MusiqueDerrière la scène du Montreux Jazz Festival
ATS
10.7.2019 - 12:24
Organiser 55 concerts en seize jours: c'est le défi de Thomas Cabado et de ses équipes au Montreux Jazz Lab, salle de 2000 places. Le ballet semble bien rodé, même s'il y a des imprévus tous les jours. Visite avant les concerts de Jacob Collier et Mac Demarco.
Vêtus de noir, pour se fondre dans le décor, Laetitia et James s'activent sur la scène du Montreux Jazz Lab. Les instruments et les amplis de Mac Demarco sont en place, marqués au sol en bleu. L'artiste va débarquer d'un moment à l'autre pour le sound check.
La batterie et les percussions fournies par le Montreux Jazz pour Jacob Collier attendent à côté de la scène, sur un «riser», un praticable à roulettes, qui permettra de déplacer rapidement le matériel le moment venu. C'est le milieu de l'après-midi, le camion avec les instruments personnels du jeune musicien anglais arrive.
Laetitia enfile ses gants rouges et va décharger les «flight case», les malles et les étuis des musiciens. Elle fait partie des sept «stagehand», machinistes de plateau, dévolus à la salle. Anglais, français, les deux langues se mêlent constamment en coulisses.
Travail en amont
Thomas Cabado, «production manager», dirige ce petit monde de professionnels. Pour préparer la scène, ils sont une quinzaine en tout: sept machinistes, trois éclairagistes et cinq pour le son. Il a l'oeil à tout. «Il manque une valise», demande-t-il. Ses équipes vont regarder. Affaire à suivre. Pas de panique.
Un gros travail de préparation se fait en amont, dès la mi-avril: «Une fois que la programmation est faite, je prends contact avec l'équipe de l'artiste et définis ce dont ils ont besoin», explique le big boss de la salle, qui établit ensuite des plannings minutieux.
L'homme est expérimenté. Il oeuvre pour le festival depuis 2001 et a côtoyé Claude Nobs. Lorsqu'il n'est pas à Montreux, il fait à peu près le même travail à Genève, comme directeur technique à l'Arena.
Petites et grosses productions
Au Montreux Jazz Festival, certains musiciens débarquent avec peu de matériel, d'autres avec un semi-remorque. «On n'arrive parfois pas à tout mettre. Il y a une adaptation à faire», explique-t-il. Ses collaborateurs doivent collaborer avec l'artiste et son équipe.
«Cela se passe généralement bien. On les accueille de la meilleure des façons. La cohésion se fait rapidement. Il y a rarement de bataille rangée», dit-il.
Une patte Montreux
La scène du Lab se charge peu à peu de matériel. Au sol, il y a de la moquette noire, c'est «classe», relève un technicien. De l'avis général, il existe une «patte» Montreux. «Claude Nobs adorait les musiciens, et c'est resté», ajoute Thomas Cabado.
Un éclairagiste est perché sur une échelle. «Les artistes veulent parfois du bleu, du rouge ou des atmosphères précises. D'autres nous disent: faites comme vous le sentez», confie Laurent, le «Monsieur lumière» à la barbe blanche, depuis 27 ans au festival.
Des anecdotes, il en connaît: comme ce jeune musicien américain «arrivé dans un état pas possible» et qui a vomi sur le public au tout début de son show. Ou comme ce DJ qui avait oublié son ordinateur dans l'avion et n'avait pas de back-up, renchérit M. Cabado. «Je hais les artistes quand ils font ces bêtises.» Grâce aux contacts du festival à l'aéroport, l'ordinateur a pu être récupéré in extremis.
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