Procès ZepedaLa défense tente d'instiller le doute
ATS
12.12.2023 - 15:47
La défense de Nicolas Zepeda, rejugé en appel pour l'assassinat de Narumi Kurosaki à Besançon, a tenté mardi d'instiller le doute autour du dernier petit ami de l'étudiante. Ce dernier, partie civile au procès qui se tient à Vesoul, a répondu pied à pied à la défense.
Keystone-SDA
12.12.2023, 15:47
12.12.2023, 17:02
ATS
Avant le témoignage de la mère de l'étudiante japonaise qui s'annonce comme un moment fort, le petit ami de Narumi au moment de sa disparition, Arthur Del Piccolo, est venu dire à la barre son deuil impossible, lors d'une matinée entièrement consacrée à sa déposition.
Sept ans après la disparition de Narumi Kurosaki, dont le corps n'a jamais été retrouvé, il a ainsi confié que «chaque année en décembre, (il) pense automatiquement à elle (...) Narumi et moi, on aurait pu aller bien ensemble». «J'aimerais que justice soit faite», que «le coupable soit condamné».
Les réponses ne peuvent venir que d'"une seule personne, s'il accepte de nous les donner», glisse-t-il à l'attention de Nicolas Zepeda, sans le citer. A quelques mètres de lui, le Chilien de 33 ans, qui avait été condamné en première instance à 28 ans de réclusion, l'écoute sans ciller.
Une fois sa déposition terminée vient ensuite le moment des questions. Les avocats de la défense, Renaud Portejoie et Sylvain Cormier, tournent depuis le début du procès autour du jeune homme, semblant vouloir en faire une sorte de coupable bis.
Me Portejoie ouvre le bal: Nicolas Zepeda, qui dit avoir passé la nuit du dimanche 4 au lundi 5 décembre 2016 avec Narumi, n'aurait-il pas pu y être invité par la jeune femme et avoir une relation sexuelle avec lui, comme leur client le soutient?
Après tout, poursuit Me Portejoie, Nicolas Zepeda a traversé la planète pour la retrouver à Besançon après leur rupture et on comprendrait «la confusion des sentiments» chez une jeune fille certes «très en colère» mais qui a été «très amoureuse» de Nicolas Zepeda. Sans compter qu'elle et lui avaient auparavant dîné au restaurant, après une journée de balade.
«Je ne crois pas qu'elle ait pensé revenir à cette relation passée», balaye calmement M. Del Piccolo, qui concède ne pas pouvoir expliquer pourquoi M. Zepeda s'est retrouvé dans la chambre de Narumi. Peut-être voulait-elle passer quelques heures avec lui avant de mettre «un point final» à la relation, avance le jeune homme.
Me Cormier, qui avait déjà fixé l'attention la semaine dernière sur Arthur Del Piccolo, pointe son attitude au moment de la disparition de l'étudiante, notamment la liste «en dix points» remise aux enquêteurs pour, selon l'avocat, incriminer Nicolas Zepeda.
Là encore, le jeune homme répond posément: «Narumi n'avait aucun ennemi» et la seule piste qui se dégageait alors était celle de «Nicolas». Arthur, alors étudiant à Besançon et qui effectuait un stage en entreprise, dit donc avoir «réfléchi à cette théorie» et tissé «plusieurs liens et hypothèses retranscrites» dans cette liste.
«J'ai bien compris que la défense voulait faire de moi un suspect», a réagi après l'audience M. Del Piccolo. «J'ai essayé d'être précis car j'ai compris que la stratégie de la défense était de semer le doute.»
«Je ne vois pas quel élément permettrait de soupçonner Arthur Del Piccolo», a abondé son conseil, Randall Schwerdorffer, réfutant l'idée que son client ait pu agir par jalousie. «La seule personne qui a fait preuve d'une jalouse exacerbée, c'est Nicolas Zepeda.»
Depuis l'ouverture il y a une semaine de son procès en appel à Vesoul, Nicolas Zepeda continue de nier toute implication dans l'assassinat de Narumi Kurosaki, brillante étudiante japonaise de 21 ans disparue le 5 décembre 2016 à Besançon. Il encourt la perpétuité. Le verdict est attendu en début de semaine prochaine.