Le cas Charles III fait réfléchir À partir de quel âge faut-il penser au dépistage du cancer?

Gil Bieler/Trad

7.2.2024

Le diagnostic de cancer du roi Charles rappelle l'utilité de la prévention. À partir de quel âge faut-il se faire dépister ? Et quels types de cancers peuvent être détectés de cette manière ? Les réponses de la Ligue contre le cancer.

La mammographie aide à détecter le cancer du sein : Un radiologue examine les radiographies d'un sein féminin à la clinique Engeried à Berne. (photo d'archives)
La mammographie aide à détecter le cancer du sein : Un radiologue examine les radiographies d'un sein féminin à la clinique Engeried à Berne. (photo d'archives)
Keystone/Gaetan Bally

Gil Bieler/Trad

Le roi Charles est atteint d'un cancer à l'âge de 75 ans. L'annonce en provenance du Royaume-Uni est évidemment un choc pour les fans de la famille royale. Mais elle rappelle en même temps l'importance du dépistage du cancer: chez le monarque, la maladie a été détectée à un stade précoce, ont fait savoir aussi bien le Palais royal que le Premier ministre britannique Rishi Sunak.

À partir de quand est-il conseillé de se faire dépister contre le cancer? Et est-ce que chaque type de cancer peut être détecté de cette manière? C'est ce que blue News a voulu savoir auprès de la Ligue suisse contre le cancer.

Quand - et à qui - le dépistage est recommandé

Pour certains types de cancer, il existe des examens de dépistage éprouvés. Les experts* de la Ligue contre le cancer donnent les recommandations suivantes aux personnes généralement en bonne santé, qui ne présentent ni symptômes ni risques familiaux:

Cancer de l'intestin: entre 50 et 74 ans, un examen par test de recherche de sang dans les selles (FIT) tous les deux ans. Alternativement, une coloscopie tous les dix ans est également conseillée.

Cancer du sein: mammographie entre 50 et 74 ans, tous les deux ans.

Cancer du col de l'utérus: frottis (test de Pap) entre 21 et 70 ans tous les trois ans.

Pour le cancer du poumon, le cancer de la peau et le cancer de la prostate, un dépistage est recommandé pour les personnes à risque. Pour le cancer du poumon, les personnes à risque sont les fumeurs de longue date* de plus de 50 ans; pour le cancer de la peau, ce sont les personnes à la peau claire; pour le cancer de la prostate, c'est le cas si des parents du premier degré ont déjà été atteints.

En général, il est recommandé de commencer ces examens de dépistage plus tôt en cas de cancer dans un cercle familial proche (parents du premier degré). «Cinq à dix pour cent des personnes touchées par le cancer ont une mutation congénitale dans leur patrimoine génétique qui favorise l'apparition d'un cancer», explique la Ligue contre le cancer. Selon elle, le mieux est de chercher à en parler avec son médecin de famille.

Les limites du dépistage précoce

Le dépistage précoce a toutefois ses limites. D'une part, cela tient aux possibilités médicales. Il n'existe pas de «test de dépistage» généralisé pour tous les types de cancer possibles, précisent les experts de la Ligue contre le cancer.

De plus, tous les types de cancer ne sont pas détectables dans le sang et les tests sanguins permettant de détecter différents types de cancer (appelés «liquid biopsy") en sont encore au stade expérimental. Les tumeurs solides les plus fréquentes ne peuvent être détectées à temps que par les organes.

D'autre part, l'offre fait tout simplement défaut. La Ligue contre le cancer critique le fait que toutes les personnes en Suisse n'ont pas les mêmes possibilités à disposition. «Tout au long du parcours du patient - de la prévention aux soins palliatifs - il existe des lacunes dans la prise en charge du cancer. Pour les combler, il faut un plan national avec des objectifs et des priorités clairs».

Concrètement, l'association demande: des programmes de dépistage à l'échelle nationale pour le cancer du côlon et du sein. Les assureurs-maladie devraient rembourser les coûts de la thérapie de manière uniforme. Et il faut également des offres coordonnées pour le traitement post-cancer, «afin que les personnes concernées ne soient pas livrées à elles-mêmes après le traitement du cancer».

Les types de cancer les plus fréquents en Suisse

Chaque année, 25 000 hommes et 20 500 femmes sont atteints d'un cancer en Suisse. Les types de cancer les plus fréquents diffèrent selon le sexe. Le cancer est le plus souvent diagnostiqué chez les Suisses* âgés de 70 à 74 ans, avec environ 7 200 cas par an.

Cancers les plus fréquents Hommes

  • Cancer de la prostate : 7'400 cas par an
  • Cancer du poumon : 2'800 cas
  • Cancer du côlon : 2'500 cas
  • Cancer de la peau : 1'700 cas
  • Cancer de la vessie : 1'000 cas
  • Source : Ligue suisse contre le cancer, années 2016-2020

Chez les personnes âgées de 75 à 79 ans, dont ferait partie le roi Charles, on compte environ 6'000 cas de cancer. A partir de 50 ans, le risque de cancer augmente sensiblement.

La plupart des décès liés au cancer sont imputables au cancer du poumon: chaque année, 17 200 personnes en meurent en Suisse (9 400 hommes et 7 800 femmes). Viennent ensuite le cancer du côlon (1'650 décès), le cancer du sein (1'410 décès) et le cancer de la prostate (1'400 décès).

Cancers les plus fréquents Femmes

  • Cancer du sein : 6'500 cas par an
  • Cancer du poumon : 2'100 cas Cancer du côlon : 2'000 cas
  • Cancer de la peau : 1'500 cas
  • Lymphome non hodgkinien : 750 cas.
  • Source : Ligue suisse contre le cancer, années 2016-2020

Mais les statistiques montrent aussi que 68% des patients atteints de cancer sont encore en vie cinq ans après le diagnostic. Un diagnostic de cancer ne doit donc en aucun cas signifier une condamnation à mort.

Les avantages de la prévention

La Ligue contre le cancer estime qu'environ 40 pour cent des cancers pourraient être évités. Un mode de vie sain serait central pour la prévention. Il convient d'éviter le tabac, la consommation excessive d'alcool et le surpoids, mais une alimentation équilibrée, une activité physique régulière et une protection solaire sont en revanche souhaitables.

Il est également utile de parler du cancer, comme le fait actuellement le roi Charles en Grande-Bretagne. «Les hommes en particulier ont souvent du mal à aborder le dépistage et la maladie et à accepter de l'aide en conséquence», expliquent les experts de la Ligue contre le cancer. Détourner le regard peut être dangereux. Car il est incontestable que «plus le cancer est détecté tôt, plus il a de chances d'être guéri».