Procès en ArgovieIls ont «abrégé les souffrances» de leur fille handicapée «par amour»
gf, ats
10.9.2024 - 18:59
Le procès des parents accusés d'avoir tué leur fillette gravement malade à Hägglingen (AG) s'est achevé mardi à Bremgarten (AG). La procureure a dénoncé un couple qui a refusé toute aide médicale, alors que la défense a plaidé le meurtre passionnel, les parents ayant été dépassés par la situation, selon elle. Le jugement est attendu vendredi.
10.09.2024, 18:59
ATS
Le 6 mai 2020, les parents ont endormi leur fillette en lui administrant de l'ecstasy avant de l'asphyxier en lui bouchant les voies respiratoires. Mardi, l'accusation et la défense ont présenté, devant le Tribunal de district de Bremgarten (AG), des motifs présumés de ce crime diamétralement opposés dans leurs plaidoiries.
Un crime «pour abréger ses souffrances»
Les avocats de la mère et du père de la fillette ont rejeté les accusations d'assassinat et de tentative d'assassinat, portées par la procureure. Tous deux ont souffert d'un fardeau mental de plus en plus aigu face à la maladie cérébrale incurable de sa fille, selon la défense.
Le couple a donc commis une tentative de meurtre passionnel en 2019 avant de commettre finalement le meurtre passionnel qui a mis un terme à la vie de la fille, a soutenu la défense qui a demandé que la peine infligée au duo ne dépasse par trois ans de prison avec sursis partiel. Et d'appeler à ce que les parents ne soient pas expulsés vers leur pays d'origine, l'Allemagne, comme l'exige le Ministère public.
Selon les médecins, il était clair que les deux principaux accusés allaient devoir prendre en charge leur enfant durant toute sa vie, 24 heures sur 24. Désespérée, ils ont donc voulu «abréger ses souffrances» et ce, «par amour» et «par impuissance», a estimé la défense. S'ils avaient voulu s'en débarrasser, ils lui auraient fait introduire une sonde gastrique et l'auraient placée dans une institution spécialisée, a déclaré l'avocat de la mère, âgée de 32 ans.
La défense s'en est prise à la vision d'un couple d'assassins de sang-froid, soutenue par la procureure. L'avocat de la mère lui a reproché «une enquête à charge», ne relevant que les aspects qui concordaient avec sa théorie.
Progrès possibles mais refusés
Dans son réquisitoire, la représentante du Ministère public s'est basée notamment sur des échanges insultants ou irrespectueux au sein du couple, oralement ou par écrit, pour évoquer un climat familial houleux. Pire, le couple a refusé toutes les mesures thérapeutiques proposées par les médecins. Ils sont même intervenus pour empêcher l'introduction d'une sonde gastrique.
De l'avis des médecins, la maladie de la fillette était, certes, incurable, mais son état aurait pu s'améliorer à travers des mesures que les parents ont refusées. Une fois l'ampleur du handicap de leur fille connue, les parents ont décidé qu'elle devait mourir, a dénoncé la procureure, qui réclame 18 ans de prison contre le couple.
Le Ministère public a aussi rejeté l'image d'une fillette de plus en plus triste, comme l'affirmaient les parents, à force de souffrir en permanence de douleurs et de crampes. La procureure a présenté à la Cour une photo prise peu avant sa mort, sur laquelle elle apparaît joyeuse. Et de citer la physiothérapeute de la petite, qui dérivait une fille «motivée, positive, joyeuse» et même «rayonnante».
Agé de 34 ans, le père de la fillette risque également une peine pécuniaire de 20 jours-amende avec sursis pour s'être procuré l'ecstasy qui a endormi la victime.
Rôle contesté de la grand-mère
La grand-mère de l'enfant, âgée de 52 ans, est accusée de complicité d'assassinat. Le Ministère public réclame cinq ans de prison contre elle et l'expulsion du territoire suisse. Selon la procureure, elle était au courant de la volonté des parents de tuer la petite. Elle aurait même appuyé le couple dans sa décision.
La défense estime, au contraire, que la quinquagénaire a tenté de dissuader les parents. Elle réclame son acquittement.