Conflit d'intérêt présuméConflit d'intérêt présumé: perquisition au ministère de la Justice
vf
1.7.2021 - 20:16
Arrivés jeudi matin dans les locaux du ministère français de la Justice pour une rarissime perquisition, des magistrats sont toujours sur place. Une enquête vise le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti sur de possibles conflits d'intérêts.
Keystone-SDA, vf
01.07.2021, 20:16
01.07.2021, 22:37
ATS
L'enquête ouverte en janvier pour «prise illégale d'intérêts» à la Cour de justice de la République (CJR), seule juridiction habilitée à juger des ministres, fait suite aux plaintes déposées par trois syndicats de magistrats et l'association Anticor. Ils accusent M. Dupond-Moretti de conflits d'intérêts entre son action de garde des Sceaux et ses anciennes fonctions d'avocat.
La perquisition, qui a débuté vers 09h00 place Vendôme, à Paris, était toujours en cours en fin d'après-midi. Elle est menée par une vingtaine de gendarmes de la section de recherche de Paris, avec des magistrats de la Cour de justice de la République (CJR). Eric Dupond-Moretti est sur place et a assisté à la perquisition de son bureau. Selon une source proche du dossier, l'ambiance sur place était «forcément un peu tendue au début, mais cela reste courtois».
La perquisition «intervient près d'un an après les faits dont la Cour de justice de la République est saisie, ce caractère tardif ne manque pas d'étonner, alors même que les avocats d'Eric Dupond-Moretti ont pris le soin de transmettre dès l'annonce de l'ouverture de l'enquête tous les éléments utiles», a-t-on commenté dans l'entourage du ministre.
Le ministre «est serein face à cette procédure pour laquelle il a toujours dit avoir exclusivement suivi les recommandations de ses services composés de magistrats», a ajouté son entourage. Selon le journal d'investigation Le Canard enchaîné, Eric Dupont-Moretti devrait être prochainement convoqué par les magistrats de la CJR et risque une inculpation. Le Premier ministre français Jean Castex a lui déjà été entendu le 7 juin dans cette affaire, en tant que témoin.
«Fadettes»
Au coeur des accusations figure l'enquête administrative ordonnée par Eric Dupond-Moretti en septembre contre trois magistrats du parquet national financier (PNF).
Tous les trois avaient participé à une enquête préliminaire visant à identifier la taupe qui aurait informé l'ex-président Nicolas Sarkozy et son avocat Thierry Herzog qu'ils étaient sur écoute dans une affaire de corruption. MM. Sarkozy et Herzog ont depuis été condamnés dans ce dossier à trois ans de prison, dont un ferme, et ont fait appel.
Le PNF avait été mis en cause pour avoir épluché les relevés téléphoniques détaillés ("fadettes") de ténors du barreau, dont Eric Dupond-Moretti, un ami de Thierry Herzog. M. Dupond-Moretti avait alors dénoncé des «méthodes de barbouzes» et déposé une plainte pour «atteinte à la vie privée», avant de la retirer le soir de sa nomination, en juillet, comme ministre de la Justice.
Les syndicats lui reprochent aussi d'avoir ouvert une autre enquête administrative à l'encontre du magistrat Edouard Levrault, aujourd'hui en poste à Nice. Avant de devenir ministre, M. Dupond-Moretti avait été l'avocat d'un haut policier monégasque inculpé par ce magistrat, alors détaché à Monaco.