L'espoir d'élucider une disparition, 17 ans après: les opérations de fouilles ont débuté lundi dans les Ardennes pour tenter de retrouver le corps d'Estelle Mouzin sur une ancienne propriété du tueur en série Michel Fourniret, qui a récemment avoué son meurtre.
Peu avant 14h30, des militaires et gendarmes ont commencé à débarquer du matériel de leurs véhicules devant l'ancienne maison de Michel Fourniret à Ville-sur-Lumes, près de Charleville-Mézières. Ils ont été rejoints à l'intérieur par les avocats de la famille d'Estelle Mouzin. Interrogés par l'AFP, ces derniers n'ont pas souhaité faire de commentaire dans l'immédiat.
Une cinquantaine de gendarmes et experts «pluridisciplinaires» sont mobilisés pour participer aux fouilles et sécuriser les abords de cette maison blanche, qui fut un temps occupée par la soeur du criminel, décédée en 2002.
Radiographier la cave
Régulièrement visitée par Michel Fourniret jusqu'à son arrestation en 2003, la propriété, vendue et aujourd'hui habitée, n'a encore jamais été fouillée. Lundi matin, militaires et gendarmes s'étaient succédé autour de cette maison, puis aux abords du Château de Sautou, autre ancienne demeure de Michel Fourniret située à une dizaine de kilomètres.
A Ville-sur-Lumes, la justice s'intéresse particulièrement à la cave, dont le sol autrefois constitué de terre aurait été recouvert de béton par «l'Ogre des Ardennes». Les enquêteurs, équipés notamment d'un géoradar, prévoient d'abord de «radiographier» le sol, avant d'envisager de creuser.
Selon des éléments des investigations dont l'AFP a eu connaissance, la justice exploite la piste d'un ticket de caisse, comptant quatre boîtes de pois cassés, retrouvé en perquisition chez Michel Fourniret. Il est daté du 11 janvier 2003, soit deux jours après la disparition d'Estelle Mouzin.
«Pertinent»
Questionné lors de son dernier interrogatoire, sur l'éventualité qu'il ait amené la fillette dans cette maison restée vide depuis le décès de sa soeur, «l'Ogre des Ardennes» avait répondu: «C'est tout à fait pertinent».
«Pas du tout improbable, seulement il faudrait mettre des images dessus et ce n'est pas évident, je suis paumé», avait ajouté l'homme aujourd'hui âgé de 78 ans, qui souffre de troubles de la mémoire.
Les fouilles pourraient se poursuivre au Château de Sautou, à Donchéry. C'est dans cette propriété isolée de quinze hectares qu'avaient été retrouvés en 2004 les corps d'une fillette de 12 ans et d'une jeune femme de 22 ans, sur indication du tueur.
«Piste numéro 1»
Décrit par l'expert psychiatre Daniel Zagury comme «le tueur en série français le plus abouti», Michel Fourniret avait été incarcéré pour la première fois en 1984, pour des agressions sexuelles sur une douzaine de jeunes femmes.
«Braconnier» obsédé par les jeunes vierges, il a été reconnu coupable en 2008 des meurtres de sept jeunes femmes ou adolescentes entre 1987 et 2001 et condamné à la perpétuité incompressible, avant d'être à nouveau condamné en 2018 pour un assassinat crapuleux.
En février 2018, il a avoué avoir tué deux autres jeunes femmes dans l'Yonne: Marie-Angèle Domece, disparue en 1988 à 19 ans, et Joanna Parrish, 20 ans, retrouvée morte deux ans plus tard.
Après des années de dénégations, il a reconnu début mars le meurtre d'Estelle Mouzin, neuf ans, enlevée le 9 janvier 2003 alors qu'elle rentrait de l'école à Guermantes (Seine-et-Marne).
«Il est possible que cette image m'indispose (...) et je reconnais là un être qui n'est plus là par ma faute», avait-il déclaré à la juge, chargée de l'instruction des trois dossiers. Mais «les circonstances, la suite, le déroulement, c'est dans les oubliettes», avait-il poursuivi, sans révéler l'emplacement du corps.
«Piste numéro 1» pour les avocats de la famille Mouzin, Michel Fourniret a plusieurs fois été soupçonné, puis mis hors de cause. Mais son alibi avait été contredit en novembre 2019 par son ex-femme Monique Olivier, énième rebondissement d'un dossier criminel hors norme.