Eau potable impactée ? Barrage sur le Rhône : inquiétude sur les risques de pollution

ATS

21.2.2024 - 08:54

Les élus écologistes français se mobilisent contre un projet de barrage sur une zone encore sauvage du Rhône, en phase de concertation près de Lyon. Ils s'inquiètent de la possible libération dans les eaux du fleuve de «polluants» contenus dans les sédiments si le chantier est validé.

Le futur barrage pourrait produire 140 GW/h par an, soit les besoins électriques annuels de 60'000 habitants (image d'illustration).
Le futur barrage pourrait produire 140 GW/h par an, soit les besoins électriques annuels de 60'000 habitants (image d'illustration).
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Keystone-SDA

«Notre crainte est que les travaux puissent remettre en circulation les polluants organiques persistants contenus dans les sédiments», a souligné dans un communiqué la secrétaire régionale du groupe écologiste Margot Savin. Elle cite «des quantités de PCB (polychlorobiphényles) et de dioxines 500 fois supérieures à la norme européenne». Selon le communiqué, «cette pollution pourrait se retrouver dans les communes en aval et impacter l'eau potable.»

Le projet «Rhônergia», porté par la Compagnie nationale du Rhône (CNR), propose d'établir quelques kilomètres en amont de la confluence entre l'Ain et le Rhône, un barrage-usine hydroélectrique avec une chute de 6,8 mètres. Situé au niveau des communes de Saint-Romain-de Jalionas (Isère) et de Loyettes (Ain), il serait précédé d'une retenue de 22 kilomètres de long pour ralentir le débit du fleuve et d'une digue de 4 km.

Selon la CNR, l'infrastructure pourrait produire 140 GW/h par an, soit les besoins électriques annuels de 60'000 habitants pour un coût actuellement prévu de 330 millions d'euros.

Fortes oppositions

La question des risques est «absente dans la phase de concertation» prévue jusqu'à fin février, selon Mme Savin. La responsable souhaite que la CNR «pointe l'ensemble des risques et des propositions alternatives» dans son rapport à l'Etat, avant prise de décision.

Jointe par l'AFP, la CNR a de son côté, assuré que «ces thématiques sont abordées dans le cadre de la concertation» et «figureront au bilan», tout en s'engageant à «écouter les remarques et les propositions de chacun».

Le projet suscite de fortes oppositions dans les communes concernées, du fait de son coût et de son impact environnemental, le site choisi correspondant à un des rares espaces non aménagé du fleuve. Critiques, les Soulèvements de la Terre prônent «d'autres solutions» comme la «modernisation des barrages existants».

Une décision de l'Etat est attendue mi-2024 pour première validation du projet, avant ouverture d'une enquête publique et arbitrage final en 2027, avec, en cas de feu vert, une livraison prévue du nouveau barrage en 2033.