Alisha, 14 ans, harcelée puis tuée Le procès de deux adolescents s'ouvre ce lundi

ATS

4.4.2022 - 12:20

Une collégienne harcelée, frappée puis jetée dans la Seine: le procès de deux adolescents jugés devant le tribunal pour enfants de Pontoise pour l'assassinat d'Alisha, âgée de 14 ans, en mars 2021 à Argenteuil (Val-d'Oise), s'est ouvert lundi matin.

Alisha est morte noyée dans la Seine le 8 mars 2021 après avoir été violemment frappée par deux de ses camarades, qui la harcelaient depuis la diffusion sur Snapchat de photos d'elle en sous-vêtements quelques jours plus tôt.
Alisha est morte noyée dans la Seine le 8 mars 2021 après avoir été violemment frappée par deux de ses camarades, qui la harcelaient depuis la diffusion sur Snapchat de photos d'elle en sous-vêtements quelques jours plus tôt.
KEYSTONE

Les parents de la victime se sont présentés au tribunal peu avant 10h00, main dans la main, accompagnés de l'un de leurs enfants, a constaté une journaliste de l'AFP.

La mère a apporté un imposant portrait de sa fille au visage enfantin et cheveux de jais. Sur la photo, la jeune adolescente est vêtue d'un pull vert et porte des lunettes fines.

Les avocats des deux parties n'ont pas souhaité s'exprimer sur les faits avant le début de l'audience.

«La justice des mineurs et le tribunal pour enfants sont très stricts» quant à la protection des identités et du contenu des débats, a expliqué Frank Berton, l'avocat du garçon accusé du meurtre.

Agés de 15 ans au moment des faits, le garçon et la fille mis en cause comparaîtront de lundi à jeudi à huis clos. Ils encourent jusqu'à vingt ans de prison.

Des adolescents jugés pour un crime devant un tribunal pour enfant est «très rare», a indiqué Me Berton.

Alisha est morte noyée dans la Seine le 8 mars 2021 après avoir été violemment frappée par deux de ses camarades, qui la harcelaient depuis la diffusion sur Snapchat de photos d'elle en sous-vêtements quelques jours plus tôt.

Vive émotion

L'affaire avait suscité une vive émotion dans tout le pays et remis en lumière le fléau du harcèlement sur les réseaux sociaux.

Ce jour-là, Alisha avait retrouvé une fille de sa classe au pied des piliers du viaduc de l'autoroute A15 qui enjambe la Seine, sur un chemin à l'écart des habitations, avait décrit peu après les faits le procureur de Pontoise.

Quelques minutes plus tard, un garçon s'était approché de la victime et lui «aurait donné par surprise des coups au visage, lui aurait tiré les cheveux et lui aurait fait une balayette la faisant tomber au sol», avait détaillé le magistrat.

Cherchant à «faire disparaître les traces des violences qu'ils avaient commises», les deux mineurs accusés ont alors attrapé la victime pour la jeter dans la Seine.

«Futilités»

Quand le couple revient au domicile du jeune homme, celui-ci, les vêtements couverts de sang, rapporte les faits à sa mère, qui prévient la police.

Les deux adolescents se changent et «ne montrent pas d'expression de panique», selon l'enquête. Ils quittent rapidement le domicile et se rendent à Paris pour y manger, avant d'aller chez un ami qui ne sera pas mis au courant du drame.

Quand ils s'étaient rencontrés à la rentrée de septembre 2020 au lycée professionnel Cognacq-Jay, un établissement privé du centre-ville d'Argenteuil, les trois adolescents avaient vite sympathisé.

Puis leurs relations se sont dégradées, entre amourettes et «futilités» adolescentes, selon le parquet.

En février 2021, Alisha se fait pirater son téléphone et des photos d'elle en sous-vêtements sont diffusées sur le réseau social Snapchat. La jeune fille se fait «fisha» (affichée) dans son lycée, une forme de «revenge porn» version adolescente.

A cet épisode s'ajoutent une bagarre entre les deux jeunes filles et la colère du jeune homme, qui ruminait l'affront d'une insulte à l'encontre de son père décédé.

Les choses se sont envenimées au point que l'établissement a exclu les deux mineurs pour le harcèlement de la victime.

Ces «futilités» auraient justifié l'envie de s'en prendre à la collégienne, selon des SMS échangés entre les deux protagonistes figurant dans l'enquête.

Les deux mis en cause sont en détention provisoire depuis un an.

Quelques jours après ce drame, plus de 2000 personnes avaient participé à une marche blanche pour rendre hommage à la jeune fille. Elle «était très sérieuse à l'école», «formidable, serviable» et se rêvait «expert-comptable», avait confié sa mère.

ATS