«Plein Soleil», «Le Guépard»... Alain Delon: un monstre sacré en dix films culte

ATS

18.8.2024 - 09:53

De sa présence magnétique dans «Plein soleil» qui l'a révélé au grand public à ses rôles habités chez Visconti, puis Melville et Deray, retour sur dix rôles emblématiques d'Alain Delon.

Alain Delon lors du tournage du «Clan des Siciliens» à Rome en 1969. (archives)
Alain Delon lors du tournage du «Clan des Siciliens» à Rome en 1969. (archives)
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«Plein Soleil» (1960)

Ce film noir de René Clément a été adapté du roman de l'Américaine Patricia Highsmith, «Monsieur Ripley». Alain Delon, qui n'est pas encore une star, campe Tom Ripley, personnage machiavélique qui tue un riche fêtard (Maurice Ronet) et lui vole son identité, sur fond d'intense lumière méditerranéenne. Un remake hollywoodien avec Matt Damon et Jude Law sera tourné en 1999 ("Le Talentueux Mr. Ripley").

 «Rocco et ses frères» (1960)

Classique du néo-réalisme italien, «Rocco et ses frères» est un sublime mélodrame. Grâce à Luchino Visconti, fasciné par lui, Delon va conquérir ses galons de star. Déjà célèbre en France, le comédien se fait alors remarquer en Italie.

Le film raconte les déboires de Rosaria et ses quatre fils qui fuient la misère, et l'Italie du Sud, pour Milan. Rocco (Delon) et Simone (Renato Salvatori) sont amoureux d'une jeune prostituée (Annie Girardot). Inspiré de Dostoïevski, le film obtint le Lion d'argent à la Mostra de Venise 1960.

«Le Guépard» (1963)

Adapté du roman de Giuseppe Tomasi di Lampedusa, cette fresque obtient la Palme d'or en 1963 et devient un succès commercial et critique dès sa sortie.

Ce film d'époque de Luchino Visconti se situe en 1860, à l'époque de Garibaldi. Il s'agit d'un film sur le déclin d'une aristocratie qui peine à s'adapter aux temps nouveaux. Le film contient une longue scène de bal, entrée dans la légende.

Alain Delon, au sommet de son élégance (moustache fine et raie sur le côté) y est l'incarnation de la noblesse. Le couple qu'il forme avec Claudia Cardinale entre dans l'histoire du cinéma.

«Le Samouraï» (1967)

Cette première collaboration avec Jean-Pierre Melville donne l'un des chefs d'oeuvre de la filmographie de Delon, qui incarne le tueur solitaire Jef Costello.

Fantomatique, inexpressif, obsédé par la maîtrise, avec son regard bleu froid, son imper et son chapeau: ce personnage est à la base du mythe Delon.

L'esthétique de ce polar glacial influencera nombre d'autres cinéastes, dont John Woo ou Quentin Tarantino. La collaboration Delon-Melville accouchera d'un autre chef d'oeuvre, «Le Cercle rouge» (1970, avec Bourvil), avant «Un flic» (1972).

«La Piscine» (1969)

Mi-drame, mi-polar, ce film de Jacques Deray, à l'érotisme brûlant, marque les retrouvailles entre Alain Delon et Romy Schneider, avec qui il a formé un couple mythique du cinéma français. Il n'y aura pas de retour de flamme entre eux mais la carrière de Romy Schneider, alors en demi-teinte, redécolle.

Plus de 3 millions de spectateurs plongent dans la piscine au-dessus de Saint-Tropez, fréquentée par le couple mais aussi par Maurice Ronet et Jane Birkin. Delon dira plus tard: «Ce film, je ne peux plus le regarder. Trop douloureux de revoir Romy et Maurice (morts en 1982 et 1983, ndlr) rire aux éclats».

«Le clan des Siciliens» (1969)

La rencontre au sommet de trois stars du cinéma populaire français, Delon, Jean Gabin et Lino Ventura, dans un polar réalisé par Henri Verneuil. Une scène pleine de sous-entendus érotiques marque les mémoires: celle où Delon tue une anguille tout juste pêchée en la fracassant sur les rochers, sous le regard de l'actrice Irina Demick qui bronze nue.

Delon avait déjà tourné avec Gabin, pour qui il avait une admiration sans borne, dans «Mélodie en sous-sol» (1963, déjà réalisé par Verneuil). Il le retrouvera dans «Deux hommes dans la ville» (1973), de José Giovanni.

«Mr Klein» (1976)

«Il y a tellement de choses de moi dans ce film. Mon amour des tableaux, ce rapport ambigu avec les gens, cette espèce de jeu où je suis Monsieur Klein sans savoir pourquoi», affirme l'acteur à propos du rôle initialement destiné à Jean-Paul Belmondo.

Dans le film de Joseph Losey qu'il a produit, Delon est Robert Klein, riche marchand d'art qui, en 1942, rachète des oeuvres détenues par des juifs. Jusqu'à ce que la découverte d'un homonyme (juif) le précipite dans une descente aux enfers.

L'affiche avec le visage de Delon dans une étoile jaune choqua le public de l'époque. A Cannes, le film repartit bredouille avant d'être présenté en copie restaurée en 2019, lors de la remise d'une Palme d'or d'honneur au vieux lion du cinéma.

«Trois hommes à abattre» (1980)

Réalisé par Jacques Deray et adapté du roman «Le petit bleu de la côte ouest» de Jean-Patrick Manchette, ce film inaugure la série de polars musclés et populaires qu'enchaînera Delon dans les années 1980, avec plus ou moins de bonheur. Parmi eux, «Pour la peau d'un flic» (1981), «Parole de flic» (1985) ou «Ne réveillez pas un flic qui dort» (1988). De qualité inégale, ces films ont toutefois permis à toute une génération de découvrir Delon, grâce à leurs multiples (re)diffusions à la télé.

«Notre histoire» (1984)

Delon a connu le succès dans «Borsalino», «Parole de flic» et bien d'autres, mais le seul César du meilleur acteur qu'il a obtenu fut pour son rôle chez Bertrand Blier. Cette comédie dramatique, parfois absurde, parle de solitude et d'amour, autour de la rencontre dans un train, entre Robert, la quarantaine fatiguée, et une jeune femme désabusée (Nathalie Baye).

Le public n'a pas suivi mais la critique a majoritairement aimé ce film dans lequel Delon a pris des risques pour camper un personnage fragile, un ivrogne, bien loin du «Samouraï».

«Astérix aux jeux Olympiques» (2008)

Mineur dans la filmographie de Delon, qui n'y tient qu'un rôle secondaire, ce long-métrage de Frédéric Forestier et Thomas Langmann vaut surtout pour le symbole. Souvent moqué pour son ego et son habitude de parler de lui à la troisième personne, l'acteur y fait preuve d'une rare autodérision dans le rôle de Jules César.

«César a tout réussi, tout conquis, c'est un guépard, un samouraï, il ne doit rien à personne, ni à Rocco, ni à ses frères, ni au clan des Siciliens. César est de la race des seigneurs, d'ailleurs le César du meilleur empereur a été décerné à César. Avé moi!», déclame Delon, dans un clin d'oeil à ses propres films.