Art spolié par les nazis Accord avec les héritiers de Curt Glauser

ATS

27.3.2020 - 12:05

La gravure d'Honoré Daumier «Un léger zéphir annonçant l'arrivée du printemps» figure parmi les oeuvres de la collection de Curt Glaser acquises par le Kunstmuseum en 1933.
La gravure d'Honoré Daumier «Un léger zéphir annonçant l'arrivée du printemps» figure parmi les oeuvres de la collection de Curt Glaser acquises par le Kunstmuseum en 1933.
Source: Kunstmuseum Bâle

Le Kunstmuseum de Bâle et les héritiers du collectionneur juif Curt Glaser ont trouvé un accord à propos de 200 dessins et gravures. Le musée les avait acquis dans une vente aux enchères en 1933 à Berlin.

Le musée conserve les oeuvres d'art et indemnise les héritiers par le biais d'une vaste exposition sur Curt Glaser prévue en 2022. Les héritiers reçoivent aussi une compensation financière dont le montant reste confidentiel, a indiqué vendredi le Kunstmuseum de Bâle.

En 2004, un bureau d'avocats américains a demandé au nom des héritiers des informations sur deux lithographies d'Edvard Munch. En 2008, les héritiers ont exigé la restitution de toutes les oeuvres acquises lors d'une vente aux enchères en 1933 à Berlin contre un dédommagement équivalent au prix d'achat.

Demande rejetée en 2008

Le Kunstmuseum et le gouvernement de Bâle-Ville ont alors rejeté la demande. Ils ont affirmé qu'il ne s'agit en aucun cas d'oeuvres d'art spoliés par les nazis et qu'elles avaient été achetées en toute bonne foi.

Le bureau d'avocats a repris contact avec le département présidentiel de Bâle-Ville pour réexaminer l'affaire sur la base d'un procès-verbal de la Commission des beaux-arts de Bâle-Ville datant de 1933. Dans le texte, il est précisé que les oeuvres ont été acquises «à des prix très bon marché».

En novembre 2017, la Commission des beaux-arts a décidé d'examiner cette affaire de manière détaillée. En 2018, en collaboration avec un groupe de travail du musée, le dossier a fait l'objet d'une révision historique et juridique. Les héritiers de Curt Glaser ont été entendus.

Victime du national-socialisme

A la fin de 2018, la Commission des beaux-arts et la direction du Kunstmuseum ont publié un rapport complet dans lequel il est reconnu que Curt Glaser a été victime du national-socialisme. La commission et le musée estiment toutefois qu'au moment de venir en Suisse, Curt Glaser disposait d'une liberté relativement grande de vendre des oeuvres de sa collection et d'en conserver d'autres.

Sur cette base, il a été décidé de ne pas restituer les oeuvres en possession du musée. Toutefois, en accord avec les «Principes de la Conférence de Washington» applicables aux oeuvres d'art confisquées par les nazis, une solution «juste et équitable» a été proposée.

Cette solution consiste à consacrer une exposition à Curt Glaser en 2022 et à verser une compensation financière aux héritiers. En contrepartie, le musée garde les oeuvres. Les héritiers ont donné leur accord.

Procédure «exemplaire»

Le département présidentiel de Bâle-Ville «salue l'accord» trouvé entre le musée et les héritiers. La procédure suivie par le Kunstmuseum est «exemplaire», a indiqué vendredi le gouvernement de Bâle-Ville.

Curt Glaser a été directeur de la bibliothèque du Musée d'art décoratif de Berlin de 1924 à 1933. Après sa mise à la retraite forcée par les nazis et la mort de son épouse, il a décidé de vendre une partie de sa collection. Il est venu s'installer en Suisse en automne 1933.

Deux ans plus tard, il a fait venir d'Allemagne en Suisse plusieurs oeuvres de Munch lui appartenant et les a mises en dépôt au Kunsthaus de Zurich, écrivait en 2008 le gouvernement de Bâle-Ville. En 1941, Curt Glaser s'est installé aux Etats-Unis où il est décédé en 1943.

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