Course contre la montre Dernières heures pour trouver des survivants en Turquie et en Syrie

ATS

9.2.2023 - 02:14

Les secours en Turquie et en Syrie poursuivaient jeudi leurs efforts dans un froid glacial pour rechercher des rescapés dans les décombres, les chances de survie s'amenuisant trois jours après le séisme. Le bilan a désormais franchi le seuil des 16'000 morts.

Les secouristes sont engagés dans une course contre la montre pour sauver des survivants dans un froid mordant, notamment à Golbasi.
Les secouristes sont engagés dans une course contre la montre pour sauver des survivants dans un froid mordant, notamment à Golbasi.
ATS

9.2.2023 - 02:14

Les 72 premières heures sont cruciales pour retrouver des survivants, plus de 90% des rescapés étant secourus au cours de cette fenêtre, a rappelé Ilan Kelman, chercheur en catastrophes naturelles à l'University College de Londres (UCL).

Alors que les excavatrices s'affairent jour et nuit, la nouvelle chute des températures rend les conditions de vie infernales pour ceux des rescapés qui n'ont nulle part où aller. Dans la ville martyre turque de Gaziantep (sud), les températures ont chuté jeudi à -5 degrés tôt dans la matinée.

Des gymnases, des mosquées, des écoles et des magasins ont accueilli des rescapés pour la nuit. Mais les lits restent rares, et des milliers de personnes passent leurs nuits blotties à l'intérieur d'une voiture ou dans des abris de fortune.

«Brûler des bancs»

«Nos enfants sont gelés», s'indigne Ahmet Huseyin, père de cinq enfants, qui a été obligé de construire un tel abri près de sa maison détruite à Gaziantep, proche de l'épicentre du séisme de 7,8 qui a frappé lundi la région.

«Nous avons dû brûler les bancs du parc et même certains vêtements des enfants. Il n'y avait rien d'autre», ajoute ce père de famille. «Ils auraient pu au moins nous donner des tentes», maugrée-t-il en désignant les autorités turques.

En visite dans la région, le président Recep Tayyip Erdogan a esquissé mercredi un mea culpa face à la montée des critiques. «Bien sûr qu'il y a des lacunes, il est impossible d'être préparé à un désastre pareil», a-t-il estimé.

Depuis le tremblement de terre, la police turque a arrêté une douzaine de personnes pour des publications, sur les réseaux sociaux, critiquant la manière dont le gouvernement a géré la catastrophe.

Twitter a ainsi été inaccessible sur les principaux fournisseurs de téléphonie mobile turcs dans la nuit de mercredi à jeudi avant que le service ne soit rétabli, sur fond de ces critiques.

Lenteur de l'aide en Syrie

En Turquie, 12'391 morts ont été recensés, dont au moins 3356 la province d'Hatay, selon un dernier bilan. Pour la Turquie, il s'agit du pire bilan depuis le séisme de 1999, d'une magnitude de 7,4 et qui avait fait 17'000 morts dont un millier à Istanbul.

Au total, en comptant la Syrie, 23 millions de personnes sont «potentiellement exposées, dont environ cinq millions de personnes vulnérables», a mis en garde l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

En Syrie, 2992 corps ont pour le moment été extraits des décombres, selon les autorités ainsi que les secouristes dans les zones rebelles.

Dans les régions où l'aide tarde à arriver, des survivants se sentent bien seuls. A Jandairis, en zone rebelle en Syrie, «même les immeubles qui ne se sont pas effondrés ont été très endommagés», explique Hassan un de ses habitants qui veut rester anonyme.

«Il y a environ 400 à 500 personnes piégées sous chaque immeuble effondré avec seulement dix personnes qui tentent de les sortir. Et il n'y a pas de machines», ajoute-t-il.

Dans le village de Besnaya, à la frontière avec la Turquie, Malik Ibrahim déblaie sans relâche les décombres, à la recherche de trente membres de sa famille, tous ensevelis sous les ruines. Dix corps sans vie en ont déjà été retirés.

«Il reste vingt personnes sous les décombres. Je n'ai pas de mots, c'est une catastrophe. Nos souvenirs sont enterrés avec eux. Nous sommes un peuple sinistré dans tous les sens du terme», confie cet homme de 40 ans.

ATS