Assaut du CapitoleIls ont osé s'opposer à Trump, ils deviennent des parias
ATS
9.6.2022 - 10:38
Menaces de mort, accusations de trahison et motions de défiance: les six élus républicains qui avaient voté pour une mise en accusation de Donald Trump après l'assaut du Capitole et qui briguent aujourd'hui un nouveau mandat ont mesuré ces 17 derniers mois le prix à payer pour s'être opposés à l'impitoyable chef de leur parti.
Liz Cheney, fille d'un ancien vice-président et un temps figure du leadership républicain, a connu une chute brutale après avoir décrit le comportement de Donald Trump comme «la plus grande des trahisons». Elle a fait l'objet de motions de censure de son parti à Washington et dans son Etat du Wyoming, où elle a aussi été la cible de manifestations. (archives)
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09.06.2022, 10:38
ATS
Une semaine après la violente intrusion de partisans de l'ex-président dans le siège du Parlement américain, dix élus conservateurs sur 211 soutenaient l'«impeachment» de Donald Trump, accusé d'avoir «incité» ses supporteurs à marcher sur le Congrès.
Quatre ont depuis annoncé prendre leur retraite, mais les autres sont devenus des parias dans leurs circonscriptions, tancés pour leur «déloyauté» à chaque détour de leur campagne électorale en vue du scrutin de mi-mandat en novembre.
Ostracisés par un parti toujours largement assujetti à l'ancien président, ces six élus se préparent à un très public rappel de leur rupture avec Donald Trump lors des auditions parlementaires qui braqueront à partir de jeudi tous les projecteurs sur les événements du 6 janvier.
«Marécage»
Liz Cheney, fille d'un ancien vice-président et un temps figure du leadership républicain, a connu une chute brutale après avoir décrit le comportement de Donald Trump comme «la plus grande des trahisons». Elle a fait l'objet de motions de censure de son parti à Washington et dans son Etat du Wyoming, où elle a aussi été la cible de manifestations.
Mais elle a persévéré, et elle aura une place centrale jeudi en tant que vice-présidente de la commission d'enquête dite du «6 janvier». M. Trump, qui ne rate pas une occasion de l'invectiver, a estimé en mai qu'elle était «le visage du marécage de Washington», sa façon de décrire l'establishment politique américain.
De son côté, l'élu Peter Meijer, qui achève son premier mandat, a confié à la chaîne MSNBC après son vote contre M. Trump qu'il avait dû acheter un gilet pare-balles après avoir reçu de nombreuses menaces de mort.
«C'est triste d'en arriver là, de s'attendre à ce que quelqu'un essaye de nous tuer», a dit celui qui avait auparavant accusé Donald Trump d'avoir «trahi des millions (de personnes) par ses allégations d'élection 'volée'».
Un responsable républicain local du Michigan avait notamment dit en plaisantant qu'un «assassinat» pourrait être une façon de gérer son cas.
Peter Meijer semble toutefois en position de l'emporter lors de sa primaire en août contre un protégé de Trump, mais sans le soutien de sa propre soeur, grande admiratrice de l'ex-président, et qui a décidé de soutenir un rival.
Menaces
Tom Rice et Dan Newhouse, qui ont tous deux tenté de faire profil bas après leur vote, ont néanmoins aussi subi des votes de défiance et affrontent des candidats soutenus par le milliardaire républicain.
Le premier, qualifié par Donald Trump de «lâche» et de «crétin (...) dont on se moque à Washington», aurait reçu quelques semaines après l'impeachment un message vocal d'un électeur l'invitant à «venir prendre un café dans sa maison pour qu'il puisse le tabasser», selon un rapport de police cité par la chaîne NBC.
David Valadao est quant à lui le seul contre lequel le magnat de l'immobilier n'ait pas désigné d'adversaire. L'élu californien n'en fait pas moins face à une «profonde animosité» dans sa ville natale d'Hanford, selon le quotidien local The Daily Republic.
Jaime Herrera Beutler, enfin, ajoute au tort d'avoir voté pour la mise en accusation le fait d'avoir confirmé que Donald Trump ait reproché, lors d'un appel au chef des républicains à la Chambre des représentants Kevin McCarthy, de ne pas être aussi «contrarié» par le résultat de l'élection que ses partisans ayant forcé l'entrée du Capitole pour interrompre la certification de la victoire de Joe Biden.
Mme Beutler aussi a fait l'objet d'une motion de censure et des opposants ont longuement manifesté devant sa permanence dans l'Etat de Washington.
Et toutes les menaces qu'elle a reçues n'étaient pas anonymes. L'une est venue de sa propre collègue au Congrès, l'élue d'extrême droite Marjorie Taylor Greene.
«Les 75 millions de personnes loyales à Trump (te) surveillent», avait ainsi prévenu «MTG» depuis son compte Twitter désormais suspendu.