Commentaire Delon, Hallyday: linge sale, choux gras et madeleine de Proust

Valérie Passello

8.1.2024

Ils font les choux gras des feuilles de choux: après le clan Hallyday, c'est au tour des Delon de s'écharper par médias interposés en ce début d'année. Et si les médias s'en régalent, nous aussi, quelque part, on aime bien assister à la bagarre. Décryptage subjectif.

Capture d'écran d'Anouchka Delon qui a pris la parole face aux accusations de son frère, Anthony, sur le plateau du JT de TF1.
Capture d'écran d'Anouchka Delon qui a pris la parole face aux accusations de son frère, Anthony, sur le plateau du JT de TF1.
IMAGO/Bestimage

Valérie Passello

«Mon père et ma mère ne m’ont pas éduqué, ni moi ni personne dans notre famille, à déballer son linge sale en public», déclarait David Hallyday le 23 décembre dernier... sur Europe 1.

Six ans après le décès de Johnny, la hache de guerre n'a vraisemblablement toujours pas été enterrée parmi ses descendants. Peu avant cette intervention radiophonique de l'aîné des enfants du tôlier, les petites dernières, Jade et Joy, s'étaient lâchées dans Paris Match et sur TF1. 

«Laver son linge sale en famille», c'est une expression qui signifie qu'il vaut mieux garder ses problèmes pour soi, sans les étaler à tous vents, et s'en occuper entre personnes concernées.

C'est-à-dire l'exact opposé des pratiques des membres du clan Hallyday, qui semblent saisir tous les médias qui passent comme on s'emparerait d'un porte-voix, pour tacler ceux de «l'autre camp».

Et voilà que l'année 2024 s'ouvre avec un nouveau grand déballage de linge sale: la corbeille bien remplie de la famille Delon se déverse sur la place publique, semblant ne jamais vouloir laisser entrevoir le fond du fond du panier.

Et, avouons-le, ça nous passionne. Pire, nous ressentons une espèce de plaisir coupable à voir ces familles se déchirer. 

Pourquoi? Selon moi, il y a au moins deux raisons... pas forcément reluisantes.

D'abord, il y a l'aspect «bagarre de cour d'école». Nous avons tous vécu cela. Deux enfants en venaient aux mains à l'heure de la récréation et tous les élèves se réunissaient en cercle autour d'eux pour assister au pugilat, en scandant: «Une bagarre, une bagarre!» 

Aujourd'hui, les bagarreurs sont Hallyday contre Hallyday ou Delon contre Delon, mais c'est comme une madeleine de Proust: se régaler de leurs coups de savate médiatiques nous renvoie à l'excitation ressentie jadis dans le cercle formé dans le préau. Sauf que là, la maîtresse n'interviendra pas pour sonner la fin de la récré.

Et puis ce sont des gens célèbres. Et normalement, les gens célèbres devraient être «parfaits». Rien de plus jouissif pour les anonymes que nous sommes que de constater que ces gens-là sont des humains. Ils sont comme nous, en fait. Ils ont des défauts, comme nous. Ils entretiennent de vieilles rancunes, comme nous. Ils sont jaloux, comme nous.

Alors plus ils s'éloignent les uns des autres en se disputant, plus ils se rapprochent... de nous!