Thaïlande Des milliers de lycéens dans la rue pour une réforme de l'école

ATS

21.11.2020 - 16:19

Des milliers de lycéens ont manifesté samedi à Bangkok pour demander une réforme du système scolaire et davantage de démocratie.
Des milliers de lycéens ont manifesté samedi à Bangkok pour demander une réforme du système scolaire et davantage de démocratie.
ATS

Plusieurs milliers de lycéens se sont rassemblés samedi dans le centre de Bangkok pour demander une réforme du système scolaire et soutenir leurs aînés qui réclament la démission du Premier ministre et une réforme de la monarchie en Thaïlande.

Enhardis par le mouvement pour plus de démocratie qui secoue ce pays depuis l'été, ces jeunes ont organisé leur propre groupe, les «Bad Students». Refonte des programmes, assouplissement des règles, égalité, droit à la parole : leurs revendications ébranlent tous les piliers de l'éducation ultra-conservatrice dans le royaume.

A l'école, «on nous dit quoi apprendre, comment s'habiller, de ne jamais poser de questions», a déploré Pung, 15 ans.

En Thaïlande, les manuels scolaires passent sous silence nombre des troubles politiques des dernières décennies, se concentrant sur la vie des monarques.

Les établissements suivent des normes vestimentaires très strictes, queue de cheval et ruban dans les cheveux obligatoires pour les filles et coupe militaire pour les garçons.

Beaucoup de jeunes évoquaient aussi l'importance de l'égalité des sexes.

«L'école n'est pas un endroit sûr» pour les filles, a écrit sur une pancarte une lycéenne, la bouche bâillonnée avec du scotch, en signe de protestation.

On se moque de moi, «les professeurs me disent que j'ai l'air trop féminin», a relevé de son côté Tian, 16 ans, qui veut être capable de pouvoir librement revendiquer son homosexualité.

Puissante monarchie

Les manifestants demandaient aussi, comme leurs aînés étudiants, une réforme de la puissante monarchie et le départ du Premier ministre, Prayut Chan-O-Cha, issu du coup d'Etat de 2014.

Une dizaine de jeunes déguisés en T-Rex, une allusion aux dinosaures de la politique dont ils veulent la démission, ont dansé au milieu de la foule qui s'est dispersée dans le calme dans la soirée.

Prayut Chan-O-Cha a durci le ton vendredi, avertissant que «le gouvernement allait faire appliquer toutes les lois», même potentiellement celle sur le lèse-majesté qui punit de jusqu'à 15 ans de prison toute diffamation envers le roi et n'est plus utilisée depuis quelques années. «Les limites ont maintenant été dépassées», a-t-il ajouté.

Mercredi, quelque 20.000 manifestants se sont rassemblés dans la capitale, certains scandant des slogans très virulents envers la monarchie.

La veille, six personnes ont été blessées par balle au cours d'affrontements entre personnes militant pour plus de démocratie, forces de l'ordre et ultra-royalistes, une escalade inédite de la violence depuis le début de la contestation.

Monté sur le trône en 2016, le roi Maha Vajiralongkorn est une personnalité controversée qui réside très fréquemment en Allemagne.

Berlin suit de près les événements. «Si le mouvement démocratique était écrasé par l'armée ou les forces de sécurité et si des personnes étaient tuées, alors je ne crois pas que le roi de Thaïlande pourrait continuer de séjourner en Allemagne», a averti le porte-parole du groupe parlementaire social-démocrate (SPD), Nils Schmidt, dans un sujet diffusé jeudi par la chaîne de télévision allemande ARD.

Depuis plusieurs semaines, Maha Vajiralongkorn n'a pas quitté son royaume, allant jusqu'à déclarer son «amour» à tous les Thaïlandais.

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