de randonnée en montagne sont identifiés par un balisage blanc-rouge-blanc et sont plus exigeants que les sentiers «ordinaires», indiqués uniquement par des panneaux jaunes. Enfin, les itinéraires signalisés en bleu et blanc sont des sentiers de randonnée alpins et sont donc les plus éprouvants.

Pour planifier son parcours, en plus des prévisions météorologiques locales, Bruno Hasler recommande également de regarder les webcams des zones de randonnée.

Mais cela peut être trompeur: «Une pente sur un versant ensoleillé peut être totalement exempte de neige, mais du côté ombragé derrière le col, les conditions peuvent être très différentes.»

Il faut donc toujours garder à l’esprit quels passages de la randonnée sont exposés au soleil (généralement plutôt orientés vers le sud) et lesquels sont à l’ombre (généralement plutôt orientés vers le nord). Le CAS a compilé sur son site web des conseils pour une bonne préparation.

La méthode recommandée

Le Bureau de prévention des accidents (bpa) a lancé une campagne d’alerte sur les dangers de la randonnée en montagne. Celle-ci recommande aux randonneurs d’utiliser la méthode suivante:

- Préparation: planifiez le parcours et le temps nécessaire en prévoyant une marge de sécurité ainsi qu’un itinéraire alternatif Tenez compte des exigences, de l’état du chemin et de la météo. La descente mérite une attention particulière, puisque selon le bpa, le risque de glissade et de chute augmente: «La fatigue se fait sentir et le mouvement est physiquement exigeant.»

- Evaluation: «Les sentiers de randonnée en montagne peuvent être raides, étroits et exposés. Pour les emprunter, il faut avoir le pas assuré», indique la campagne. Portez un regard réaliste sur vos capacités et ne partez jamais seul pour une randonnée difficile.

- Equipement: des chaussures de randonnée robustes avec une semelle bien profilée sont indispensables. Il convient également d’emporter de quoi vous protéger du soleil et de la pluie ainsi que des vêtements chauds: en montagne, le temps change vite. N’oubliez pas une pharmacie de poche et un téléphone portable pour les cas d’urgence.

- Contrôle: avec la fatigue, le pas est moins assuré. Pour maintenir vos performances physiques et votre concentration, hydratez-vous et alimentez-vous régulièrement, faites des pauses. Si nécessaire, il faut également être prêt à faire demi-tour.

«Il faut se fixer des objectifs, mais aussi savoir y renoncer, surtout avec l’âge», affirme l’ancien conseiller fédéral Adolf Ogi, ambassadeur de la campagne. Les statistiques lui donnent raison – c’est chez les 50-60 ans que l’on a déploré le plus grand nombre d’accidents de randonnée meurtriers l’an dernier: 33 personnes de cette tranche d’âge ont été tuées.

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