Faits divers Corée du Sud: 11 heures de conférence de presse pour se défendre d'un scandale

AFP

3.9.2019 - 08:12

Cho Kuk durant sa conférence de presse marathon à Séoul, le 2 septembre 2019
Cho Kuk durant sa conférence de presse marathon à Séoul, le 2 septembre 2019
Source: YONHAP/AFP

Un proche du président sud-coréen, désigné au ministère de la Justice a tenu lundi, et jusque tard dans la nuit, une conférence de presse marathon de près de 11 heures pour se défendre d'accusations de népotisme dans un scandale qui pourrait lui coûter sa nomination.

Arrivé au gouvernement en 2017 dans les cartons de Moon Jae-in (centre gauche), l'éminent juriste Cho Kuk, 54 ans, a longtemps été, avec son CV impeccable, la coqueluche du parti démocratique.

Et sa nomination début août au ministère de la Justice avait tout du tremplin vers la succession de M. Moon qui achèvera en 2022 son mandat unique à la «Maison bleue», la présidence sud-coréenne.

Sa confirmation par les députés ne semblait qu'une formalité. Mais ce processus a viré à la guerre de tranchées entre la majorité et l'opposition en raison d'un retentissant scandale sur la scolarité de la fille de M. Cho, et les coups de piston dont elle aurait profité, ainsi que des soupçons d'investissements douteux de membres de sa famille.

Lundi, M. Cho s'est incliné devant son auditoire avant de s'asseoir devant un parterre de 300 journalistes après la suspension de l'audience de confirmation.

Il était 15H30 quand la conférence de presse à débuté. Et 02H16 mardi quand elle s'est achevée.

M. Cho a été accusé d'hypocrisie pour avoir envoyé sa fille Cho Min dans le genre de grandes écoles qu'il avait critiquées par le passé pour leur élitisme. Le scandale s'est aggravé quand il est apparu qu'elle avait vraisemblablement bénéficié de ses relations.

C'est sur la méritocratie et la valorisation du travail que la Corée du Sud a fondé son relèvement, après la guerre de 1950-1953. Ce qui explique notamment le caractère hyperconcurrentiel de la société, notamment en matière d'éducation.

Mais les grandes écoles sont aussi de plus en plus souvent critiquées pour la pression qu'elles mettent sur les candidats.

M. Cho, qui les avait critiquées, a reconnu un manque de cohérence entre ses paroles et ses actes et concédé devant la presse avoir «provoqué de la déception chez les jeunes».

Mais il a nié avoir commis quoi que ce soit d'illégal et refusé de renoncer au ministère de la Justice.

«Bien que malmené, je ferai tout ce que je peux» pour être confirmé, a-t-il dit. Plusieurs pauses ont été observées pendant la conférence de presse, notamment pour le dîner.

Une enquête a été ouverte, notamment sur des accusations selon lesquelles des membres de la famille de M. Cho auraient investi d'importantes sommes dans un fonds soupçonnés de placements douteux.

A la Justice, M. Cho est censé mettre en oeuvre une réforme du parquet, que le président Moon juge exagérément politisé.

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