Justice – GE Abus sexuels par un moniteur de camps

ATS

18.9.2019 - 19:16

Le procès d'un moniteur de camps de vacances s'est ouvert mercredi devant le Tribunal correctionnel de Genève. Il est accusé d'avoir commis des abus sexuels sur 19 fillettes âgées de 5 à 11 ans entre 2011 et 2018, en Suisse et à l'étranger (archives).
Le procès d'un moniteur de camps de vacances s'est ouvert mercredi devant le Tribunal correctionnel de Genève. Il est accusé d'avoir commis des abus sexuels sur 19 fillettes âgées de 5 à 11 ans entre 2011 et 2018, en Suisse et à l'étranger (archives).
Source: KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI

Le procès d'un moniteur de camps de vacances s'est ouvert mercredi devant le Tribunal correctionnel de Genève. Il est accusé d'avoir commis des attouchements sexuels sur 19 fillettes âgées de 5 à 11 ans entre 2011 et 2018, en Suisse et à l'étranger.

En plus des actes d'ordre sexuel avec des enfants, le Ministère public a retenu la contrainte sexuelle et la pornographie. L'homme de 35 ans a été interpellé en février 2018. Une jeune victime a parlé à ses parents, qui ont porté plainte. Célibataire, il vivait encore chez sa mère. Il est passé aux aveux.

Mercredi, tremblant, le prévenu a eu de la peine à trouver ses mots. Ses tentatives d'explication étaient inaudibles pour les parties plaignantes, l'acoustique de la salle étant en plus mauvaise. Mais les lieux étaient aussi trop petits pour accueillir les neuf avocats et les familles des victimes. L'audience a eu lieu à huis clos partiel.

Sites pédopornographiques

Le trentenaire a commencé à participer en tant que bénévole à des camps de vacances organisés par Caritas Jeunesse en 2007. En 2010, la consultation de sites pornographiques l'amène à regarder des pages de pédopornographie. Il se met à consulter et à télécharger plus de 500 images par an. Sans diplôme, il entame une formation d’assistant socio-éducatif.

En août 2011, le moniteur passe à l’acte et filme ses caresses sur une fille de 5 ans endormie sur le dos. S'il l'a choisie, c'est parce qu'elle était dans une position lui permettant de prendre facilement des images de son sexe pour les visionner plus tard, a-t-il expliqué. Les attouchements se sont aussi produits de jour à la plage, dans le bus et le train. Il a abusé de certaines fillettes plusieurs fois.

Risque délibéré

«J'ai de la peine à comprendre mes pulsions», a-t-il indiqué. Le partage de photographies et de films sur des forums à caractère pédophile a joué un rôle, car «on tombe toujours sur les mêmes images». En réponse aux questions insistantes des avocats de la défense, il a admis que celles qu'il a lui-même produites puissent circuler sur le darknet.

Longuement interrogé sur la raison pour laquelle il n'a pas arrêté de participer aux camps de vacances, sachant qu'il allait faire du mal à des enfants, le prévenu a dit qu'il avait pensé voir un psychologue, mais il a eu peur. Il pensait aussi pouvoir contrôler ses pulsions. Dans l'après-midi, il a admis avoir délibérément pris le risque d'abuser à nouveau d’enfants en retournant à ces camps.

Angoisse des parents

Les mères des victimes ont décrit en audience les changements de comportement des fillettes: colère, manque de confiance, silence, problèmes de sommeil ou encore scolaires. Et lorsque les victimes n'ont pas de souvenirs, ce sont les parents qui vivent dans l'angoisse de les laisser sortir ou qu'elles soient identifiables sur Internet.

«Chaque fois qu'un pervers regarde la vidéo de ma fille, c'est un nouvel abus», a déclaré une mère. Une autre a témoigné de son sentiment de culpabilité de n'avoir pas porté plainte en 2014, quand sa fille de 5 ans a raconté que le moniteur l'avait filmée sous la douche: «Il y aurait eu 17 victimes en moins». «Cet événement va marquer ma fille à tout jamais», a déploré un père.

Selon l'expertise, le prévenu présente un trouble mixte de la personnalité et un trouble de la préférence sexuelle, soit la pédophilie. Sa responsabilité est très faiblement restreinte, et le risque de récidive est considéré comme moyen. «Je vais devoir apprendre à vivre avec cette déviance, on n'en guérit pas», a-t-il dit. «J’ai honte de moi-même», a-t-il auparavant déclaré.

Le procès se poursuit jeudi.

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