Mexique L'avocat d'El Chapo attaque les témoins

ATS

31.1.2019 - 21:22

Joaquin «El Chapo» Guzman (au centre) fait face à dix chefs d'accusation pour trafic de drogue, possession d'armes et blanchiment d'argent. Il risque la prison à vie.
Joaquin «El Chapo» Guzman (au centre) fait face à dix chefs d'accusation pour trafic de drogue, possession d'armes et blanchiment d'argent. Il risque la prison à vie.
Source: KEYSTONE/FR142054 AP/ELIZABETH WILLIAMS

L'avocat d'"El Chapo» a appelé jeudi les jurés à «ne pas croire» les témoignages des ex-collaborateurs du narcotrafiquant mexicain qui collaborent désormais avec le gouvernement américain. Ce sont tous des «ordures» selon lui.

Les 14 ex-collaborateurs qui ont déposé pour l'accusation depuis trois mois «ont non seulement admis avoir menti tous les jours de leur vie, leur pauvre vie égoïste, mais ils ont aussi menti devant vous, dans cette salle d'audience», a lancé l'avocat Jeffrey Lichtman aux jurés, lors de sa plaidoirie finale au tribunal fédéral de Brooklyn.

Comme il l'avait déjà assuré dans sa plaidoirie d'ouverture, il a affirmé qu'Ismael «El Mayo» Zambada, co-fondateur du cartel de Sinaloa avec Joaquin Guzman alias «El Chapo», «est la véritable pièce manquante» au tribunal. «Cela fait des décennies qu'il est le plus grand narcotrafiquant du Mexique. Il n'a jamais été arrêté. Il a payé des centaines de millions de dollars pour rester en liberté».

El Mayo «libre comme l'air»

Selon lui, c'est «El Mayo», toujours en cavale, et non «El Chapo» qui a versé un pot-de-vin de 100 millions de dollars à l'ancien président mexicain Enrique Peña Nieto, contrairement à ce qu'a affirmé à la barre l'ex-trafiquant colombien Alex Cifuentes, ex- bras droit d'El Chapo.

Guzman n'aurait pas payé un pot-de-vin aussi énorme pour «se retrouver traqué comme un animal», alors que «Mayo» «se dore la pilule dans les montagnes», «libre comme l'air», a encore plaidé Me Lichtman.

L'ex-président Nieto a toujours nié avoir été corrompu par le cartel de Sinaloa.

Témoignages mensongers

Me Lichtman s'en est pris particulièrement aux témoignages, selon lui mensongers, des frères Jorge et Alex Cifuentes, qui furent de grands fournisseurs de cocaïne d'El Chapo avant de collaborer avec la justice américaine.

«Achèteriez-vous une voiture aux Cifuentes? Les laisseriez-vous garder vos enfants? Bien sûr que non!», a-t-il lancé. «Et vous seriez prêts à faire confiance à ces hommes pour condamner M. Guzman?»

«Si vous ne croyez pas les témoins qui coopèrent (avec le gouvernement), vous ne pouvez pas condamner Guzman», a-t-il poursuivi. «Ce n'est pas rendre justice. Ce procès n'a qu'un seul but: attraper El Chapo», a martelé l'avocat, qui s'est rendu célèbre en 2005 en obtenant l'acquittement de John Gotti Junior, fils d'un célèbre baron de la mafia new-yorkaise.

Perpétuité

Les jurés de ce procès-fleuve, qui a documenté l'extrême violence et la corruption des cartels mexicains, doivent commencer à délibérer lundi. El Chapo, qui fait face à dix chefs d'accusation pour trafic de drogue, possession d'armes et blanchiment d'argent, risque la prison à perpétuité en cas de condamnation.

«Ne laissez pas (El Chapo) échapper à ses responsabilités, déclarez-le coupable de tous les chefs d'inculpation!» avait lancé mercredi aux jurés la procureure.

Depuis le 13 novembre, l'accusation a appelé à la barre 56 témoins, dont 14 ex-collaborateurs de Joaquin Guzman alias «El Chapo», fait entendre des dizaines de conversations téléphoniques enregistrées en secret, montré des lettres écrites en prison et des livres de compte, a souligné la procureure.

«Vous avez vu les preuves: drogues, armes, livres de compte, lettres: tout cela prouve que l'accusé est coupable de tous les chefs d'accusation au-delà d'un doute raisonnable», a lancé Mme Goldbarg aux jurés, sous le regard attentif d'El Chapo, 61 ans, et de sa jeune épouse Emma Coronel, une ex-reine de beauté de 29 ans qui a assisté à la quasi-totalité des audiences.

Tout en parlant, Mme Goldbarg faisait défiler sur grand écran des centaines de photos, des vidéos, des cartes et des textos échangés entre le narcotrafiquant et ses ex-associés. Pour enfoncer le clou, l'accusation avait aussi disposé près des jurés un gilet pare-balles, un fusil automatique et des pains de cocaïne.

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