Attaque terroriste à Paris Fiché S, islamisme radical, troubles psy… ce que l’on sait de l’assaillant

ATS

3.12.2023 - 17:10

Le jeune Franco-Iranien à l'origine de l'attaque au couteau du pont Bir Hakeim, à Paris, était connu de la justice pour son islam radical et ses troubles psychiatriques. Il avait déjà été interpellé par le renseignement intérieur (DGSI) en 2016 pour un projet d'attaque à La Défense.

L'homme de 26 ans a tué un touriste germano-philippin à coups de couteau et s'en est pris à deux autres personnes armé d'un marteau. 
L'homme de 26 ans a tué un touriste germano-philippin à coups de couteau et s'en est pris à deux autres personnes armé d'un marteau. 
IMAGO/ABACAPRESS

Né en France de parents réfugiés iraniens, l'homme aujourd'hui âgé de 26 ans était alors étudiant en biologie. Il avait formé le projet de rejoindre le groupe Etat islamique (EI) en zone irako-syrienne et entretenait des contacts avec «trois terroristes récidivistes», selon le tribunal de Paris qui l'a jugé en 2018. Avant, «il n'avait jamais fait parler de lui». Aucune mention au casier judiciaire.

Dans ce dossier, Armand Rajabpour-Miyandoab a écopé de cinq ans de prison dont un avec sursis. Il en était sorti en 2020 après quatre ans de détention, ont précisé des sources proches du dossier.

Traitement «encourageant»

Connu pour troubles psychiatriques et fiché S pour islamisme radical, il avait suivi un traitement médical psychiatrique tout au long de sa détention et après sa sortie, où il était placé sous contrôle judiciaire et sous Micas, un dispositif administratif assorti de mesures visant à prévenir des actes de terrorisme.

«Les premiers mois étaient encourageants», il semblait s'être «détaché de la religion» après sa remise en liberté, selon une source sécuritaire.

Samedi, peu après 21h00, près du pont Bir Hakeim enjambant la Seine, il a crié «Allah akbar» à plusieurs reprises, selon le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin. Il a tué un touriste germano-philippin à coups de couteau et s'en est pris à deux autres personnes armé d'un marteau

«Auto-déradicalisé»

Armand Rajabpour-Miyandoab s'est «intéressé» à l'islam en 2014 puis converti après avoir rencontré en 2015 un djihadiste, Maximilien Thibaut, par l'intermédiaire d'un site de graffitis, selon le tribunal de Paris.

«Son besoin de repères» avait accéléré la radicalisation, estimait lors de l'enquête en 2017 un psychologue l'ayant suivi, «l'EI lui donnant notamment des critères directifs de son mode de vie». Fini la musique, les amis... jusqu'à devenir «un promoteur de l'idéologie djihadiste» en 2015.

Interpellé en 2016, il affirme pourtant: «Je me suis radicalisé et auto-déradicalisé». «Je ne suis plus musulman mais je m'intéresse quand même à ce qu'il se passe là-bas», dit-il.

Processus fragile

Pour le tribunal, ce processus de déradicalisation apparait «fragile»: en juin 2016 encore, le jeune homme faisait des recherches en ligne sur «des bombes au phosphore» ou encore sur Adel Kermiche, assassin du père Hamel à Saint-Etienne-du-Rouvray.

Confrontré à ses contradictions, il reconnaît, en 2016, avoir «encore des idées noires» – «l'attentat de Nice ne (lui) a pas déplu» – et estime avoir «besoin d'un suivi». Au procès en 2018, sa mère le dit «manipulé» et confie avoir très mal vécu sa conversion à l'islam. Sa soeur aînée parle de sa «timidité maladive».

Dissimulation? En 2020, selon le magazine L'Obs, il s'était présenté au commissariat après l'assassinat du professeur Samuel Paty, pour signaler qu'il avait échangé avec l'assaillant sur les réseaux sociaux deux semaines plus tôt. Il ne sera pas poursuivi à l'issue de sa garde à vue, au cours de laquelle il affirme être devenu «anti islamistes radicaux ou non-radicaux» après son passage en prison.

«Il est sorti de détention avec une sorte de haine envers l'islam à cause de ce qu'il a vécu depuis sa détention», avait déclaré à cette occasion sa mère, toujours selon L'Obs. «Il se sent surtout à 100% français, il en est sorti avec un amour pour la France».

«Très influençable»

Toutefois, cet homme à la personnalité «très influençable», «très instable», suscitait à nouveau des inquiétudes depuis le printemps-été 2022, selon la source sécuritaire.

Après son arrestation samedi soir, il a déclaré aux policiers «qu'il en voulait à ce qu'il se passait à Gaza, que la France serait complice de ce que faisait Israël. Il aurait dit qu'il en avait marre de voir des musulmans mourir, tant en Afghanistan qu'en Palestine», a précisé le ministre de l'Intérieur.

«L'actualité récente pourrait l'avoir fait décompenser», juge la source sécuritaire. Les enquêteurs vont aussi se pencher sur son suivi médical. «Est-ce qu'il était suivi médicalement comme il aurait dû l'être et comme il l'a été un temps? C'est un sujet qui se posera», dans l'enquête, selon la source sécuritaire.

Selon une source proche du renseignement, 20% des quelques 5000 suivies pour radicalisation en France souffrent de troubles psychiatriques.

Très actif en ligne

Armand Rajabpour-Miyandoab avait, par ailleurs, une «activité numérique importante». Très peu de temps avant son attaque, de façon «quasi concomitante», une vidéo de revendication de son acte a été postée sur les réseaux sociaux dans laquelle un homme évoque notamment «l'actualité, le gouvernement ou le meurtre de musulmans innocents», a indiqué la source sécuritaire.

ATS