Treize ans après la disparition de son frère Xavier, principal suspect dans la disparition et le meurtre de sa femme et de ses quatre enfants en 2011, Christine Dupont de Ligonnès défend la thèse d'une «exfiltration» à laquelle ont participé des policiers. Son témoignage dans «Quelle époque» sur France 2 a suscité une avalanche de critiques sur les réseaux sociaux.
Il y a 13 ans, les corps d'Agnès Dupont de Ligonnès et de ses quatre enfants, Arthur, Thomas, Anne et Benoît, ont été découverts sous la terrasse de leur maison à Nantes. Xavier Dupont de Ligonnès, le père de famille, est le principal suspect dans cette affaire. Sa dernière apparition remonte au 15 avril 2011, et depuis lors, il demeure introuvable.
À l'occasion de la sortie du livre «Xavier, mon frère présumé innocent», Christine Dupont de Ligonnès et Bertram de Verdun, son époux, étaient les invités de Léa Salamé dans l'émission «Quelle époque !» sur France 2.
Convaincus de l'innocence de Xavier, le couple a mené sa propre contre-enquête et expose dans ce livre les zones d'ombre d'une affaire qui reste non élucidée. Christine Dupont de Ligonnès assume: elle veut «restaurer le vrai visage» de son frère.
Des policiers «complices d'une exfiltration»
D'après Christine Dupont de Ligonnès, son frère n'est pas responsable du meurtre de sa famille. La découverte des cinq corps ne serait qu'une «mise en scène» orchestrée pour faciliter «l'exfiltration» de la famille Dupont de Ligonnès, comme l'avait indiqué Xavier dans une lettre adressée à sa famille peu avant sa disparition. Elle affirme que des personnes ont participé à ce «scénario» et que des policiers ont été «complices d'une exfiltration».
«Je n'y connais rien aux principes d'exfiltration. Je crois à mon frère, je l'avais eu au téléphone tout récemment, il n'a pas du tout la voix d'un assassin, je connais quand même son fonctionnement...», assure-t-elle. Selon elle, son frère travaillerait bel et bien pour les renseignements français. Il serait caché, en compagnie de sa famille.
Mais à qui appartiendraient alors les cadavres retrouvés à leur domicile?Christine Dupont de Ligonnès ne pense pas qu'une autre famille ait été tuée à la place d'Agnès et des quatre enfants. Si elle reconnaît que cette hypothèse peut sembler étrange, elle affirme que les arguments qui lui sont opposés ne sont pas non plus convaincants. «Évidemment, je ne prétends pas tout comprendre, tout connaître, il y aura toujours des zones d'ombre, je n'impose rien à personne, j'expose mes vues, toutes farfelues qu'elles puissent paraître», se justifie-t-elle.
Elle pense que son frère est encore en vie: «On n'a aucune raison de le croire suicidé.» Elle réfute aussi l'idée d'un «aveuglement fraternel ou familial». «En se constituant partie civile, nous avons pris le risque d'aller dans le dossier d'instruction et de recevoir une porte dans la figure. Le fait d'avoir été vraiment au bout des choses, on n'a pas changé d'opinion», a-t-elle conclu.
«Vous cherchez à concurrencer Hanouna»
La présence de Christine Dupont de Ligonnès sur l'émission de service public a suscité une vague d'indignation sur les réseaux sociaux.
«Une famille a été décimée et eux se marrent», «Aucune empathie pour ses neveux, sa belle-soeur. Elle est tout sourire et totalement perchée» peut-on lire dans les commentaires sous des extraits de l'émission diffusés sur X.
«Vous cherchez à concurrencer Hanouna», s'est indigné un internaute. «Hanouna au moins, il ne coûte rien aux contribuables», rétorque un autre, pointant du doigt le financement public de l'émission. «Dérive gravissime dans une émission du service public», s'exaspère un internaute. Un autre abonde dans ce sens: «Inviter cette femme pour déblatérer de telles choses et ainsi emboîter le pas aux complotistes en tous genres, comme s'il n'y en avait pas assez. Je ne comprends pas l'intérêt éditorial de cette entrevue.»