Sommet de l'UE Accord sur la neutralité carbone d'ici 2050

ATS

13.12.2019 - 19:16

Lors d'une conférence de presse, le président du Conseil européen Charles Michel (à droite) a qualifié l'accord de «très important».
Lors d'une conférence de presse, le président du Conseil européen Charles Michel (à droite) a qualifié l'accord de «très important».
Source: KEYSTONE/EPA/OLIVIER HOSLET

Des discussions intenses, une conclusion inespérée: l'UE a frôlé l'échec dans la nuit de jeudi à vendredi à Bruxelles avant de s'engager, malgré les réticences de la Pologne, sur le long chemin de la neutralité carbone d'ici 2050.

«La nuit a été longue et les discussions ont été tendues. On a été au bord de l'échec», ont confié à l'AFP quatre participants aux négociations.

«Tout s'est joué en 45 minutes, entre minuit et minuit 45, lorsque la Pologne a décidé de ne pas s'engager sur cet objectif, mais a accepté que l'UE prenne l'engagement de devenir neutre sur le plan climatique d'ici à 2050», ont-ils raconté.

Or cet engagement collectif est la clef de voûte du Pacte vert, présenté la veille par la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. Un échec aurait immédiatement mis à mal les engagements du nouvel exécutif européen et envoyé un signal catastrophique en pleine COP25.

A minuit trente, les délégations se préparaient à un échec. Les messages cherchaient à minimiser sa portée. «La Pologne restera pour l'instant en dehors de l'objectif, mais le travail s'engagera sur toutes les législations proposées dans le Pacte vert», assuraient alors les négociateurs.

L'accord a surpris

L'annonce d'un accord, une demi-heure plus tard, par un tweet de Charles Michel, le président du Conseil européen, a surpris. L'explication est venue rapidement: la Pologne a obtenu dans les conclusions de ne pas s'engager dans l'immédiat dans la mise en oeuvre de l'engagement pris par l'UE.

Une clause de rendez-vous a été fixée en juin 2020. «On espère que la Pologne pourra alors se rallier», dit-on dans l'entourage du président français. «Le premier ministre polonais Mateusz Morawiecki est arrivé à Bruxelles avec des ordres et on a compris que la partie serait difficile», a confié un des négociateurs.

«Personne n'a exercé son droit de veto. Et ça c'est une victoire importante, y compris de Charles Michel qui a bien manoeuvré. Personne n'a perdu la face hier», soutient le président de la commission Environnement du Parlement européen Pascal Canfin (Renew Europe).

Feuille de route climatique

Ursula von der Leyen peut désormais dérouler sa feuille de route climatique. L'un des premiers jalons sera la présentation d'une grande «loi climat» avant mars, dont l'un des piliers sera... l'objectif de neutralité climatique à l'horizon 2050. Un vote à la majorité qualifiée permettra son adoption.

De nombreux responsables européens ont reconnu que les revendications de la Pologne étaient légitimes. «Quand vous avez 80% de charbon dans votre bouquet énergétique, c'est normal que la marche vous fasse davantage peur», explique Pascal Canfin.

Une mise en garde est toutefois venue de la présidence française: «pas question que la Pologne ne souscrive pas à l'objectif et bénéficie de financements». «L'UE a pris un engagement collectif, mais il n'est pas question de sureffort pour compenser l'absence de la Pologne», a-t-on ajouté de même source.

Envoi d'un signal

Plusieurs dirigeants européens ont reconnu jeudi soir ne «pas savoir comment parvenir à la neutralité carbone, ni même s'ils vont parvenir à le faire», a raconté un des participants. «Mais l'envoi du signal était important», ont insisté la présidence et la Commission.

La transition énergétique sera une question de moyens financiers. Le prochain budget pluriannuel de l'UE, pour la période 2021-2027, devra être à la hauteur des ambitions.

Pour le Parlement européen, on est loin du compte. Il plaide pour ajouter 237 milliards d'euros à la proposition sur la table, qui prévoit un budget de 1087 milliards d'euros pour la période, a expliqué jeudi un de ses représentants.

Se pose également la question des moyens technologiques pour y parvenir. Les conclusions du sommet font référence aux choix de certains pays de se tourner vers le nucléaire, une énergie à faible émission de CO2. A la demande de la Hongrie et de la République tchèque, l'atome a été explicitement cité dans le texte.

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